Kikwit, RD Congo, 1986 © Pascal Maître / Agence Cosmos
Pascal Maître, Afrique(s)
Photojournaliste chevronné, Pascal Maître a couvert de nombreux terrains de conflit. Au départ photojournaliste pour le groupe Jeune Afrique, il rejoindra en 1984 l'équipe de Gamma, puis, en 1989, co-fonde l'agence Odyssey Images. Aujourd'hui, il est représenté par l'agence Cosmos.
« J'ai travaillé à Jeune Afrique pendant 3-4 ans, j'ai passé beaucoup de temps en Afrique. Jeune Afrique est une bonne école, j'ai tout de suite voyagé avec des journalistes africains. J'ai toujours été fasciné par la couleur, la peinture, donc tout doucement, ça s'est affiné. Evidemment, le continent africain est un environnement où la couleur est très présente, ça m'a permis d'être en adéquation avec ce que je ressentais, et tout ça s'est mis en place. »
RD Congo, 2002 : Enfants danseurs de l'ethnie Yaka du Bandundu dans le quartier de Massina, à Kinshasa. Avec la guerre, des personnes originaires de toutes les régions du Congo sont venues s'entasser dans la capitale. Ils ont apporté avec eux leurs traditions et continuent à les faire vivre © Pascal Maître / Agence Cosmos
Ainsi, l'Afrique tient une large place dans la carrière de Pascal Maître. Le choix de Jean-Luc Monterrosso, directeur de la Maison européenne de la photographie, s'est de fait porté sur ce vaste sujet pour son exposition « Je lui avais apporté un travail plus large, car j'ai beaucoup travaillé sur l'Afghanistan, la Sibérie, mais il a été particulièrement intéressé par mon travail sur l'Afrique, car il y a deux ans, j'ai fait un gros livre sur l'Afrique, et Jean-Luc Monterrosso souhaitait garder l'esprit de ce livre pour la MEP. Je lui apporté une centaine d'images, et nous avons fait ensemble un choix, qui abordait les différents thèmes de l'Afrique, paysages, conflits, traditions, vie quotidienne ect, mais en mettant plus en avant l'aspect couleurs, graphique. Nous avons fait le choix ensemble, et ça m'a beaucoup intéressé, car j'avais un point de vue extérieur de quelqu'un qui travaille dans une institution, alors que je baigne dans la presse. »
RD Congo, 2012 : Kinshasa. Le rond point Ngaba est un des plus animés de la capitale qui compte 10 millions d'habitants © Pascal Maître / Agence Cosmos
Ainsi, Afrique(s) a la particularité de présenter un travail de photoreportage, mais dans le cadre d'une institution muséale : la scénographie de l'exposition colorée et attrayante, met en scène les images fortes de Pascal Maître : « Cette exposition est une grande chance, cela me permet de montrer l'Afrique à un autre public, différent du mien qui est celui de la presse. Dans la presse, l'impact est très important. Par exemple, lorsque je réalise un reportage sur Kinshasa pour le National Geographic, c'est vu par 45 millions de personnes dans le monde, ce qui est extraordinaire. Ici, à la MEP, on rentre dans autre chose. Nous avons essayé de ne pas être trop "muséal", c'est à dire de garder quelque chose en rapport avec le magazine, d'où l'accrochage, les peintures, la scénographie. »
Véritable coup de cœur de cette programmation de rentrée, l'exposition de Pascal Maître présente le photojournalisme autrement, et saura conquérir le cœur exalté du public.
François Lagarde, Portraits
Au sous-sol de l'antre de la photographie, les « Portraits » de François Lagarde ornent fièrement les murs. L'introduction à l'exposition, plonge le spectateur dans ce qui va suivre, avec humour : « A 12 ans j'avais décidé d'être photographe sans appareil photo ni labo. A 14 ans j'eus, grâce à mon parrain suisse, mon premier Agfa avec trois vitesses : pose, 1/3 et 1/100. A 15 ans, mon premier agrandisseur pouvait trôner dans la salle de bain. Un rêve devenait réalité, mais ma scolarité était un désastre. J'étais nul en orthographe. Le record atteint de quarante fautes par page, m'avait valu une année de rééducation avec une psychologue. C'était grave et autour de moi je n'entendais que cette litanie : « il fait des fautes d'orthographe, il fait des fautes d'orthographe... »
De ce refrain, mon oreille ne retint que fautes au graphe. Je ne vois que cette explication à ce désir précoce. En classe de seconde, au Havre, je montais le premier labo-photo du tout nouveau lycée mixte Claude Monet. En première, j'avais une formidable prof de math. Quand elle voyait que je m'ennuyais un peu trop, elle m'autorisait à quitter le cours pour rejoindre le labo ! Impensable, il me semble, aujourd'hui. »
Brion Gysin, Paris, 1976 © François Lagarde / Agence Opale
Maurice Roche, Paris, 1978 © François Lagarde / Agence Opale
L'exposition de François Lagarde présente des images presque exclusivement en noir et blanc : Rolland Barthes, Denis Roche ou encore Albert Hofmann sont tous passé au crible de l'objectif du photographe.
