© Nijinskipar Druet.
Expositions du 13/11/2012 au 17/2/2013 Terminé
BNF Bibliothèque Nationale de France - François Mitterrand quai François Mauriac 75013 Paris France
BNF Bibliothèque Nationale de France - François Mitterrand quai François Mauriac 75013 Paris France
La photographie en cent chefs-d’œuvre
Explorer la notion de chef-d’œuvre appliquée à un médium aussi foisonnant et divers que la photographie, tel est le propos de cette exposition qui dévoile cent images issues des collections de la BnF. Choisies pour leur beauté, la perfection de leur tirage ou leur provenance, ces pièces, toutes d’auteurs différents, composent un parcours où les grands noms de la photographie des XIXe et XXe siècles côtoient des anonymes.
« Choisir parmi les trésors photographiques que conserve la Bibliothèque est un exercice difficile auquel notre collection se prête avec bonheur. Photographies d’art, documentaires, scientifiques, images issues de fonds d’écrivains ou de savants, de fonds de journaux ou de théâtre, images de cinéma... aucune autre institution française ne rassemble une telle variété, des origines de la photographie à nos jours.»
Bruno Racine, président de la BnF.
De la plus ancienne pièce présentée, un essai de William Henry Fox Talbot de 1839, à la plus récente de la sélection, une image prise à Fos-sur-Mer en 1986 par Lewis Baltz, les cent photographies exposées questionnent le concept de chef-d’œuvre. Quelle photographie peut prétendre accéder à ce statut ? Une grande image d’un grand auteur ? Sans nul doute, mais tout autant une photographie scientifique qui atteint la perfection dans son domaine ou un tirage anonyme ancien qui anticipe de façon étonnante sur l’art des XXe et XXIe siècles.
Portraits, paysages, nus, reportages, publicité, photographie scientifique, tous les genres sont représentés à travers le regard de grands noms de la photographie : Eugène Atget, Félix Nadar, Frantisek Drtikol, Diane Arbus, Raoul Hausmann, Henri Cartier-Bresson, Man Ray, Franco Fontana, William Eggleston, Claude Levi-Strauss, Brassaï, Julia Margaret Cameron, André Kertesz, Bill Brandt, Gustave Le Gray, Gilles Caron...
Des photographies anonymes ou d’autres, plus étonnantes encore, réalisées par des écrivains tels Emile Zola, Victor Segalen ou Jacques Prévert font également partie des trésors sélectionnés pour l’occasion. La beauté formelle et la qualité du tirage - toujours exceptionnelle - font l’intérêt des photographies exposées, de même que leur mode d’entrée dans les collections de la Bibliothèque, qui participe de l’histoire de chaque image : don de l’auteur ou de sa famille, dation, acquisition parfois très précoce telle la photographie mythique de Mai 68 de Gilles Caron acquise en grand tirage dès septembre de la même année. Ces modes d’entrée sont en filigrane une histoire de la constitution de la collection de la BnF.
Loin d’écrire une histoire de la photographie, le parcours de l’exposition se déroule d’image en image au fil de rapprochements et de correspondances esthétiques et formelles. Ni chronologique ni thématique, la déambulation s’ouvre ainsi sur l’essai de Talbot de 1839 pour se clore au gré d’associations visuelles sur un autoportrait d’Emile Zola.
© Emile Zola.
