© Antoine d’Agata, 2016 /Editions Textuel 2016.
© Antoine d’Agata, 2016 / Editions Textuel 2016.
« J'étais comme de la nourriture servie devant toi,
je devais te laisser me manger,
et combler ton appétit vorace »
Maki , Sukhumvit, Bangkok, Thaïlande, 2011
Atlas est une nouvelle illustration de la « boulimie d'images », maladie dont souffre Antoine d'Agata depuis un certain temps déjà. Photographies et textes illustrent le monde de la nuit dans lequel baigne le photographe. Les visuels sont pour la plupart imprimés façon planches-contacts, en moyen format. On aperçoit de gros plans aussi. Les sujets ? Des femmes nues dans des positions clairement sexuelles, des seringues et puis des corps nus, toujours des corps nus. L'atmosphère est glauque. Qu'ils soient poésies ou témoignages, les textes permettent au lecteur de déambuler avec Antoine d'Agata dans les souterrains de la prostitution (caves, chambres d'appartements ou d'hôtels lugubres). Les mots eux aussi crus et torturés – ils constituent pourtant la seule source de lumière de cet ouvrage : imprimés en noir sur fond blanc. Ils ont pour objet les difficultés de la prostitution, l'absence de sentiment, la violence, l'épuisement physique ainsi que les motivations - pas uniquement économiques.
« Quand je me suis réveillée, je ne sentais plus rien.
J'étais un corps vide, sans âme.
Je n'avais plus envie de rien.
Je n'avais plus besoin de rien.
J'étais libre »
Ana, Abanotoubani, Tbilissi, Géorgie, 2011
Avec Atlas, le lecteur part à la rencontre de prostituées de plus d'une dizaine de nationalités. Les textes français sont doublés de la version initiale, les multilingues pourront ainsi lire en japonais, norvégien, khmer, russe, espagnol ou encore grec. Une belle façon de préserver leurs paroles.
© Antoine d’Agata, 2016 / Editions Textuel 2016.
« Ceux qui ne fument pas ne peuvent qu'obéir… travailler pour gagner de l'argent. La société et la loi nous détestent. Parce que nous avons plus peur, nous pouvons baiser, ou jouer. Jouer est le dernier choix possible (...) La police te recherche. Les dealers te poursuivent pour te faire du mal. La folie t'attend. Mais ta soif et ta passion sont sans fin. »
Leah, Angkor, Siem Reap, Cambodge, 2012
Certains y verront peut-être un sombre Kamasutra, d'autres un recueil de témoignages où les femmes ont le droit de parole. Une chose est sûre : Atlas vous prend à la gorge, vous fait frissonner, vous ramène à votre propre intimité. Antoine d'Agata s'impose une nouvelle fois comme le maître du macabre et de l'excessif.
© Antoine d’Agata, 2016 / Editions Textuel 2016.
http://www.editionstextuel.com/index.php?cat=020410&id=658"
Antoine d’Agata
Editions Textuel 2016
56 euros