Sélène de Condat © Ville de Paris
La DPE de la ville de Paris a décidé de redonner sa juste valeur a cet aspect méconnu de la ville grâce à une installation, entre projet historique et pédagogique, illustrée par le travail photographique de http://www.eaudeparis.fr/".
Sélène de Condat © Ville de Paris
Avant les photographies exposées, nous sommes d'abord happés dans une faille temporelle, où nous découvrons l'histoire de l'eau de Paris. Nous y apprenons comment, l'approvisionnement d'un côté et l'évacuation de l'autre, ont évolué, avec pour mission de rendre la ville salubre tout en arrêtant de polluer la Seine. La chronologie est agrémentée d'installations ludiques pour illustrer par exemple les étapes de filtration de l'eau, les outils indispensables à l'entretien des canalisations… qui nous font prendre conscience de l'ampleur de l'entreprise.
Sélène de Condat © Ville de Paris
Une fois de retour dans le Paris d'aujourd'hui, en plus d'être confrontés aux clichés de Sélène de Condat, des documentaires donnent la parole aux égoutiers. Les images de la photographe, qui nous sont offertes en noir et blanc, visent à nous montrer « l'Homme et son travail comme pour conjurer cette étrange impression de (se) retrouver dans un non-lieu où même le temps est absent, mais où les hommes sont omniprésents par leurs gestes et par leurs rites. ». En cherchant l'Homme, nous aurions pu penser que la photographe réussirait à transmettre dans ses images la chaleur que dégagent celles et ceux qui travaillent dans la froideur de l'eau et du béton. Si l'aspect des gestes et des rites est bien sensible, la monochromie des clichés, leur grain et le clair-obscur ne suffisent pas à sortir les égouts de leur intemporalité, plaçant presque cet univers dans une dimension parallèle à la nôtre.
Sélène de Condat © Ville de Paris
Heureusement, les vidéos sont là pour nous ancrer dans le 21e siècle. Faisant partie de ces travailleurs de l'ombre, ce sont plus de 258 égoutiers qui veillent à la propreté de la capitale. Une tâche aux allures ingrates dont ils sont fiers, agissant chaque jour pour le bien-être non seulement des habitants, mais aussi de la planète. Nous pouvons enfin nous mettre dans leur peau. Nous faisons désormais partie de leur équipe. Une fois dans les canalisations, ils sont douze à se répartir des tâches, les gestes, qui se font mécaniques, répétitifs, éprouvants. Quotidiennement, ils parcourent plus de 2500 km de canalisations pour pousser les sables jusqu'à un point d'extraction. Un cycle perpétuel essentiel pour le bon fonctionnement d'une infrastructure héritée des grands travaux d'Haussmann.
Pour les curieux, l'exposition est ouverte jusqu'au 20 mai 2016.