Denis Dailleux. Ahmed à Sakkara, Egypte
Galerie 127 Marrakech 127, avenue Mohamed V Marrakech Maroc
« À la question "Pourquoi je filme ?" qu’il s’était lui même posé dans un texte aux allures de poème, le cinéaste Jacques Demy a répondu dans une anaphore "Parce que c’est blanc / Parce que c’est noir et bien d’autre choses encore". La phrase qui sonne juste pour le texte libre, répond avec clarté et évidence au sens de cette exposition, comme si chacun des photographes montrés eût réduit le même poème à ce seul passage, en se demandant cette-fois là "pourquoi je photographie ?"
Et comme par un même battement de coeur, une passion en partage, l’exposition s’arrime aux Rencontres photographiques d’Arles, du 1er juillet au 22 septembre 2013, "Arles in Black", qui questionne la place du noir et blanc aujourd’hui à travers nombre de jeunes auteurs.
© Carolle Bénitah. 1 Colostrom, série "ce qu'on ne peut pas voir"
Ainsi, "Parce que c’est blanc / Parce que c’est noir et bien d’autres choses encore" revisite le thème du noir et blanc en photographie dans un effort de restauration. C’est qu’il faut se défaire de certains poncifs de la réception de l’image photographique en noir blanc : la nostalgie, le passé, le souvenir, etc. qui en affectent la justesse.
Nous sommes aussi loin des diverses variations dans l’histoire de l’appréciation/dépréciation du noir et blanc, selon la mode ou selon les développements techniques en sein de la pratique. Le fameux "couleur versus noir et blanc" a perdu de son actualité.
© Daoud Aoulad-Syad. Zagora, juin 1990
En définitive, l’exposition plonge dans ce qui reste de ce noir et blanc dépouillé ; ce qu’en anglais l’on nomme "the core" (l’essence). En effet, le noir et blanc est une attestation de ce que l’image photographique véhicule d’irréel. C’est par le noir et blanc que se renforce la composition. C’est d’ailleurs par ce même noir et blanc que se défait le noir et blanc dans les photographies où finalement rien n’est totalement noir et rien totalement blanc, mais écrit par la lumière dans la poudre des tons de gris. Et que dire, quand devant une de ces photographies "grises" l’imagination se met en branle et envisage la couleur ?
© Hicham Gardaf. Tangier Diaries 15
L’exposition qui réunit une vingtaine de photographes représentés par la galerie 127, mêle donc les genres et les époques, de la photographie conceptuelle à la photographie de reportage, en passant par la carte postale et... bien d’autres choses encore. » - Yvon Langue
© Flore. ne vois-tu rien venir Italie, 2012 série Les rêveries de Lavinia