Expositions du 21/09/2005 au 26/11/2005 Terminé
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France
Lauréat du prix Niépce (2000) et du prix Leica (2004), Klavdij Sluban, photographe français d'origine slovène établi à Paris, poursuit, à 42 ans, l'approfondissement d'une oeuvre rigoureuse et cohérente.
Initié aux subtilités du tirage noir et blanc auprès de Georges Fèvre, titulaire d'une maîtrise de littérature anglo - américaine, il renonce progressivement à l'enseignement pour se consacrer exclusivement à la photographie.
Souvent emprunts de références littéraires (Beckett, Milton), les nombreux voyages photographiques de Sluban ne sont pas guidés par l'actualité chaude et immédiate. La mer Noire, les Caraïbes, les Balkans, la Russie, peuvent se lire chez lui comme les cycles d'approfondissement successifs d'une proximité patiente aux réalités rencontrées. Ses noirs profonds, ses silhouettes à contre-jour confèrent à son écriture photographique une droiture et une justesse exemptes de tout didactisme ou exotisme.
Balkans Transits, qu'il publie avec François Maspero, est distingué par le prix RFI 1997. Depuis 1995, Klavdij Sluban, quand il ne voyage pas, anime des ateliers photographiques auprès de jeunes détenus. Cet engagement commencé en France (Fleury-Mérogis) avec le soutien d'Henri Cartier Bresson, Marc Riboud et William Klein, s'est poursuivi dans les camps disciplinaires et centres de détention des pays de l'Est (Ukraine, Géorgie, Moldavie, Lettonie), y compris dans les enceintes disciplinaires de Moscou et de Saint-Pétersbourg.
Familier des lieux de la détention et partenaire des acteurs qui les peuplent, Sluban déploie photographiquement la problématique des espaces clos et des horizons contraints et nous fait éprouver les fractures d'un enfermement que redouble l'intériorisation des perceptions.
"Mon approche photographique des adolescents en milieu carcéral n'est pas exhaustive. Bien que entièrement investi dans ces projets, je ne suis pas un “professionnel des prisons”. Avant de commencer cette série, je me suis posé la question des victimes. N'est-ce pas de ce côté-là qu'il faudrait proposer une aide en priorité ? Mais justement, ma démarche ne se situe pas au niveau de l'aide. J'offre, sans compassion aucune, à un groupe d'adolescents de partager un bout de chemin photographique parce que mon approche est avant tout et par-dessus tout artistique. Cette compression de l'espace-temps en prison est au coeur de mon propos. Quant à se demander si la prison rend meilleur… A l'heure qu'il est, un groupe de jeunes doit être en train d'apprendre à poser du carrelage dans un des ateliers du CJD (Centre des Jeunes Détenus de Fleury-Mérogis) qu'ils vont devoir détruire à la fin de leur stage afin de permettre à un nouveau groupe de jeunes d'apprendre à poser du carrelage qu'ils vont détruire à la fin… etc…
Le point commun entre la France, l'ex-Yougoslavie et l'ex-Union-Soviétique ? J'en parle quelques langues. Ce qui me permet de faire tous ces ateliers photographiques en prise directe avec chaque personne rencontrée.
Une fois la curiosité suscitée par le visiteur de passage disparue, je reste pour essayer de voir là où il n'y a rien à voir en apparence : ce temps qui s'effiloche, ce calme plat de la non-espérance. Ce rythme bien précis des repas, des promenades, des jours de visite… dont le souvenir se superpose à mon quotidien d'homme libre."
Klavdij Sluban
© Klavdij Sluban
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France