Olivier Culmann

Olivier Culmann

#Photographe
Né en 1970
Olivier Culmann porte un regard sur le quotidien de nos existences, rejetant le
spectaculaire et l'exceptionnel. À l'événement, il préfère la banalité, choisissant des
sujets qui le perturbent ou l'emmerdent pour y interroger les systèmes qui nous
conditionnent.
Comme le système scolaire qu'il explore, avec le photographe Mat Jacob dans Les
Mondes de l'école, projet qui les emmène dans une vingtaine de pays entre 1993 et
1999. Comme l'armée, qu'il traite avec une subjectivité ironique et revendiquée dans
Une Vie de poulet où il associe militaires et élevages de volailles.
À New York, aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, fuyant l'irréalité
des images médiatiques, il se tourne vers les Américains qui regardent, stupéfaits, le
lieu du drame. Plutôt que la vaine tentative de capter le réel, le photographe en saisit
ici la perception.
Plus tard, c'est sur un autre type de regard qu'Olivier Culmann pose son subjectif :
celui des téléspectateurs, passifs, devant leur poste de télévision. Travail qui l'a amené
à vivre successivement au Maroc, en Inde et aux États-Unis entre 2004 et 2006.
« Conditionnant » nos existences, le temps est également un facteur présent dans
un grand nombre des travaux du photographe : sa série Atlantiques rythme une
traversée de l'océan sur un porte-conteneurs ; en Inde, son travail Intouchables saisit
la vieillesse ; ses photos de villes fantômes de Namibie captent, elles, les vestiges d'un
temps perdu.
Malgré le sérieux des sujets qu'il aborde, le travail d'Olivier Culmann frôle
souvent l'absurde et le dérisoire. Une pointe d'humour pour dire le besoin de ne pas
trop se prendre au sérieux.
Dans le cadre des 20 ans de Tendance Floue, Olivier Culmann expose, à l'Hôtel de
Sauroy, « The Mid Road », une traversée nord-sud des États-Unis.
1993-1999 : réalise, avec le photographe Mat Jacob et à travers une vingtaine de pays,
le projet Les Mondes de l'école qui obtient en 1997 la Villa Médicis Hors Les Murs.
2001 : Les Mondes de l'école, aux éditions Marval, et Une Vie de poulet,
aux éditions Filigranes.
2003 : reçoit le Prix SCAM Roger Pic pour son travail réalisé à New York en 2001
suite aux attentats du 11 septembre.
2004 - 2006 : vit au Maroc, en Inde et aux États-Unis pour le projet « Télé-Spectateurs »
qui obtient en 2008 un World Press « Sujet contemporain ».
2009 : s'installe en Inde.
2011 : Télé-Spectateurs, aux éditions Textuel, et commissaire en Inde pour Photoquai,
biennale organisée par le Musée du Quai Branly à Paris.

Les photos d'Olivier Culmann posent avec humour ses interrogations angoissées. Sur le fil d'une subjectivité revendiquée s'égrainent les questions récurrentes de la liberté humaine et de son conditionnement. Au Maroc, en Inde, aux Etats-Unis et en France, il mène un travail sur la télévision. Observant les gens regardant leur écran. Dans une démarche anti-ethnographique, il interroge avant tout ce mystère: qu'adviendra-t-il de nous après ces milliers heures passées dans l'hypnose cathodique ?
C'est la même forme photographique qu'il utilise pour fixer l'évolution du regard des new-yorkais sur les ruines du World Trade Center aux lendemains du 11 septembre. Pendant sept ans, il parcourt la planète pour photographier «Les mondes de l'école», en collaboration avec Mat Jacob. Un travail sans réponse sur l'institution scolaire. Des questions plutôt: à quels carcan l'école nous attache-t-elle? Quels outils de liberté nous offre-t-elle? Avec «Une vie de poulet», il croise deux lignes définitivement droites: les chaînes industrielles de volailles et les rangs serrés des derniers appelés à l'entraînement.
Entre ces résonances, un écho plus intime se glisse. «Atlantiques», «Intouchables», et une série sur les villes fantômes en Namibie, guettent le temps qui passe à travers le voyage d'un cargo et de ses containers, la vieillesse d'hommes et de femmes de basses castes en Inde et les ruines ensablées d'anciennes colonies allemandes.

Photographie : © Olivier Culmann par Vandana Studio