« Département Mineur/Mayotte » © Adrien Matton
« Département Mineur/Mayotte » © Adrien Matton
Adrien Matton a débuté la photographie en autodidacte. Il l'a perfectionnée sur le terrain. En 2005, il traite ses images de voyage à l'aide d'ouvrages techniques et de quelques conseils donnés par d'autres photographes. « C’est plus tard, au fil de mes rencontres (…), que j’ai décidé de professionnaliser ma pratique en m’orientant vers le photojournalisme, précise-t-il. En 2008, http://fr.actuphoto.com/stephannorsic", photojournaliste, alors basé à Orléans, me prend dans ses valises. » Destination Pristina, Kosovo. L'idée du projet est de capturer les premiers pas de cet état tout nouvellement indépendant. Il s'agit de la première expérience d'Adrien Matton en tant que « photojournaliste ». L'expérience sera décisive, mais il ne publiera aucune de ses images. Elles lui serviront plus tard à prouver sa motivation face aux rédactions qu'il démarche.
« Département Mineur/Mayotte » © Adrien Matton
Son histoire avec Mayotte remonte à 2012. Matton prend alors un aller simple pour y rejoindre des amis. Cette même année, il lit http://fr.actuphoto.com/stephannorsic" pour l'Observatoire des Mineurs Isolés. Au nombre de 2922 à l'époque, selon l'étude, ces jeunes restent souvent livrés à eux-mêmes suite à l'expulsion de leurs proches. « Cet isolement est lié, dans la majorité des cas, à la reconduite à la frontière de leurs parents en situation irrégulière », confirme Adrien Matton. L'île faisant partie des départements français depuis 2011, la question de la protection de l'enfance se pose. Elle n'a pas forcément les réponses appropriées.
Il faudra plusieurs semaines au photographe avant de parvenir à établir un premier contact avec les associations en charge des mineurs. Grâce à une commande du quotidien Le Monde lors du déplacement sur l’île de Dominique Baudis, ancien Défenseur des Droits, il parvient à forcer la porte de ces différents acteurs sociaux, comme Le Secours Catholique ou la Fondation d’Auteuil. Sans leur aide, ce travail n'aurait probablement pas été possible : «J’ai pu rencontrer Djoff et Abdallah par l’intermédiaire de leurs éducateurs de prévention. Quant à Rashidi, tout fraîchement débarqué à Mayotte avec ses deux frères congolais, c’est l’association Solidarité Mayotte, dont l’action est tournée vers les demandeurs d’asile, qui m’a apporté son soutien. »
« Département Mineur/Mayotte » © Adrien Matton
« Les préjugés qui concernent les mineurs isolés ont la peau dure. Réaliser trop rapidement ce genre de sujet pourrait contribuer au risque de conforter certains lecteurs dans leurs idées reçues. » Il n'y a pas de secret pour réussir à fournir un travail sérieux sur une thématique comme celle-ci. Le temps passé sur place compte plus que tout. Adrien Matton lui consacre six mois de son temps, au gré d'allers-retours pendant deux années. Ensuite, il faut parvenir à créer un lien de confiance entre ceux que l'on photographie et soi-même. Le photographe passe parfois des heures avec ces jeunes garçons sans jamais sortir son appareil. Histoire de dissiper la méfiance ou les doutes. Au début, on l'a même pris pour un policier. C'est que les Blancs qui s'aventurent dans les bidonvilles sont souvent de la Police aux Frontières ou de la Brigade Anti-criminalité.
« Je pense qu’il faut trouver la juste distance, aussi bien sur le plan photographique que relationnel avec son sujet, explique le photojournaliste. Je ne sais pas si cette distance est d’avantage relative à la condition sociale de l’intéressé, celle dont je m’efforce de faire abstraction, ou plutôt à ce qui le caractérise sur le plan personnel, affectif, émotionnel… Avec les garçons, les relations se sont imposées de façon assez naturelle. »
« Département Mineur/Mayotte » © Adrien Matton
Entre tatouage et foot, barbecue et ennui, ces scènes de la vie ordinaire prennent de l'épaisseur, de la grâce parfois, avec le noir et blanc. Ce dernier passe forcément par l'argentique pour Adrien Matton : « « Département Mineur » a été mon premier reportage réalisé exclusivement en émulsion noir et blanc chargée dans un Leica M4-p monté d’un 35mm dans 80% des cas. »
Il aime le contact physique avec les négatifs, les papiers ou l'agrandisseur. Il aime aussi ceux qui lui ont inspiré ce parti pris esthétique, que ce soit les Yvon Lambert, René Groebli, Klavdij Sluban ou Paolo Pellegrin. Mais aussi la relève, comme les talentueux http://fr.actuphoto.com/stephannorsic" et http://fr.actuphoto.com/stephannorsic".
Ou l'art de faire du documentaire photographique en mode majeur.
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