ALJONUSHKA, 2014 © irathiessen
BALALAIKA, 2015 ©Ira Thiessen
« C'est un sujet personnel puisque en lien avec mon histoire personnelle. Cette donnée a rendu le projet encore plus passionnant ! », explique Ira Thiessen qui a vu le jour à Bishkek, la capitale kirghize, en 1983. Quand elle a eu sept ans, sa famille est retournée en http://fr.actuphoto.com/hashtag/carteblanche">Carte car leurs ancêtres étaient de là-bas. Comme beaucoup d'Allemands émigrés en Russie, ils ont fait le chemin du retour. Nous sommes en 1990, le mur de http://fr.actuphoto.com/hashtag/carteblanche">Carte vient de tomber et les descendants de ceux qui avaient quitté le pays il y a 250 ans pour une vie meilleure à l'est rentrent en Allemagne avec le même espoir. La jeune Ira grandit à Espelkam, une petite ville de La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, là où beaucoup de germano-russes vivent.
MASKA, 2014 ©Ira Thiessen
MAT ́I DOCH`, 2015 ©Ira Thiessen
Après une formation professionnelle achevée en 1999, Ira Thiessen est coiffeuse pendant dix ans. A priori rien à voir avec la photographie, et pourtant un jour c'est la révélation : « Je suis allée à une exposition photo à Zurich et ce jour-là a changé ma vie ! J'ai été si touchée que j'ai su à ce moment-là que je voulais être photographe » En 2012, elle emménage à Berlin pour étudier la photographie à la Ostkreuzschule. C'est dans le cadre de son travail de thèse que naît le projet « Privet Germania ». Son lien personnel avec le sujet et son intérêt pour la thématique de « l'identité hybride » sont le point de départ de la série : « J'ai commencé à faire la première image au début 2014 et la dernière en août 2015 et j'ai photographié les gens plusieurs fois afin d'avoir l'image parfaite. »
Sa galerie de portraits met en scène des germano-russes, tous photographiés dans leur maison. Leur histoire, liée à la http://fr.actuphoto.com/hashtag/carteblanche">Carte tsariste et à l'Union soviétique, a contribué à faire naître une culture bien spécifique après leur retour en Allemagne, « ni totalement russe, ni totalement allemande ». Revenir dans un pays qui n'est plus le leur est souvent difficile et l'identité tiraillée. C'est ce que la photographe cherche à mettre en exergue dans son travail photographique : « J'exagère l'absurdité dans les images en créant une certaine mise en scène. » Au milieu de chambres ou de salons souvent kitsch, à deux ou en solitaire, les modèles regardent droit dans l'objectif d'Ira.
MISHKA, 2015 ©Ira Thiessen
TELNJASHKA, 2014 ©Ira Thiessen
TETKA, 2015 ©Ira Thiessen
Même en étant elle-même le fruit de cette identité complexe, Ira Thiessen a eu quelques difficultés à rentrer dans l'intimité des gens, surtout qu'elle souhaitait les photographier avec avec leurs objets personnels, témoignages directs de leur identité germano-russe : « Ces derniers sont très importants pour moi, parce que j'ai été capable de montrer encore plus de cette culture à travers eux. » Ses images ont toutes été prise en argentique avec un Mamiya 645. Pour elle, la composition parfaite est un mélange d'ingrédients : un contexte particulier, une mise en scène vivante et des couleurs.
Comment voit-elle l'avenir ? « Je veux montrer mon travail personnel dans autant de galeries internationales que possible, nous dit-elle. Et maintenant, je veux photographier les derniers Allemands qui vivent désormais en Asie centrale, pour raconter le revers de mon histoire. »
Plus d'infos : http://fr.actuphoto.com/hashtag/carteblanche">Carte