Photographes exposés
Manuel Alvarez Bravo (1902-2002) James Anderson (1813-1877) Rogi André (1900-1970), Diane Arbus (1923-1971) Eugène Atget (1857-1927) Charles Aubry (1811-1877) Edouard Baldus (1813-1889) Lewis Baltz (né en 1945) George N. Barnard (1819-1902) Auguste Bartholdi (1834-1904) Ernest Benecke (1817-1894) Paul Berthier (1822-1912) Auguste Rosalie Bisson (1826-1900) Félix Bonfils (1831-1885) Arturo Bragaglia (1893-1962) Bill Brandt (1904-1983) Brassaï (1899-1984) Leonida Caldesi (1822-1891) Harry Callahan (1912-1999) Julia Margaret Cameron (1815-1879) Jean Carlu (1900-1997) et André Vigneau (1892-1968) Gilles Caron (1939-1970) Henri Cartier-Bresson (1908-2004) Désiré Charnay (1828-1915) Pierre-Joseph dit Aimé Civiale (1821-1893) Louis de Clercq (1837-1901) Charles Clifford (1819-1863) Jules Ferdinand Coste (1829-1873) Eugène Cuvelier (1837-1900) Edgar Degas (1834-1917) André-Adolphe-Eugène Disdéri (1819-1889) Frantisek Drtikol (1883-1961) Eugène Druet (1868-1917) Jean-Baptiste Henri Durand-Brager (1814-1879) et Lassimonne Louis Emile Durandelle (1839-1917) Eugène Durieu (1800-1874) William Eggleston (né en 1939) Constant Alexandre Famin (1827-1888) Pierre de Fenoyl (1945-1987) Franco Fontana (né en 1933) François Alphonse Fortier (?-1882) Robert Frank (né en 1924) Lee Friedlander (né en 1934) Luigi Ghirri (1943-1992) Joseph Philibert Girault de Prangey (1804-1892) Goplo (actif vers 1886) Maurice Guibert (1856-1913) Raoul Hausmann (1886-1971) Jean-Jacques Heilmann (1822-1859), Florence Henri (1893-1982) Emil Otto Hoppé (1878-1972) William Henry Jackson (1843-1942) Jules Janssen (1824-1907) Edouard Jarrot (1835-1873) André Kertesz (1894-1985) William Klein (né en 1928) Germaine Krull (1897-1985) Jules Laplanche Gustave Le Gray (1820-1884) Claude Levi-Strauss (1908-2009) Man Ray (1890-1976) Etienne-Jules Marey (1830-1904) Charles Marville (1813-1879) Paul Emile Miot (1827-1911) Curtis Moffat (1887-1949) et Man Ray (1890-1976) Robert de Montesquiou (1855-1921) Félix Nadar (1820-1910) Charles Nègre (1820-1880) Timothy O’Sullivan (1840-1882) Albert Peignot Pierre Louis Pierson (1822-1913) et Aquilin Schad (1817-1866) Philippe Potteau (1807-1876) Jacques Prévert (1900-1977) et Robert Doisneau (1912-1994) Tony Ray-Jones (1941-1972) Victor Regnault (1810-1878) Oscar Gustav Rejlander (1813-1875) Albert Renger-Patzsch (1897-1966) Louis Robert (1810-1882) James Robertson (1813-1888) Albert Rudomine (1892-1975) Gabriel Wassilievitch de Rumine (1840-1871) Auguste Salzmann (1824-1872) Victor Segalen (1878-1919) et Augusto Gilbert de Voisins (1877-1939) Victor Stribeck (1806-1869) Josef Sudek (1896-1976) Maurice Tabard (1897-1984) William Henry Fox Talbot (1800-1877) Arthur Taylor (1830-1873) Félix Teynard (1817-1892) Linneaus Tripe (1822-1902) François Tuefferd (1912-1996) Benjamin Brecknell Turner (1815-1894) Auguste Vacquerie (1819-1895) Othon von Ostheim Arthur Fellig dit Weegee (1899-1968) Gary Winogrand (1928-1984) Emile Zola (1840-1902)
© Arturo Bragaglia.
L’exposition
« Les chefs-d’œuvre sont des objets bienfaisants qui prennent sur eux, pour l’essentiel, la charge d’activer la relation esthétique et qui, de surcroît, nous persuadent qu’il leur est tout naturel de nous rendre ce service » Jean Galard, « Une question capitale pour l’esthétique » dans Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre ?, Gallimard, 2000.
