Pavillon Carré de Baudouin 119-121, rue de Ménilmontant 75020 Paris France
La mairie du 20e arrondissement de Paris présente au pavillon Carré de Baudouin Watchers – Photographies de Olivier Culmann à l ’occasion du 20 anniversaire du collectif Tendance Floue auquel appartient ce photographe de renom. Cette exposition rassemble deux séries : Autour, New York 2001-2002 (prix Scam Roger Pic en 2003) et Watching TV (3e prix World Press Photo en 2008).
Olivier Culmann photographie les spectateurs du monde. Le contre-champ est sa position d’observateur. En fixant les gens regardants, il s’interroge sur les écrans, réels ou mentaux, qui se glissent entre eux et leur perception du réel.
Les images des attentats du 11 septembre 2001 furent un déclencheur. À travers la brutalité télévisuelle, la dimension de la catastrophe restait confinée dans l’ordre du fictif et de l’impensable. L’irréalisable de l’événement le rendait irréel. Il scrute alors les visages des passants autour des ruines du World Trade Center. Eux-mêmes tentaient de vérifier l’anéantissement. En tournant volontairement le dos au lieu de l’attentat, Olivier Culmann choisit de photographier le reflet de leurs doutes sur cette réalité. Il explore le hors champ de la catastrophe, la répercussion de l’actualité et sa résonance sur les vivants.
Quelle fut-elle à 10 000 kilomètres de là, filtrée par la phosphorescence des tubes cathodiques ? La sidération se dilua-t-elle, parmi d’autres sentiments, dans la succession d’images, dans le pêle-mêle d’informations et de feuilletons, venus de l’autre bout de la planète ou du bas de chez soi, déballés sous des yeux anesthésiés ?
En photographiant les corps lovés puis affaissés, les visages sommeillants des téléspectateurs, Olivier Culmann pose la question de la réception. Car c’est désormais dans cette passivité quasi-immobile, dans cet engourdissement de la pensée que nous recevons le monde entier. Pas le monde réel mais une image du monde, parfois fantasmée. Dans ce temps mort de l’existence qui dure quelques minutes ou plusieurs heures, notre idée du réel se forme. Nos a priori s’effondrent, d’autres les remplacent. Nous recevons des nouvelles des autres.
Face au téléviseur, nous avons l’impression de les connaître.