Influencée par son expérience de productrice dans le domaine des arts vivants qu’elle débute très jeune, Sélène de Condat puise l’inspiration de son œuvre photographique dans la contraposition entre l’ombre et la lumière, le grain et la nuance, le mouvement et la captation de l’instant. Sa démarche esthétique renoue avec une perception philosophique de l’instant, chère à la pensée de Gaston Bachelard : un arrêt sur instantanée qui devient éternel par le truchement de la chambre obscure.
Les lieux, les personnages, les objets de ses clichés sont des images-icônes de fragments de vies, de fragments de temps et d’espaces où s’entremêlent le vécu individuel et les fondements de l’Humanisme. Chaque photographie se veut un fragment d’histoire d’hommes et de femmes éternisés par l’œil du photographe. Cet œil, toujours en quête de cette perception du temps qui s’écoule, mais que l’objectif de l’appareil photographique arrête pour l’éterniser à jamais.
Le choix du blanc et noir, du grain ou de la nuance, de l’ombre et de la lumière répondent au besoin esthétique de construire plastiquement les corps, les monuments, les objets et les instants pour en arrêter la dimension ontologique vouée au devenir, à la transformation. Cette recherche du temps qui devient, qui mue et se transforme inéluctablement est perceptible dans l’adoption du clair-obscur : langage universel du temps éternel, celui-ci permet d’universaliser des thèmes de la vie humaine que sont les émotions, le travail, les instants de la vie quotidienne et les étapes de l’existence. Sélène de Condat conçoit son œuvre photographique comme une œuvre toujours susceptible de se transformer : une mutation de l’œuvre due à une conception de la photographie comme œuvre ouverte (U. Eco), toujours perméable aux émotions et au vécu du spectateur.