© Dolorès Marat, La femme au sac à main, Charles-de-Gaulle-Étoile, tirage Fresson en quadrichromie, 1987 © Dolorès Marat / Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris.
Expositions du 28/9/2014 au 4/1/2015 Terminé
Galerie des bibliothèques 22, rue Malher 75004 Paris France
La galerie des bibliothèques présente 150 photographies et vidéos contemporaines issues des fonds des bibliothèques et musées de la ville de Paris. Une occasion de découvrir un fonds d'oeuvres majeures marquant un tournant décisif dans l'histoire de la photographie. Paris est au centre de cette exposition : les artistes s'emparent de la ville, et tentent d'en cerner les contours. Ils nous montrent des liens visibles ou invisibles entre la ville et ses habitants, entre espace intime et espace public, entre le centre et sa périphérie.Galerie des bibliothèques 22, rue Malher 75004 Paris France
L’exposition rend compte des regards singuliers portés par des artistes sur la capitale durant ces trente dernières années. témoignant autant des évolutions de l’image que des mutations urbaines et sociales, le parcours, qui s’inspire librement de l’ouvrage Les villes invisibles d’italo Calvino explore, en contrepoint, quelques grandes thématiques visuelles. Le territoire (parisien et métropolitain), l’espace (urbain et intime), la vie sociale (intégrée ou marginalisée), sont ainsi traversés, en toute liberté, par des photographes et vidéastes repré- sentés dans les collections de onze institutions de la Ville de paris : Musée d’Art Moderne, palais Galliera, Carnavalet, Bibliothèque Historique de la Ville de paris, Bibliothèque Marguerite durand, Maison européenne de la photographie, Fonds Municipal d’Art Contemporain, CentQUAtre, institut des Cultures d’islam, petit palais et Bibliothèque de l’Hôtel de Ville.
© Gabriele Basilico, Paris, tirage au gélatino-bromure d’argent viré au sélénium, 2002 © Gabriele Basilico
Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris
Parmi les œuvres exposées figurent des photographies et des vidéos d’artistes comme Chris Marker, stéphane Couturier, Valérie Jouve, Alain Bublex, Mohamed Bourouissa, Jane evelyn Atwood, philippe ramette ou patrick Faigenbaum. Les œuvres proviennent pour la plupart des musées, bibliothèques, fonds d’art contemporains, ou associations, très différentes dans leurs missions et leur mode de diffusion. elles ont été produites par 66 auteurs qui tous nous rendent visibles, à différentes époques et suivant diverses approches, des évolutions dans le domaine de la photographie.
Une commande passée par le Fonds Municipal d’Art Contemporain à une photographe, Mathilde Geldhof, qui met en avant les liens entre espace public et espace privé, renforce le propos de l’exposition et témoigne des tendances de la jeune photographie.
Note d’intention
La création photographique de ces trente dernières années, présentée à travers les collections photographiques ac- quises par les institutions de la Ville de paris, est révélatrice tant des multiples traits de l’évolution urbaine que des mutations de l’image. Au cours de cette période, celles-ci sont portées par des frontières de plus en plus floues entre la part de l’urbain et de l’intime, entre regards individuels et collectifs, ou encore entre travail documentaire et œuvre fictionnelle. Que ces images soient produites pour rendre visible un territoire spécifique ou qu'elles dévoilent des as- pects cachés de la ville et de ses alentours, elles se montrent à nous aussi comme autant de signes annonciateurs des transformations à venir.
© Jane Evelyn Atwood, L’Institut départemental des aveugles - Saint-Mandé, France, 1980, tirage au gélatino-bromure d’argent, 1980 © Jane Evelyn Atwood
Bibliothèque Historique de la Ville de Paris
Le parcours de l’exposition commence à l’orée des années 1980, moment historique porteur de nouvelles réflexions sur la place de la photographie dans le monde de l’art, qui, menées simultanément par les artistes, les his- toriens, les archivistes, et les collectionneurs, favorisent une réévaluation du patrimoine photographique en même temps que l’émergence de toutes nouvelles disciplines telles que la conservation-restauration des photographies. Le regard exclusivement iconographique posé jusqu’alors sur l’image s’enrichit dès lors d’une dimension supplémen- taire, associée à la notion d’objet patrimonial : l’intégration de la photographie dans le champ des biens culturels s’as- sortit en effet de la prise en compte de la très grande diversité de fonctions et d’usages des images autant que des aspects liés à l’authentification, à la datation et à la caractérisation des techniques et des dispositifs employés par leurs auteurs. À la photographie analogique, produite par un tracé sur un support photochimique, longtemps appré- hendée pour sa seule capacité à reproduire fidèlement le réel, s’est adjointe progressivement, à partir des années 1990, l’image numérique, créée, stockée ou acquise sous forme binaire. Cette dernière, en induisant des transforma- tions sociologiques profondes, a permis de développer d’autres pratiques qui, parce qu’elles sont basées sur des méthodes informatiques et manipulables par ordinateurs, sont perçues comme donnant libre cours à l’imaginaire. La mort annoncée de la photographie n’a pas eu lieu et les historiens se sont penchés progressivement sur les boule- versements des notions traditionnelles liées à une image brouillée entre le vrai et le faux ou l’original et la copie par exemple.
© Philippe Ramette,
Contemplation irrationnelle,
tirage couleur à développement chromogène, 2005,
150 x 125 cm, ADAGP / MEP © ADAGP 2014
Au tournant du xxie siècle, il n’est donc pas étonnant que l’on assiste à une réintégration de la pratique photographique dans le domaine protéiforme de l’art. Les images produites aujourd’hui sont emblématiques, à travers la grande multiplicité des dispositifs mis en œuvre, du caractère foisonnant de la création actuelle. Un dialogue s’établit entre intériorité des personnages et signes extérieurs, des connexions se créent entre ce qui est montré par l’artiste et ce qui, bien que dissimulé, demeure accessible à l’imaginaire du public. paris n’est plus montré comme une entité monumentale, fixe et figée, mais comme un territoire ouvert sur de multiples questionnements. Les interrogations des artistes – photographes, vidéastes ou performeurs -, semblent alors remettre sans cesse sur le motif un hors champ proche de l’image, qu’il appartient au spectateur de reconstituer librement. dans une logique de déambulation poétique, la présence de ces hors champs temporels, spatiaux ou fictionnels a présidé au choix des œuvres, tout autant que le cadrage retenu par leurs auteurs. Leur travail explore les liens entre mémoire et projections visionnaires sur la ville, intériorité et extériorité des êtres rencontrés ou mis en scène, entre centres et périphéries, lieux chargés d’histoire et non lieux abandonnés par les habitants, tous montrés comme autant de cartographies réelles ou imaginaires de paris.
Anne Cartier-Bresson Conservatrice Générale du patrimoine - directrice de l’ARCP
© Stéphane Couturier, 104 rue d’Aubervilliers - Paris 19,
Photographie n°1, tirage à développement
chromogène, 2008 © Stéphane Couturier / CENT QUATRE -
Établissement artistique de la Ville de Paris