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Le projet Melos : « Ce sont les anonymes qui jouent le premier rôle »

Mercredi 02 Décembre 2015 11:09:07 par Antoine Coutin dans Interviews

Melos © Guillaume Lebrun
Guillaume Lebrun est photographe, René Daligault écrivain. Ensemble, ils ont parcouru la péninsule des Balkans jusqu'aux portes de l'Asie. Au cours de leur nombreux voyages, commencés en 2003, Guillaume prend à l'appareil argentique des clichés qui sont autant de rencontres, de paysages ridés et de témoignages mélancoliques de l'histoire d'empires déchus. René et lui marchent sur les pas de Châteaubriand, de la Slovénie jusqu'à Istanbul, en passant par la Grèce et la Bulgarie. En mars 2016, ils prévoient la sortie du livre Melos, recueil de photographies et de récits de voyages réalisés entre 2006 et 2012. Soutenus par les éditions Filigranes, les auteurs ont lancé en ligne une collecte de fond sur la plateforme http://www.kisskissbankbank.com/melos" afin de rendre possible l'existence de l'ouvrage. Actuphoto a pu poser quelques questions aux porteurs du projet.



Melos © Guillaume Lebrun



Pendant plusieurs années consécutives, vous avez voyagé en Europe et plus précisément dans les Balkans. Pourquoi avez-vous choisi de vous diriger vers cette région d'Europe ?

Nous sommes allés ressentir la part orientale de notre identité européenne. Nous avons commencé à partir de 2003 par voyager sur les traces de Chateaubriand en Italie, en Grèce et en Turquie en passant par la Slovénie et la Bulgarie. Des rencontres nous ont ouvert des portes et permis de nourrir notre curiosité. Nous sommes allés nous perdre pour chercher une vérité des lieux et des gens.

Vous déclarez être à la recherche de votre idendité européenne. Existe-t-il un « esprit européen » et comment l'envisagez-vous ?

René Daligault : Oui, sans conteste. Être européen, c'est adhérer à un système de valeur dont l'essentiel se résume au respect de la dignité humaine.
Guillaume Lebrun : Il ne s'agit pas simplement d'une question de passeport ni même d'un drapeau.


Melos © Guillaume Lebrun


Quelles étaient vos conditions de voyage en terme de moyens de transport, hébergement ou de budget ? Quel était « l'esprit » de ces voyages ?

Melos est née à Istanbul en 2006. Beaucoup de ces voyages ont été auto-financés. Je travaille en argentique car j'aime la distance que procure ce procédé. Il nécessite de la patience et offre des surprises à la découverte des planches-contact. S'agissant des logements, nous avons tout d'abord bénéficié de l'aide précieuse d'un ami stambouliote qui nous a hébergé lors de nos séjours en Turquie. Pour le reste, nous avons fait le choix de nous poser dans des endroits improbables, pour permettre des rencontres improbables : un petit hôtel à l'enseigne cassée dans les faubourgs de Thessalonique ou encore dans une demeure du XIXe siècle appartenant à l'association des poètes et des écrivains Bulgares, la maison Lamartine...


Quels liens entreteniez-vous avec les populations locales et quelle était votre démarche photographique à leur approche ?

Des liens simples et directs, empathiques. Parfois, des portraits étaient provoqués par des rencontres éphémères et d'autres nécessitaient une approche et une préparation. Notre démarche a toujours été de laisser les personnes rencontrées nous raconter leur(s) histoire(s).


Melos © Guillaume Lebrun


Quelle était l'intention principale de votre travail photographique ? Pourquoi avez-vous opté pour un panel de genres aussi large (portraits, paysages, clichés plus conceptuels...) ?

Le monde existe en plusieurs dimensions. J'ai commencé à photographier en Turquie à la fois le présent et les traces du passé. J'aime les ruines, les endroits abandonnés et la mélancolie qui s'en dégage. Pour moi la nostalgie n'est pas un sentiment triste. C'est au contraire le bruit du temps, celui que je n'ai pas connu, celui que j'entends aujourd'hui et celui que j'entendrai peut-être demain.

