JR par Mohamed Nanabhay via Wikimedia Commons
L’artiste JR est de retour avec une nouvelle exposition à la Galerie Perrotin jusqu’au 13 mai 2017 intitulée « Wrinkles of the city, Istanbul ».
Le projet a démarré en 2000 avec « Wrinkles of the City/ Des rides et des villes », initié par JR à Carthagène, en Espagne. L’artiste a toujours été obsédé par le temps qui passe. Il voulait « lutter contre l’effritement du passé », dit-il. Son but fut alors de donner la parole aux personnes âgées sur les bouleversements traversés par leur ville au XXème siècle. Le projet a depuis été exporté dans plusieurs autres villes du monde comme Shanghai, la Havane, Los Angeles, ou Berlin. C’est cette fois Istanbul qui est mis à l’honneur par l’artiste.
Les villes choisies sont toujours celles qui ont connu de gros changements au siècle dernier. La plus vieille génération est alors la seule restante capable de donner un témoignage de sa ville telle qu’elle était auparavant. JR a alors décidé de donner la parole aux personnes âgées d’Istanbul dans un court-métrage réalisé par Guillaume Cagniard accompagné de portraits qu’il a lui-même réalisés. Ils ont été affichés dans plusieurs quartiers de la ville, sur des bâtiments en ruine afin de renforcer l’idée des bouleversements.
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JR explique : « Les femmes et les hommes que j’ai rencontrés sont ainsi les derniers témoins de l’attaque de Carthagène par Franco en 1939, de l’accession au pouvoir de Fidel Castro à Cuba en 1959, de la Révolution culturelle chinoise de 1966 à 1976, de la fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis dans les années 1960, de la chute d’Hitler en 1945 et de la division de l’Allemagne jusqu’en 1989, de la sécularisation de la Turquie (l’arrivée au pouvoir des islamistes à Istanbul en 1994 y mettra fin). Quand ils auront disparu, il ne restera que des versions écrites ou filmées de leurs histoires. Avec eux, on voit passer les grands mouvements qui ont structuré le XXème siècle: le fascisme, le communisme, le nazisme, la lutte pour les droits civiques, la décolonisation, la guerre froide et le capitalisme. Et on presse les événements qui commencent à secouer le XXIe siècle. »
Les visages sont tirés, le temps qui passe se lit sur leurs traits. Le film de Guillaume Cagniart, d’une durée de 11 minutes, comprend une première partie constituée d’une déclaration de JR lui-même sur sa manière de considérer le projet. Cela fait ensuite place à une seconde partie constituée d’entretiens de personnes âgées, qui reviennent sur leurs souvenirs de jeunesse et sur ceux qu’ils ont de leur ville avant ses changements. A la question « Quelle image vous vient quand vous pensez à votre jeunesse ? » L’on remontera dans le temps avec l’image d’une enfant en mini-jupe - cousue par sa mère-, les cheveux au vent, voltigeant sur la plage. Des témoignages poignants d’honnêteté, comme cet homme passionné par les oiseaux depuis sa tendre enfance, qui les a toujours nourris et protégés, qui dira : « Même l’oiseau reconnaît la main qui lui donne les graines ».
Les joies et les douleurs ne s’effacent jamais vraiment.
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