© Christian Lutz
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Invité en résidence artistique à Las Vegas, Christian Lutz a vite déchanté. Choqué par les contrastes que met sous nos yeux la ville du vice, le photographe genevois l'a écumé pour photographier celles et ceux que la grande industrie du divertissement a recraché. Un homme enveloppé dans une couverture de survie, errant sous les néons et les énormes panneaux publicitaires de bimbos retouchées, un SDF qui fait la manche avec un verre à pied, un couple recouvert de paillettes d'or dormant à même le sol...http://www.lesinrocks.com/2016/05/13/style/expo-photo-comment-survivent-les-exclus-de-vegas-11836071/" Une fois qu'on décide de partir dans la ville du jeu pour y faire de l'argent, on en repart plus car selon une vieille rumeur américaine : " Si vous n'êtes pas capable de faire de l’argent à Vegas, vous n’en ferez nulle part." Las Vegas, c'est aussi la faillite du rêve.
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Cette Babylone moderne ne se contente pas de vomir ses déchets, elle les « ravale». http://www.lesinrocks.com/2016/05/13/style/expo-photo-comment-survivent-les-exclus-de-vegas-11836071/" a déclaré Christian Lutz au sujet de son ouvrage. Une fois dans la rue, ces hommes et ces femmes s'enlaidissent pour gagner de l'argent comme le montre la photographie du zombie. Tout devient alors ambigu. Dans cette ville carnavalesque, on ne sait plus départager le vrai du faux : cet homme sur le trottoir est-il mort ? Cette princesse est-elle un homme ou une femme ? Le poupon dans les bras de cette femme déguisée est-il un vrai bébé ? Le monde devient « comique et laid ».
© Christian Lutz
Cette ville digne de Midas, qui transforme en spectacle la moindre crotte de chien abandonnée sur un trottoir, est néanmoins saisie par Christian Lutz avec beaucoup de poésie et de respect pour l'être humain. Les photographies sont magnifiques : prises de vue, compositions et maîtrise de la lumières. Les couleurs sont parfois criardes mais décrivent avec justesse l'atmosphère nocturne de Las Vegas. Dans son livre, le photographe suisse présente des photo de formats assez petits : peut-être pour contraster avec le gigantisme américain et l'ostentation nocturne de Vegas ?
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Mais, on ne peut faire que des suppositions car cet ouvrage reste silencieux. Christian Lutz a choisi de ne mettre aucune légende, de n'écrire aucune préface. On est parfois frustré mais aucune photo ne demeure imperméable. Dans ce monde insensé, à chacun de raconter son histoire, de s'interroger, d'imaginer à quoi pense cette fille, accroupie sur ses talons hauts, dans un centre commercial vide...
© Christian Lutz
André Frère Éditions
Parution : 10 mai 2016
Prix : 29,50 €