Rien dans l'enfance ni dans le milieu familial de François Le Diascorn ne le destinait à suivre une route artistique, au contraire, sur les conseils de son père professeur, il s'oriente vers un futur sage et prospère via Sciences-Po. Mais le sens qu'il a toujours eu de l'irréalité de la vie le détourne de cette voie. Enfant, il pensait que le monde n'était peut-être que la création de son propre cerveau.
Tout a basculé pour lui lors d'un voyage à 17 ans en Egypte quand il rencontra un autre voyageur comme lui, qui l'initia à la photographie. Pierre Marc Richard qui allait devenir, par la suite, un spécialiste de la photographie du XVIIIIe siècle. Suivit un autre voyage en Inde en 1969, puis un deuxième dans le même pays, deux ans plus tard. Tous ces voyages ont stimulé une passion naissante, celle de capturer en images l'irréalité du monde, ce dont il avait été conscient dès l'enfance, et qui, comme une thérapie, lui permet paradoxalement de vérifier la réalité du monde à travers l'objectif de l'appareil. Il achète ses premiers appareils photo en 1971 pour son deuxième voyage en Inde, et depuis il ne les a plus quittés, sauf pour dormir, et encore : ses appareils sont toujours à côté de son lit et lui servent d'oreiller s'il doit rester dans un hôtel borgne. Il a aussi à son chevet un carnet où il enregistre ses rêves (souvent photographiques).
Il a toujours initié et choisi lui-même ses sujets—ce qui signifie à l'acceptation d'une certaine frugalité d'existence. Un tel acharnement à recréer le monde à l'image de sa vision se paie par une certaine solitude, et cela a été le cas pendant une partie de sa vie. Les images rigoureusement composées de François Le Diascorn résultent d'une nécessité passionnée de créer qui n'a rien à voir avec la mode, le succès ou l'argent. Il continue, comme les parents tsiganes qu'il a eu en imagination, à traverser la terre, sac à dos, dormant dans une tente ou à l'arrière de sa voiture et photographiant tout ce qu'il rencontre sur la route mais avec une prédilection pour certains sujets : animaux magiques, bêtes de la mer, Bouddhas et Christs, anges et démons, hôpitaux et carnavals, arbres semblables à des humains, et hommes qui ressemblent à des arbres, enfants et nuages, animaux écrasés, moines et bergers ainsi que ses villes ou pays fétiches : Paris, Venise, Bénarès, l'Inde, l'Egypte, la Grèce.
C'est a travers son troisième œil, l'objectif photographique, que François Le Diascorn essaie de comprendre le pourquoi et le comment de l'existence, spécialement de la sienne, en capturant et en montrant la beauté et l'étrangeté du monde. Sa vie est un voyage permanent qui le mène d'un rêve éveillé à l'autre, une quête des messages transparents et fugitifs de l'existence.
Il a reçu nombre de récompenses et de bourses (en particulier une bourse de recherche et de création du Ministère de la Culture pour un voyage d'un an aux USA et une bourse Léonard de Vinci pour un projet au Japon). Ses photos ont été montrées dans de nombreux musées et galeries en Europe et en Amérique et sont entrées dans les collections d'institutions telles que la Fondation Cartier, la Bibliothèque Nationale, le Centre National des Arts Plastiques, la Maison Européenne de la Photographie, le Centre Pompidou, le Musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône, le Musée Réattu à Arles….
english Version
Nothing in François Le Diascorn's background indicated the artistic road he was ultimately to follow (rather, he was directed toward a safe and prosperous future via the Institut d'Etudes Politiques by his professor father) except for the sense he often had of the dream-like nature of existence, of its unreality. (As a child he believed the world had come from his own thoughts and that if he stopped thinking about it, it could disappear!). But his destiny swerved as a result of a trip to Egypt when he was about 17 where he met another young traveler who introduced him to photography (Pierre Marc Richard who ultimately became an expert on 19th century photography), and with a subsequent trip to India in 1969 and a return trip in 1971, trips which stimulated a budding passion: to try to capture in images that dream-like nature of existence he'd always been conscious of as a child—thus keeping the world real by his vision of it—and which he began to see more clearly as he gazed through a camera lens. He purchased his first cameras for that 1971 trip and since then is to be found without them only when sleeping, and even then, his cameras are in a bag just next to his bed (or sometimes IN it if he is on the road in a questionable hotel!) should he need them to record the dreaming nights as well as the dreaming days. (His dreams are often photographic ones!)
He has always chosen his own photographic subjects which means he has accepted a certain rigor of existence such absolute dedication to one's work, the work of recreating the world according to the artist's vision of it is often a solitary road and so his has been. François Le Diascorn's rigorously composed photography is a work of love and necessity, and whether considered fashionable or not, whether materially remunerative or not, like the imaginary gypsy parents he likes to say he had, he continues to unceasingly travel the world, knapsack on his back or sleeping in his tent or in the back of his car, photographing whatever he meets of interest on the road but with a predilection for certain subjects: magical animals, creatures of the oceans, Buddha and Christ, angels and demons, hospitals and carnivals, trees and tree people, children and clouds, monks and shepherds, his fetish cities and countries Paris, Venice, Sète, Varanasi, Egypt, India, Greece. It is through his third camera eye that François Le Diascorn tries to understand the how and why of existence, particularly his own, through capturing and transmitting the beauty and the strangeness he encounters. His life is a never-ending journey which leads him from one waking dream to another: solitary quest of the transparent and fugitive messages of the world.
He has received a number of awards and grants for his work, among them a national grant for research and creation (for a year in the United States) and a Leonardo da Vinci grant (for a project in Japan). His photographs have been shown in museums and galleries in Europe and the United States and are in a number of collections including that of the Cartier Foundation for Contemporary Art, the Paris Bibliothèque Nationale, the French National Center of Plastic Arts, the European Center for Photography in Paris (MEP), le Centre Pompidou in Paris, the Nicephore Niepce Museum, the Réattu Museum in Arles….
In 1978, he joined the VIVA photo agency. In 1986, he became a member of Rapho Photo Agency.