Je me suis découvert photographe du réel avec le désir d'y convoquer la poésie et de jouer avec la fiction. C'est avec cette alchimie que j'ai photographié de jeunes personnes qui incarnent un éphémère présent en les mettant en regard avec les traces d'un passé qui les constituent. Mon travail s'inspire de l'histoire de l'Europe, de la littérature qui la raconte et du cinéma qui la transcende.


Melos © Guillaume Lebrun


Pouvez-vous nous raconter une ou plusieurs grande-s rencontre-s de ces voyages ? Ont-elles permis de réaliser des photographies dont vous êtes particulièrement fier aujourd'hui ?

Ce sont les anonymes qui jouent les premiers rôles. La jeune femme de la couverture du livre était gardienne dans le musée Topkapi à Istanbul, guide dans le harem des sultans. J'ai instantanément perçu le choc de son regard et de son expression. C'est une rencontre muette dont l'empreinte ne s'effacera jamais. Il y a aussi Christos, ce jeune serveur et comédien de théâtre rencontré à Thessalonique avec qui nous sommes allés au musée Byzantin et que j'ai fait poser sous un puit de lumière au milieu des icônes. À de tels moments, j'ai le sentiment d'être dans un monde parallèle.

Vous avez voyagé souvent ensemble. Quelle relation entretient t-on avec un compagnon de route ? Comment trouver son équilibre lorsqu'on voyage à deux ?

G.L. : La fougue et la réflexion font bon ménage. Tout a démarré dans un bar enfumé dans un festival de littérature où j'ai rencontré René Daligault.

R.D. : L'idée de partir ensemble sur la route de l'Orient s'est imposée d'emblée. Littérature et photographie se complètent, toutes les deux sont écriture. Après tout, dès 1850, Flaubert voyageait en Orient avec Maxime du Camp qui réalisait des calotypes.

G.L. : L'échange et la curiosité sont des mots qui nous réunissent. Le reste est facile.

Vous souhaitez publier un recueil de ces photographies accompagnées d'un récit de voyage. Pourquoi ce besoin aujourd'hui ?

Editer un livre représente l'aboutissement d'un travail après des années de voyages. Nous avons envie de partager notre expérience et notre vision de l'Europe. La publication de ce livre ouvrira d'autres horizons. La sortie de celui-ci sera accompagnée en mars 2016 d'une exposition à Paris, à la Galerie Intervalle. Je réfléchis à l'idée de présenter mes tirages photographiques en les associant à des mots tirés du texte de l'écrivain de manière à poursuivre le dialogue entre nos deux démarches.


Melos © Guillaume Lebrun



Afin de permettre la publication de ce livre, vous vous en remettez au financement participatif. Qu'est-ce qui vous plait dans ce mode de financement ? Cela révèle t-il une précarité de plus en plus palpable dans le milieu de la photographie ?

L'éditeur Filigranes participe à la construction et à la production du livre mais cela ne suffit pas à financer la totalité. Un livre de photographie, c'est une histoire d'équipe composée du ou des auteur(s), de l'éditeur, du graphiste, du retoucheur, du photograveur, du relecteur et enfin de l'imprimeur. L'idée du financement participatif permet la réalisation du projet par des soutiens, même modestes. Par leur geste, les souscripteurs deviennent des co-producteurs. L'économie du livre et en particulier celle du livre de photographies est fragile car elle nécessite des financements très importants. Il faut trouver des moyens de productions alternatifs et complémentaires pour produire des livres à la hauteur de nos exigences.


Si vous souhaitez en savoir plus sur Melos, et soutenir sa parution, c'est par http://www.kisskissbankbank.com/melos"


Antoine Coutin

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© Actuphoto.com Actualité photographique

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