KOOS BREUKEL - Katharina Türler, étudiante, 1996. Collection MEP, Paris. © Koos Breukel Œuvre acquise grâce au soutien de la Fondation Neuflize Vie.
Commencée il y a plus de 35 ans, la collection de la MEP compte à ce jour 21 000 oeuvres environ. En voir une infime partie, c'est déjà en voir beaucoup.
A la Chapelle du Méjean, on révisera ses classiques, tandis qu'à Saint-Laurent Le Capitole, on fera face à des œuvres plus contemporaines. En deux actes, pas un drame, ni une comédie, plutôt un dialogue savoureux entre les photographes les plus talentueux.
William Klein, Cowhey Marine, janvier 1955. Collection MEP, Paris. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
ACTE I
Les trois coups ont été frappés en février 1996, l'année de l'inauguration de la Maison européenne de la Photo à Paris. Pour l'occasion, son directeur Jean-Luc Monterosso commande un portrait dessiné de Robert Frank par Hucleux d'après une photo de Marc Trivier. Les deux sont là. Troublant mimétisme, entre mine de plomb et mine ahurie.
Plus loin, le génial Avedon a photographié deux icônes américaines. As-tu vu la rose dans la poussière de l’acier (ou du duvet de cygne) ? écrivait l'une d'elle, Ezra Pound. Les mots vont bien à la seconde, Marylin. Les deux gueules maudites sont extraites de l’ouvrage Observations en collaboration avec le non moins maudit Truman Capote. C'est comme revoir la série The Americans de Robert Frank ou les mains de Miles Davis saisies par Irving Penn, un pur moment de bonheur !
A l'étage, un peu de souffre, un peu de sexe, un peu de Goldin, de Larry Clark et son Tulsa, d'Anders Peterson et son bordel de Hambourg, ou d'Araki, à l'époque où son sentimentalisme érotique et morbide avait encore du sens, du souffle et de la beauté (Sentimental Journey/ Winter Journey). A côté des sales gosses, Depardon, Sternfeld ou Nixon et ses Brown Sisters nous paraissent bien sages. Pas inintéressants pour autant.
Raymond Depardon
4 juillet 1981, New York, extrait de “Correspondance new-yorkaise” Collection MEP, Paris
© Raymond Depardon / Magnum Photos
ACTE II
La Mexicaine Teresa Margolles prend en photo des draps imbibés de sang. Celui de son pays qui n'en finit pas de se tirer une balle dans le coeur, au fil des injustices, des crimes de masse et de gang mafieux toujours plus puissants. http://fr.actuphoto.com/33116-colere-des-mexicains-face-a-l-assassinat-du-photojournaliste-ruben-espinoza.html".
A côté de l'univers trouble d'Antoine d'Agata, des cours intérieures de Marie Bovo ou des clichés solaires de la Néerlandaise Vivianne Sassen, on s'attarde sur une brêve correspondance photographique entre Martin Parr et Henri Cartier-Bresson. Amusant. Mais le plus drôle dans l'histoire, c'est l'insolent Duane Michals et sa série The Fart des fleurs (1992) dont le nom dit tout ou presque.
MARIE BOVO
Cour intérieure, 30 août 2008
Collection MEP, Paris.
Œuvre acquise grâce au soutien de la Fondation Neuflize Vie.
© Marie Bovo / Courtesy the artist & kamel mennour, Paris.
Emilie Lemoine