Le propos de l’exposition
Cette exposition propose cent photographies provenant des collections de la Bibliothèque nationale de France. La plus ancienne image présentée est un essai de William Henry Fox Talbot et date de 1839, année de l’invention du médium. La plus récente est prise à Fos-sur-Mer en 1986 par Lewis Baltz dans le cadre de la mission de la DATAR.
Le propos de l’exposition n’est pas de présenter le florilège des cent plus belles photographies conservées à la Bibliothèque nationale de France. Ce serait irréaliste et singulièrement réducteur si l’on songe que c’est par millions qu’elles se comptent dans ses collections. L’ambition ne consiste pas non plus à proposer une histoire de la photographie en cent images. Pour offrir une découverte ou une redécouverte de la richesse et de la variété des collections photographiques de la BnF (cf p.9), les commissaires ont sélectionné cent images qui représentent chacune dans leur genre et à leur époque un moment de perfection de l’art photographique.
Les deux commissaires tentent ainsi en filigrane d’esquisser une définition de ce que peut être un chef-d’œuvre dans un médium aussi récent, foisonnant, divers que la photographie. L’exercice est délicat. Comment nommer les Joconde ou les Vénus de Milo de l’art photographique ? La comparaison de tous les livres qui ont tenté le classement de chefs-d’œuvre montre que finalement il y a assez peu de recoupements donc assez peu de consensus sur le sujet. Certains très grands photographes classiques ou contemporains restent finalement peu voire pas connus d’un large public tandis que d’autres, plus populaires, sont totalement absents des cimaises muséales. Chacun de nous possède donc un panthéon personnel, un musée imaginaire que n’est pas venu contraindre comme cela a été le cas pour la peinture ou la sculpture une classification amorcée depuis la Renaissance et enseignée à l’école.
Tout choix comporte évidemment une part d’arbitraire ou de goût personnel et l’on pourra s’étonner dans cette exposition de la présence ou de l’absence de tel ou tel auteur. Ni histoire de la photographie, ni florilège, l’exposition propose une réflexion stimulante, à travers cet exercice de sélection que l’on pourrait renouveler sans se répéter ni se contredire.
La seule concession faite à l’acception classique du chef-d’œuvre telle qu’elle a été définie au début du XIXe siècle, lorsque les grands musées des Beaux-Arts instruisaient le public en proposant une hiérarchie des œuvres et des auteurs que le temps avait décantés, est d’avoir pris du recul et de ne pas avoir choisi d’œuvre très récente ou d’auteur encore jeune. Nous ne présentons donc pas par exemple de chef-d’œuvre de la photographie numérique.
La notion de chef-d’œuvre est ici adaptée par les commissaires qui ont réfléchi à ce que cette catégorie pouvait signifier dans le domaine de la photographie. Il ne s’agit pas de proclamer un dogme en la matière mais de procéder par approximations successives. Les images proposées peuvent bien entendu appartenir à l’œuvre de grands auteurs comme Nadar, Atget, Brassaï, Diane Arbus, William Klein ou Man Ray. D’autres peuvent aussi avoir été sélectionnées dans l’œuvre de petits maîtres du XIXe siècle comme Heilmann, Stribeck, Berthier, Laplanche. Ou dans le registre de la photographie au service de la science comme celle de Marey, Janssen, Peignot, O’Sullivan qui a produit, on s’en aperçoit de plus en plus, de très grandes images. Ou avoir été faites par des auteurs célèbres par ailleurs mais qui ne sont pas d’abord photographes comme Edgar Degas, Emile Zola ou Victor Segalen.
Si on laisse de côté le critère de la beauté qui est bien trop complexe et subjectif pour être défini en quelques mots, un point commun de toutes les images choisies, est la qualité du tirage, toujours exceptionnelle. La date et la perfection du tirage sont un élément essentiel pour toutes les œuvres multiples comme le livre, la gravure, l’affiche et bien entendu la photographie. C’est ce qui fait toute la différence entre des œuvres que l’on pourrait croire identiques entre elles puisqu’elles ne sont pas uniques.
