© Erichiello & Menichetti, In Quatra Persona
Chroniques du 21/01/2017 au 05/03/2017 Terminé
CENTQUATRE 104 rue d’Aubervilliers / 5 rue Curial 75019 Paris France
Le festival dédié à la jeune photographie contemporaine est de retour. Forte de son incroyable succès en 2016 avec pas moins de 50 000 visiteurs, cette édition proposera aux visiteurs de découvrir à nouveau les jeunes talents européens de la photographie. Cette année, la programmation s’articule autour de 55 artistes qui ont su séduire le jury, à la suite d’un appel à candidatures internationales, par leur regard contemporain et innovant. Une sélection d’invités (une galerie et une école) ainsi que la carte blanche du parrain de l’édition, le grec Hercules Papaionnou, viennent clôturer la programmation. C’est en tout 400 oeuvres qui seront proposées à la vente dans les allées du Centquatre, établissement parisien artistique innovant qui accueille cette année encore le festival.CENTQUATRE 104 rue d’Aubervilliers / 5 rue Curial 75019 Paris France
Parmi les 55 photographes, nous en avons retenus 5. On s'est laissé séduire par l’originalité de leur projet, leur travail de recherche et la mise en scène des oeuvres (et croyez-nous, la sélection fut très compliquée).
© Jef Bonifacino, West Horizons
C’est sur les terres du Grand Ouest qu’il a cette fois-ci décidé de poser ses valises, nous délivrant comme à son habitude des photos de paysages à couper le souffle. Sa série « West Horizons » nous transporte de neige à soleil et nous fait perdre le regard vers l’horizon. Pendant 3 mois et avec plus de 16 000 km au compteur, Jef Bonifacino nous livre une série digne des plus mythiques voyages de Jules Verne.
© De Wilde Sanne, The Island of the Colorblind
Un peu plus loin, une installation au néon rose nous interpelle. Alors que nous nous approchons, une jeune femme nous accueille et nous fait part de son projet ; il s’agit de Sanne de Wilde. Munie de son appareil, elle a quitté sa Belgique natale pour se rendre au milieu de l’Océan Pacifique, sur l’île de Pingelap avec l’idée en tête de prendre ses habitants en photo. En effet, ces derniers ont tous la particularité d’être daltoniens et voient principalement la couleur rouge. On comprend mieux les néons...
Sa série « The Island of the Colorblind » se compose de trois types d’images : des photos numériques classiques, converties en noir et blanc pour pouvoir se mettre dans la peau de ces habitants, des photos infrarouges, et des photo-peintures réalisées à partir de photos en noir et blanc prises par les daltoniens tels qu’ils imaginent le monde en couleur.
En plus de la beauté indiscutable des clichés, de la mise en scène soignée, on a particulièrement apprécié le travail de recherche effectué en amont.
© Erichiello & Menichetti, In Quatra Persona
Retour en Europe, et plus précisément en Italie pour nous pencher sur les travaux de Martin Errichiello et de Filippo Menichetti. Les natifs respectifs de Naples et Florence reviennent avec « In Quarta Persona » sur le prétendu miracle économique qu’a connu leur pays en 1960. Alors que les pouvoirs culturels et politiques entreprennent de gigantesques travaux pour moderniser les infrastructures, des paysages naturels sont ravagés et le quotidien d’habitants bouleversé. Les deux artistes ont effectué des recherches sur ces événements survenus au cours des 50 dernières années dans une région qui leur tenait particulièrement à coeur : La Calabre du Sud.
Des photos monumentales, des montages vidéo et des jeux de collages et d’affichages pour un résultat des plus impactants. Voila quoi tirer de cette exploration visuelle originale sur plusieurs supports, tiraillée entre mystères, utopie et trahison.
© Sam Ivin, Lingering Ghosts
Du haut de ses 24 ans, Sam Ivin est un jeune britannique engagé. Dans une Europe bousculée parce qu’on appelle communément « la crise des migrants », il s’est questionné sur ce que signifiait être un demandeur d’asile au Royaume-Uni. En effet, nombreux sont ceux qui souhaitent obtenir le statut de réfugié. Il deviennent ainsi des « lingering ghosts », comprenez « fantômes en attentes ». C’est ainsi que Sam Ivin a décidé d’intituler sa série de portraits pas tout à fait complets, car les tirages ont été grattés pour rendre les visages méconnaissables. Ces mystérieux clichés jonglent ainsi entre perte d’identité d’une part, et frustration de l’autre. C’est ici que l’Anglais a voulu mettre l’accent : « J’ai essayé de communiquer cette frustration que les demandeurs d’asile ressentent à ceux qui regardent la photo ». Frustré, peut être, mais pour une fois on aime ça.
© Stéphane Winter, Die Winter
Dans un registre beaucoup plus léger, les tirages de Stephane Winter ont de quoi faire sourire. Ce Suisse d’origine sud-coréenne nous invite dans la banlieue lausannoise, dans le domicile familial. Mélangeant toutes sortes de format, du grand tirage au simple Polaroid, il retrace sa vie à partir de ses 15 ans, uniquement avec des photos prises chez lui. Derrière le côté amusant de cette série, le travail de collecte, la sélection ainsi que la qualité des photos du Suisse sont tout aussi surprenants.
Un projet à très très très long terme réalisé sur plus de 25 ans qu’il est ravi de partager avec nous : « Ce sont des photos très spontanées. Regarde, il y a même l’anniversaire de ma mère ! C’est un peu de le best off de ces 25 années ». Adepte des longs projets, il nous a promis que les prochains sortiraient bientôt.
Le festival Circulation(s) se tiendra du 21 janvier au 5 mars au Centquatre pour découvrir les 50 autres artistes de l’exposition.