Klavdij Sluban

Klavdij Sluban

#Photographe
Klavdij Sluban est né le 3 mars 1963 à Paris, en France
Klavdij Sluban est photographe, de ceux qui savent poser leur regard. Il prend le temps d'arpenter le détail - une bassine recomposée de poissons, des journaux collés derrière une vitre -, de l'encadrer sur son film, avant de suivre la ligne d'un chemin de fer qui croise à son tour celui d'un passant à peine tangible.
Il déambule et son cheminement photographique rend compte de Paradise lost, de Balkans [en] transit, de traversées sur les pourtours de la mer noire, de contrées lointaines aux confins de l'Asie.
« Voyageur hors saison », Klavdij Sluban, tire doucement le film de rencontres humaines fortes qui ne concèdent rien à l'événement médiatique. Les visions nocturnes d'Ukraine, de Géorgie ou de Russie, les paysages humains immergés, les silhouettes et décors parfois cinématographiques entraperçues au travers de vitres ou de pare-brises sont autant de regards posés au hasard que d'échos à des inquiétudes précises. Des silhouettes enfantines accrochées à un tourniquet s'encadrent ainsi dans un paysage enneigé sur les bords de la mer noire. L'image est poétique et les figures, vues de loin, semblent se mouvoir comme des ombres qui sortiraient de terre.

Franco-slovènes, les ancrages de ce photographe sont mouvants. « Pas à pas, - nulle part - nul seul - ne sait comment - petits pas - nulle part - obstinément ». Les mots de Samuel Beckett qui accompagnent ses images parsèment de correspondances littéraires les itinéraires de ce photographe aux « semelles de vent » qui a accompagné à maintes reprises la route et les textes de François Maspero. Klavdij Sluban fait des images comme un voyageur inquiet découvrirait des réalités personnelles. Ces « temps morts » comme les définirait Raymond Depardon n'ont rien d'extra-ordinaires. Ils appartiennent au contraire à cet infra-ordinaire qui constitue, pour celui qui pose son regard sur des visages et des détails de l'histoire, une approche juste du monde qui l'entoure.

De plusieurs voyages dans les Balkans entre 1992 et 1997, il a ramené des images qui n'ont que l'apparence de l'anecdote. Elles témoignent et servent le texte de François Maspero avec une complicité qui ne se donne qu'à ceux qui partagent une même approche du monde. Regards humanistes qui prévalent dans un monde décalé où l'empreinte du passé affleure de manière assourdissante. Ses images de Paradise Lost, résultat de quatre années de travail à Cuba, rendent compte, sans concession aucune, d'un regard qui découvre l'altérité. La rencontre est première et invite à l'échange au travers d'un quotidien où les évidences n'ont pas besoin d'êtres dites, où les conditions de vie se décomposent dans le cadre d'un regard sensible, inquiet, juste et profondément humain.

Transverses sont autant d'images qui traversent la mémoire du temps présent de terres approximatives où ce « voyageurs hors saisons » à poser ses pas. L'invitation au voyage est suggérée, même si les inquiétudes affleurent. Que celui qui voudra bien en apercevoir les empreintes essaye de le suivre.