Paris vu par les pionniers de la photo. 100 images de légende. Par Françoise Ravelle. Edition Parigramme.
Aucune photo dans l'ouvrage n'est postérieure à 1900 et la première date de 1838. Au moment même où Paris se transforme en ville moderne, la photographie est inventée. C'est avec les tout premiers procédés photographiques de l'histoire - des appareils stéréoscopiques, des daguerréotypes ou encore des calotypes - que les photos présentes dans cet ouvrage ont été prises. Le Paris que l'on découvre est donc pour la grande majorité inconnu. C'est une ville médiévale que l'on voit, avant qu'elle ne soit transformée par les travaux du baron Haussmann.
LOUIS DAGUERRE
Boulevard Saint-Martin, 1839. Daguerréotype.
Cette vue a été prise depuis la fenêtre de l’atelier du photographe qui se trouvait à la hauteur
de l’actuelle caserne de la Garde républicaine de la place de la République.
Boulevard Saint-Martin, 1839. Daguerreotype.
HIPPOLYTE FIZEAU
Saint-Sulpice, 1841. Épreuve encrée d’après daguerréotype.
Jeune physicien, Fizeau mit au point un procédé développant les possibilités du daguerréotype en permettant sa reproduction
sur papier en de multiples exemplaires. Au sommet des deux tours de Saint-Sulpice, on distingue les bras articulés du télégraphe Chappe,
établi ici à la fin du xviiie siècle en tête des lignes de Strasbourg et de Lyon. Ces sémaphores actionnés manuellement
vont toutefois être déclassés par des systèmes électriques quelques années après la prise de cette photographie.
C'est donc un véritable voyage dans le temps qui attend le lecteur de ce bel ouvrage. Même les Parisiens de naissance auront du mal à reconnaître certains endroits de la capitale tant ils ont changé en un peu plus d'un siècle. Des rues qui n'existent plus sont montrées, peu de personnes sont présentes sur les premières photos, puisque l'opération nécessitait une immobilité totale de plusieurs longues minutes à l'époque. Elles se font plus nombreuses au fur et à mesure que les techniques s'améliorent.
On peut aussi découvrir les travaux d'aménagement du parc des Buttes Chaumont, en 1870, ou, plus étrange, un autoportrait de Félix Nadar dans les catacombes, au milieu de centaines d'ossements. La construction de la basilique du Sacré-Coeur nous est aussi montrée, ainsi que le Champ-de-Mars avant la construction de la Tour Eiffel, qui apparaît alors comme un champ de désolation. Plus globalement, c'est toute la transformation de Paris, de ville moyenâgeuse à ville s'inscrivant dans la modernité, qui nous est montrée.
CHARLES SOULIER
Le Pont-Neuf, vers 1854.
Épreuve sur papier albuminé.
HIPPOLYTE JOUVIN
Quai des Grands-Augustins, 1863. Détail d’une vue stéréoscopique.
Disponibles dès le début des années 1850, les appareils stéréoscopiques offraient l’avantage de produire des images en relief
au moyen d’une chambre de visionnage particulière. Mais le format réduit des plaques présentait également l’intérêt
de réclamer un temps de pose très inférieur à celui des autres procédés. Les images capturent ainsi l’instant
avec une grande netteté, enregistrant l’animation de la rue dans ses moindres détails.
ANONYME
Vue depuis le square d’Anvers, la basilique du Sacré-Coeur en construction, dans les années 1870.
Cet édifice, dont la première pierre fut posée le 16 juin 1876, a été voulu par une France encore largement rurale
et sous influence cléricale qui interpréta l’humiliation de la défaite contre l’Allemagne et les déchirements de la Commune
comme une punition divine sanctionnant un siècle de déchéance morale depuis la révolution de 1789.
Ces photos retracent la grande Histoire aussi. Puisqu'on peut aussi y voir comment Paris a été transformé par l'épisode de la Commune, cette période insurrectionnelle qui dura un peu plus de deux mois, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. D'où des photos du parc d'artillerie sur la butte Montmartre, de la colonne Vendôme abattue par les communards, des fédérés qui posent pour la postérité, de la rue de Rivoli en ruines, ou encore de la façade de l'Hôtel de Ville détruite après l'incendie du 24 mai 1871. Les funérailles de Victor Hugo, ou l'exposition universelle de 1899 nous sont également montrées.
Un ouvrage passionnant sur une ville en mouvement perpétuel.
http://www.parigramme.com/livre-paris-vu-par-les-pionniers-de-la-photo-439.htm"
http://www.parigramme.com/livre-paris-vu-par-les-pionniers-de-la-photo-439.htm"