© Lewis Baltz.
Un autre point commun est le mode d’entrée dans les collections : il n’est jamais banal. Les photographies présentées ici ont été acquises auprès de leur auteur, données par lui-même ou ses descendants, proviennent du dépôt légal, ou encore se trouvaient dans de grandes collections qui sont entrées dans celle de la BnF. Elles ont pu arriver par dation, comme celles de Claude Lévi-Strauss ou Emile Zola. Elles ont pu faire l’objet d’une acquisition très précoce : la mythique photographie de Gilles Caron prise le 6 mai 1968 a été acquise dès le mois de septembre suivant auprès de la galerie Le mur ouvert, ce qui rappelle le rôle de vigie du conservateur. Ces modes d’entrée font, en filigrane, l’histoire de la constitution de la collection de la Bibliothèque nationale de France et dessinent sa personnalité, la distinguant des autres collections publiques.
Jamais autant de photographies n’ont été aussi facilement disponibles qu’aujourd’hui, que ce soit dans les livres ou sur Internet. Cette exposition rappelle également que la photographie est avant tout un objet matériel, qui a un format, une matière, une texture, un grain, une spécificité et qu’elle ne peut se réduire à ses reproductions, fussent-elles excellentes. Montrer de beaux tirages de toutes époques est aussi un manifeste en faveur de la photographie originale et une manière d’en faire prendre conscience à un large public amateur d’images.
© Lee Frielander.
Parcours de l’exposition
Si le choix a été fait sans a priori, reposant d’abord sur une certaine idée de ce qu’est le territoire de la photographie, la présentation reflète cette même liberté. Elle n’est ni chronologique ni thématique. Les cent œuvres se suivent selon un parcours qui se déroule d’image en image au fil de correspondances esthétiques, formelles ou intellectuelles. Le visiteur, qu’il soit connaisseur, spécialiste, amateur ou néophyte, peut s’abandonner au plaisir de la découverte des œuvres et de la délectation qu’elles procurent. Il peut aussi s’amuser à rechercher la raison de la succession des images.
Ces rapprochements entre des images très différentes contribuent à les valoriser mutuellement, à faire comprendre au-delà des années, des écoles et des auteurs l’aura propre à l’image photographique.
© Girault de Prangey.
La collection de photographies de la BnF
Constituée à partir de 1851 par le dépôt légal mais également par dons et acquisitions, la collection du département des Estampes et de la photographie est la plus importante de la BnF. Elle ne cesse de s’enrichir aussi bien de photographies anciennes que contemporaines. Elle rassemble aussi bien des œuvres de grands photographes français et étrangers (près de 12 000 auteurs aujourd’hui répertoriés), que des photographies documentaires, des fonds d’auteurs (Nadar, Disdéri, Séeberger, etc.), des fonds de journaux et d’agences de presse.
Le département des Manuscrits conserve également de nombreuses photographies entrées dans des fonds d’écrivains ou de savants (Robert de Montesquiou, Claude Lévi-Strauss, Emile Prisse d’Avennes), le département des Cartes et plans garde en dépôt depuis 1942 le fonds photographique exceptionnel de la Société de géographie, la Bibliothèque-Musée de l’Opéra conserve par exemple le fonds Boris Kochno sur les Ballets russes qui contient des photographies d’auteurs rares comme les frères Bragaglia, des portraits de Man Ray, etc., la Réserve des Livres rares conserve des livres illustrés de photographies originales, le département des Arts du spectacle des photographies originales de plateau de tournages de cinéma.
Aucune autre institution au monde ne rassemble une telle variété et une telle richesse, des origines de la photographie à nos jours.
« Le cent-unième chef-d’oeuvre que cette exposition laisse deviner est sans conteste la collection de photographies de la Bibliothèque nationale de France » Bruno Racine, président de la BnF