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Josef Sudek, le magicien de la lumière au Jeu de Paume

Jeudi 09 Juin 2016 16:16:51 par Annabelle Martella dans Expositions Chroniques

Prague pendant la nuit, 1950 épreuve gélatino-argentique 22,8 × 29 cm Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa Achat, 2003 ©Succession de Josef Sudek
Jeu de Paume 1 Place de la Concorde 75008 Paris France

On l'appelait le « poète de Prague ». Personnage emblématique de la capitale aux mille tours et mille clochers, Josef Sudek pouvait aussi être aperçu en Bohème avec son appareil photo sous son unique bras. Sorti indemne de l'époque nazie puis communiste, ce photographe n'a jamais été marié, n'a jamais eu d'enfant et a vécu uniquement pour son art. Le musée du Jeu de Paume propose de (re)découvrir ses clichés du 7 juin au 25 septembre dans une exposition intitulée Josef Sudek. Le monde à ma fenêtre. Depuis 1988, on n'avait pas vu en France une reconstitution aussi complète de l'oeuvre du photographe tchèque. On fonce donc aux Tuileries !



Le jardin de Rothmayer, 1954–1959
épreuve gélatino-argentique
16,9 × 22,9 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek


C'est une exposition très organisée (trop, peut-être?) que propose le Jeu de Paume. Sans doute, à cause des méthodes de travail du photographe. Josef Sudek photographie toujours par série : l'ensemble de ses clichés font partie d'un tout cohérent. Maillon par maillon, découvrons chaque pièce qui constitue l'oeuvre de ce Pragois.

Première série : Les Débuts. On est tout de suite transporté dans l'univers de Josef Sudek : paysages tchèques et petits formats. Au commencement de sa carrière, le photographe est fortement influencé par le https://www.photo-arago.fr/C.aspx?VP3=CMS3&VF=GPPO26_3_VForm&ERIDS=2C6NU0OBY4CR:2C6NU0O1NYKB:2C6NU0OGAWUH". Les photographies du jeune Sudek sont tirées au charbon ou à la gomme bichromatée et ont souvent une teinte jaunie. Ces colorations, ces flous et ces déformations mettent en scène un univers poétique et mystérieux.
Les photographies de la cathédrale St-Guy à Prague se focalisent sur les raies de lumière traversant les vitraux. Les clichés montrent avec précision les effets de l'éclairage dans un espace intérieur et obscur et nous questionnent sur le caractère sacré que peut revêtir la lumière. On est tout de suite envouté.



Rue de Prague, 1924
épreuve gélatino-argentique
8,3 × 8,2 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek


Ensuite, c'est au tour du Monde à ma fenêtre, série qui a donné son nom à l'exposition. Ces photographies témoignent d'une exploration approfondie du quotidien. Elles nous font penser aux projets des écrivains de L'Oulipo. Il semble que Perec dans ses Tentatives d'épuisement d'un lieu parisien (1975) où il liste les moindres détails de la vie de tous les jours, recherche la même chose que Josef Sudek : « Mon propos dans les pages qui suivent a plutôt été de décrire le reste : ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages.» Par la fenêtre de l'atelier du photographe tchèque, on observe le ruissellement des gouttes et le passage des saisons. Le monde extérieur est perçu de l'intérieur de l'atelier et est transformé par la buée. Voir une photo, c'est aussi regarder par la fenêtre d'un autre.


La fenêtre de mon atelier, vers 1940–1954
épreuve gélatino-argentique
22,9 × 16,8 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek

 


Promenades nocturnes montrent la capitale tchèque plongée dans la nuit. Mais, ce paysage nocturne est plus angoissant que romantique. Le couvre feu imposé par les nazis condamne Prague à l'obscurité. Sensible à la lumière, Sudek explore désormais son absence. Les lampadaires deviennent des phares dans les ténèbres et la lumière une révolte.



Prague pendant la nuit, vers 1950–1959
épreuve gélatino-argentique
12,2 × 17,3 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek

 


Série plus légère : Les promenades dans le jardin enchanté. Ces photos extrêmement poétiques mettent en scène des objets insolites dans un décor végétal. Parfois surréaliste, parfois inspiré par la https://www.photo-arago.fr/C.aspx?VP3=CMS3&VF=GPPO26_3_VForm&ERIDS=2C6NU0OBY4CR:2C6NU0O1NYKB:2C6NU0OGAWUH", le photographe tchèque étudie comment la lumière tombe sur les objets et comment ceux-ci la propagent. Il faut se rappeler que la photographie est avant tout une technique qui capte et imprime directement « les rayons lumineux émis par un objet diversement éclairé » comme l'explique Roland Barthes dans La Chambre claire (1980).
Cette série fait écho aux photographies de La vie des objets. On est étonné comme toujours par la manière dont ces clichés mettent en avant la présence. Sudek joue avec la transparence, l'ombre et la densité. Les objets du quotidien sont souvent modestes , parfois étranges. Cette manière de représenter les objets fait beaucoup penser aux poèmes de Francis Ponge. Sudek fait d'ailleurs parfois de véritable composition. La photo d'un œuf peut avoir l'allure d'un tableau de la Renaissance.



Labyrinthe de verre, vers 1968–1972
épreuve gélatino-argentique
39 × 22,9 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek


Les photographies d'Amis et artistes sont un peu les intruses de l'exposition. Ni de paysage , ni de natures mortes mais des portraits de personnes aimées ! Cette série inédite fait face à L'Âme du lieu, panoramiques qui montrent notamment des paysages de la région du Most ravagés par l'industrialisation. Sudek exhibe les évolutions et adopte déjà à son époque une conscience écologique.



Paysage de Mĕlník, 1959
épreuve gélatino-argentique
8,8 × 28,7 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Don anonyme, 2010
©Succession de Josef Sudek




A la fin du parcours, on voit des pièces plus « osées » : des photos en couleur inédites, des lettres destinées à ses proches agrémentées de photographies ou encore des clichés posés sur du papier d'or ou d'argent très mal reçus à l'époque. Mais ce qui attachera le plus notre regard durant toute cette exposition, c'est la sensibilité et l'intelligence du photographe tchèque en ce qui concerne le pouvoir de la lumière. C'est pour cette raison, semble-t-il, que Josef Sudek mérite son surnom de « poète de Prague ».



Dimanche après-midi à l’île Kolín, vers 1922–1926
épreuve gélatino-argentique
28,4 × 28,7 cm
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa
Achat, 2000
©Succession de Josef Sudek







Annabelle Martella

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