Tim Parchikov, Suspense
Au premier étage, Suspense de Tim Parchikov rassemble des images présentées dans des caissons lumineux. Mystérieuses et captivantes, Tim Parchikov « voit le monde en tranches et en épisodes, et ses tonalités de couleur illuminent le quotidien et nous montrent le monde tel qu'on le soupçonne, en soulignant son étrangeté et la beauté souvent négligée. » écrit Ami Barak. Une exposition plongée dans une semi-obscurité, dans laquelle le spectateur erre au gré d'un esthétisme hors pair, immergé dans sa propre rêverie.
Cologne, 2007 © Tim Parchikov
Toscane, 2008 © Tim Parchikov
René Burri, Mouvement
La visite se poursuite avec les images de René Burri. Membre de l'Agence Magnum depuis 1959, le photographe de 81 ans présente, dans cette exposition, une sélection d'images liées au mouvement. Passionné de cinéma, les photographies exposées ici suivent la fascination de René Burri pour le mouvement, qui suit la carrière, riche - et non des moindres -, du photographe.
Métro, Séoul, Corée du Sud, 1987 © René Burri / Magnum Photos
« Dans la vie et l'oeuvre de René Burri, (…) tout est mouvement. En premier lieu, on pense aux innombrables voyages qu'il n'a cessé d'effectuer, poussé par sa curiosité insatiable, depuis le milieu des années 1950. (…) Mouvement évoque aussi la dynamique intérieure caractérisant nombre de ses photos, due notamment à la mobilité du petit format, dont les vibrations reflètent avant tout l'émotion de l'instant. Enfin, Mouvement fait écho à la passion de Burri pour le cinéma, l'image en mouvement. Le titre de cette exposition n'est donc pas seulement une belle métaphore, il constitue le fil conducteur permettant de déchiffrer une œuvre, en couleurs et en noir et blanc, qui compte parmi les plus grandes contributions à la photographie du XXe siècle. » Hans-Michael Koetzle
Pablo Picasso, Cannes, France. Villa « La Californie », 1957 © René Burri / Magnum Photos
Keiichi Tahara, Sculpteur de lumière
Né le 20 août 1951 à Kyoto, au Japon, Keiichi Tahara s'installe à Paris en 1973. Cette époque marque ses débuts dans la photographie. En effet, au départ producteur et caméraman, l'artiste réalisait des films d'essais et de recherche.
Appartement avenue Alphand 94160 St Mandé série fenêtre 1973-1982
n°inv : FNAC 94528
Centre national des arts plastiques © Keiichi Tahara
Joseph Beuys
Visagéité, 1978-1988 © Keiichi Tahara
Une exploration silencieuse, onirique, dans l'univers mystérieux de Keiichi Tahara.
Anastasia Khoroshilova, Vieille Actu
Jeune photographe russe, née à Moscou en 1978, Anastasia Khoroshilova s'intéresse de près à la mémoire collective. Ainsi, l'exposition qu'elle présente à la Maison européenne de la photographie s'interroge sur la mémoire collective et individuelle, comme le décrit le texte d'ouverture de l'exposition : « Il y a tout juste 10 ans, entre le 1er et le 3 septembre, Beslan devient subitement une scène médiatique internationale. Plus de 1000 personnes (enfants, parents et corps enseignant) sont détenus en otages par les séparatistes tchétchènes. 344 d'entre eux périront, dont 186 enfants. De cet événement surmédiatisé en direct et dans les jours qui suivirent, que reste-t-il ?
Comment la compassion et l'empathie laissent-elles place à l'oubli ? »
Kokoeva, Starie Novosti, 2010 © Anastasia Khoroshilova
Khutsistova, Starie Novosti, 2010 © Anastasia Khoroshilova
Tout autant de questions auxquelles l'artiste tente de répondre dans une série de portraits touchants qui, incontestablement, ne laisseront pas le spectateur de marbre.
Claire Mayer