« For the Right of Having a Home » © Diego Murray
Diego Murray est devenu photographe parce qu'il était fatigué. Fatigué d'entendre les mêmes histoires, racontées de la même manière, par les mêmes personnes, sans recul ni remise en question : le type même de récit qui encourage et propage les clichés les plus éculés, voire les plus dangereux. « J'ai donc décidé d'assumer un point de vue personnel sur les problèmes, en cherchant à aller au-delà de la version « officielle » et des stéréotypes, et en construisant un échange franc et intime avec les personnes impliquées », nous raconte-t-il.
For the Right of Having a Home © Diego Murray
L'engagement fait partie intégrante de sa démarche photographique et Diego a vite réalisé le vrai pouvoir de narration et de communication des images. Il s'est donc mis au service de causes qui lui tenaient à coeur, comme celle des habitants d'Isidoro : « Je suis tombé sur Isidoro en lisant les actualités sur Internet. J'ai regardé un court-métrage qui parlaient de ces gens qui avaient bloqué une route pour protester contre des problèmes d'habitation. » Il décide d'approfondir le sujet et de partir à la rencontre de ce groupe de personnes dont le sens de la communauté et la force d'initiative impressionnent. Résister pour quelque chose de profondément basique : une maison.
For the Right of Having a Home © Diego Murray
Isidoro est une petite zone de moins de 10 km2. Située dans la grande ville de Belo Horizonte City, elle est une ombre sur le bel horizon urbain de la capitale de l'Etat brésilien Minas Gerais. Y vivent et résistent 8000 personnes qui occupent les lieux et revendiquent le droit d'avoir un toit. Considérés comme occupants illégaux, la ville cherche constamment à les expulser. En août 2015, la cour suprême brésilienne s'est opposée aux mesures d'expulsion, les occupants justifiant leur combat par le fait que la ville ne remplit pas son rôle social. L'injonction pouvant être révoquée à tout moment, les hommes, les femmes et les enfants d'Isidoro vivent dans l'incertitude.
For the Right of Having a Home © Diego Murray
Pour ce travail, Diego Murray a passé quinze jours dans la maison d'un des habitants d'Isidoro : « Ce n'était pas prévu, mais je pense que c'était très important pour le travail, et pour moi aussi, parce que j'ai rencontré des personnes vraiment formidables, je pouvais les écouter, partager un café et apprendre de vraies leçons de vie. » Diego a tout de suite été accepté. Il explique que l'honnêteté sur la nature de son travail et le respect sont les maîtres mots pour établir une bonne relation avec les gens.
Le travail du jeune photographe, en plus d'être lumineux et bienveillant, mélange avec subtilité des portraits statiques et d’autres en pleine action. Les premiers lui permettent d'instaurer une intimité nécessaire à son discours, tandis que les seconds évitent la répétition : « Cet équilibre n'a pas de recette précise. L'environnement doit être montré. J'aurais pu utiliser une photographie de paysage, mais il n'y a pas d'élément humain. J'aurais pu inclure l'élément humain dans le paysage, mais il n'y aurait pas eu la distance émotionnelle appropriée. Ce sont les scènes d'action qui permettent un équilibre et apportent une nouvelle lecture de cette série. »
For the Right of Having a Home © Diego Murray
Diego Murray a parcouru les rues d'Isidoro et rencontré ses habitants, passant du temps à discuter avec eux, souvent invité à visiter leurs maisons. Il a une vision très réaliste du rôle de la photographie et de ses outils : « L'appareil photo n'est que la part finale du processus, il est seulement le médium qui enregistre ce qui s'est créé depuis le premier contact avec la personne. » Il travaille en numérique avec un « crop factor » de 1,5 (coefficient multiplicateur de focale ou facteur de recadrage) et deux objectifs de 20mm et 50mm. « Je pense que cet équipement me donne la distance physique et émotionnelle nécessaire, explique Diego. Quant à la post-production, elle est à peu près égale à mon travail de terrain : ajustements dans la saturation, contrastes et exposition. »
For the Right of Having a Home © Diego Murray
Diego Murray a prévu de retourner à Isidoro très bientôt. Il a aussi d'autre projets à Rio de Janeiro, mais il est encore trop tôt pour en parler... Histoire(s) à suivre.
http://diegomurray.com.br/"