Katerina Jebb, Kristin Scott-Thomas, 2014 © Katerina Jebb
Chroniques du 02/07/2016 au 31/12/2016 Terminé
Musée Réattu 10 rue du Grand Prieuré 13200 Arles France
Décidément, le musée Réattu n'en finit pas de surprendre. Dernière proposition photographique en date ? Katerina Jebb - Deus ex machina. Ou les images scannées d'une artiste plasticienne britannique qui a su s'approprier la machine pour accoucher d'œuvres uniques. Parfois déconcertantes. Souvent poétiques. Toujours décalées.Musée Réattu 10 rue du Grand Prieuré 13200 Arles France
« Dans l'idée de renouer avec l'art contemporain, j'ai pensé à Kate... » : la commissaire d'exposition Pascale Picard en a eu une bonne idée ! Elle aime, comme nous d'ailleurs, le côté presque blasphématoire de l'utilisation du scanner, qui ôte la sacrosainte perspective. Jebb plaque fantasmes, rêveries et autres provocations, sur le verre d'un outil qui n'a pas ni l'épaisseur, l'aura ou la qualité technique de la photographie. Il est pourtant lié à elle, par une histoire tragique, celle d'un accident de voiture qui lui laissera un bras immobile. Le temps de l'hospitalisation fut celui de la rencontre avec l'imagerie médicale et ses machines. Deus ex machina. De la douleur, c'est aussi tout un imaginaire qui a pris forme.
Katerina Jebb, Two Headed Chick, 2015 © Katerina Jebb
Organisée en trois temps, l'exposition s'attarde d'abord sur le travail de Katerina Jebb dans l'univers de la mode, notamment à travers une vidéo de Tilda Swinton (icône de l'artiste) projetée dans la chapelle du Grand Pieuré de l'Ordre de Malte. A l'étage, la figure humaine est au centre de l'attention de Jebb avec une galerie de portraits aux allures spectrales. Kristin Scott Thomas, Swinton encore elle, et d'autres fantômes moins célèbres. Preuve que mettre la tête de quelqu'un dans un scanner n'a rien d'anodin. Plus haut encore dans le musée, l'artiste plasticienne joue autour des objets, comme ceux de l'atelier de Balthus par exemple. Son taille crayon, sa blouse, etc. La tombe du peintre reste la pièce la plus impressionnante, couverte d'herbe et d'une pomme qui attend la pourriture. Qu'y a-t-il d'autre à faire dans un cimetière ? (Clin d'oeil en passant à l'image du flacon Chanel rempli de viande hachée : un visuel qui n'est pas disponible pour la communication autour de l'exposition, personne n'est sûr que Chanel ait autant le sens de l'humour...)
Katerina Jebb, Zhou Xun, 2014, 51.5 x 42.2 © Katerina Jebb
Katerina Jebb, Torso, 2013 © Katerina Jebb
Katerina Jebb, Le taille crayon de Francis Picabia, 2013, comité Picabia © Katerina Jebb
Au cour de la visite, début juillet, Katerina Jebb viendra nous confier, amusée mais soucieuse du regard posé sur sa démarche, que ce travail, le sien, est particulièrement physique. Il ne faut pas respirer pendant le scan, rappelle-t-elle, ou alors le mouvement du corps, celui du diaphragme plus particulièrement, viendrait tout gâcher. Alors Jebb coupe son souffle. Le nôtre aussi, de temps en temps.
Deus ex machina de Katerina Jebb
Du 2 juillet au 31 décembre
http://www.museereattu.arles.fr/"