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Entretien réalisé par Thierry Laugée et Autoportrait par Denis Darzacq / Agence VU pour Actuphoto.com Initiée à l’occasion d’un travail collectif pour les 20 ans de l’Agence VU’, la série “La chute” met en scène les corps en apesanteur de danseurs de Hip Hop, de Capoeira et de danse contemporaine. Une “chute de l’ange” des années 2000, toute en tension et en énergie, entre ciel et terre. “ Juste après la crise des banlieues de 2005, entre pesanteur et gravité, j'ai réalisé des photographies en suspension dans une architecture générique et populaire. J’aime qu’à l’ère de Photoshop, la photographie puisse encore surprendre et témoigner d'instants ayant réellement existé, sans trucages, ni manipulations ” explique Denis Darzacq. “(...) Dans des cités d’un Paris populaire et urbain, il créée des images baroques de corps en apesanteur, en lévitation. Propulsion. Perte de gravité. Energie. Poussée. Bascule des perspectives. Et UNE question : que fait-on de cette énergie ? Que fait-on de ces corps qui veulent entrer dans le jeu et qui risquent de s’écraser au sol si on les ignore, si on les laisse tomber ?” Christian Caujolle “Quand l’ascenseur social est en panne, il faut savoir rebondir. Entre l’envol et la chute, l’homme parachuté dans la cité apprend à maîtriser sa trajectoire. A la matière brute de l’architecture, il oppose l’élasticité de son corps et de ses désirs. cet exercice de gravitation en appelle à une stricte discipline mais ce n’est pas celle acquise sur les bancs de l’école. Après les émeutes de l’automne dernier, le photographe Denis Darzacq a réalisé quinze de ces photos périlleuses qui disent, à froid, les turbulences et la vie en équilibre précaire”. Natacha Wolinski, Beaux Arts magazine, juin 2006 (extrait) “(...) La chute», série avant tout formelle, plastique, mais aussi métaphore d’une jeunesse qui veut entrer dans le jeu, hurle son désespoir et provoque d’autant plus de questions chez le spectateur que la chute, devenue un mouvement propre au projet, ne rappelle plus du tout un mouvement de danse: qui sont ces jeunes vêtus comme il est d’usage dans les quartiers? Que vont-ils devenir, que va faire la société de leur énergie, de leurs corps ? Quel point de déséquilibre vont-ils oser ? Jusqu’où cela va-t-il les mener ? Comment stopper l’anxiété qui se dégage du mystère de leurs corps envolés, en lévitation devant des rez-de-chaussée d’immeubles systématiquement claquemurés, comme abandonnés ? (...) Tirant déjà ce même fil de la représentation des corps d’aujourd’hui dans des villes d’aujourd’hui, Denis Darzacq avait, auparavant, avec la série “Nus”, mis en majesté des corps dénudés, mais pas des corps de top-models, des corps comme vous et moi évoluant dans des zones pavillonnaires assez claustrophobiques. Car ce qui passionne depuis des années ce photographe, c’est l’étrangeté d’un corps naturel évoluant dans un milieu urbain aussi construit…” Magali Jauffret, Photoworks, novembre 2006 - avril 2007 (extrait)