Jeudi 23 Août 2012 19:05:34 par actuphoto dans Carte Blanche
Dans cette série de photos, Le regard de Gaelle Magder se glisse dans les plis de la ville pour lever le voile sur deux visages du naturisme urbain.
L'expression de naturisme urbain peut paraître paradoxale tant dans l'esprit collectif, cette pratique semble dévolue au plein air et aux espaces naturels. Mais la ville est souple et anonyme, elle recèle de niches qui donnent le sentiment de pouvoir échapper à son emprise.
Le premier visage du naturisme urbain est licite. Il prend la forme d'activités organisées, qui investissent des lieux autorisés, en l’occurrence une piscine, fermée le temps d'un soir aux textiles.
Le second visage renvoie à des pratiques sauvages qui ont pour ressort le détournement d'un espace ouvert de son usage quotidien. Il s'agit d'un site industriel aux franges de Paris. Dans l'image qui en est donnée pourtant, tous les codes d'une plage classique sont présents, le sable, l'eau, les serviettes où s'allonger.
Dans sa construction l'image fonctionne comme un rébus qui donne l'idée d'une plage en négatif.
Le sable est destiné à la construction et s'entasse dans des péniches.Dans la Seine , on ne s'y baigne pas. A cet endroit ce n'est plus le fleuve de prestige qui donne a voir les principaux monuments de Paris, c'est une artère empruntée par les péniches qui charrient des matériaux, les bateaux mouches n'y montrent pas leurs ailes.
La plage pour de faux montre sa réalité nue : elle est improvisée dans un espace industriel entre périphérique et sablières.
Dans la piscine en revanche, les corps sont plus détendus. L'objectif de Gaëlle surprend des gestes, des activités qui se nourrissent de l'enfance.
Le corps n'est pas en exposition , on ne baigne pas dans l'intime, les poses sont celles du quotidien les vêtements en moins. Rien de charnel ou de sexué, tout semble ludique et bon enfant.
Pour faire le contrepoint à ces corps dénudés, Gaëlle habille ses photos par différents truchements.
Le flou des mouvements qui enveloppe les corps, le prisme de l'eau qui les dilue,
les images monochromes qui font que le regard s'échappe de l'évidence. Les angles de vue jouent avec. le sujet et l'élément aquatique: plongées, contre plongées, distance et rapprochement.
Dans ce reportage, Gaëlle nous fait partager son amusement, sa curiosité, sa complicité et une profonde ampathie qui dénotent une véritable approche humaniste.
Après l'obtention de son diplôme de la section photographie de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, ainsi que des stages aux services archives de grandes agences (Vu, Magnum), Gaëlle Magder, débute sa profession de photographe en 2001. En 2003 elle intégrele le collectif Exmundo.
Ses premières années l'ont amené à collaborer avec la presse (Télérama, DS, Nova magazine, Phosphore, Jalouse, 20 minutes...), à participer à des concours (Bourse de la Fondation Hachette, Bourse de Talent, Prix de la Photographie Sociale et Documentaire, Dotation Kodak...), et à exposer dans des galeries (galerie Autres regards, galerie Marlat, galerie Artazart, Espace Picto Bastille).
Son travail s'axe autour de l'humain et de sa place dans la société.
Texte de : David Cousin-Marsy