Les thèmes du voyage, de l’exil et de la migration sont plus que jamais au cœur de nos sociétés. Souvent abordés par le biais d'images d'actualité et du photojournalisme, ils le sont plus rarement dans une perspective artistique. C'est le pari proposé ici et à travers les points de vue de 11 artistes et/ou photographes contemporains : Taysir Batniji, Bertrand Gaudillère, Karim Kal, Kimsooja, Marie Moreau, Mathieu Pernot, Maureen Ragoucy, Bruno Serralongue, Barthélémy Toguo, Ad Van Denderen et Patrick Zachmann.
Montée en partenariat avec le musée de l’immigration à Paris, l'exposition « Rêver d'un autre monde. Représentations du migrant dans l'art contemporain » montrent des œuvres créées entre 2002 et 2009. Pas de nouveautés donc, mais des pièces remarquables qu'on a plaisir à (re)découvrir.
On retiendra - entre autres - le travail de Mathieu Pernot qui montre ses clichés de la Jungle de Calais et de migrants afghans allongés sous un drap, un duvet ou une bâche, comme des corps sur un champ de bataille parisien. L'artiste lyonnais Karim Kal de son côté s'est intéressé au quartier de l’horloge à Bab El Oued et offre aux visiteurs son œuvre détachable, comme une « dissémination virale archaïque » selon ses propres mots. Images d'Alger se compose de quatres photographies réalisées pendant la guerre civile et un an après les inondations qui ont touché le quartier.
Images d'Alger, 2002 © Karim Kal
Plus loin, on se fera happés par les images du passionnant Patrick Zachmann sur sa mère atteinte d'Alzheimer : Mare Mater (2013) : « Il s’agit d’un voyage, un voyage de mémoire et un voyage d’exil. C’est aussi un voyage intérieur. La voix qui porte ce voyage est celle de mon journal de bord. C’est elle qui va tisser le fil de toutes ces destinées que je croise, des migrants quittant leur pays de la rive sud de la Méditerranée, fuyant le chômage, la dictature et l’absence d’avenir (...) et moi à la recherche des racines de ma mère, celles qu’elle a voulu oublier. » Si vous ne l'avait pas encore fait, c'est le moment où jamais de relire http://www.chrd.lyon.fr/chrd/sections/fr/expositions#sthash.zb7n6O7A.dpuf".
© Patrick Zachmann
« Je devais rester deux jours, j’y suis resté un an », lâche Bertrand Gaudillère au sujet de son travail Des chiffres, un visage. Il a suivi la mobilisation créée autour de Guilherme, migrant angolais sans papier, père de deux enfants nés en France, et que l'on veut expulser. L'histoire d'un combat mis en images dans des noirs et blancs sublimes.
© Bertrand Gaudillère
Pour finir, les cartes du Monde diplomatique, dessinées et coloriées à la main par l'excellent Philippe Rekacewicz, ne sont pas des photographies, mais elles fournissent pourtant un portrait saisissant d'une Europe qui laisse mourir à ses portes des hommes, des femmes et des enfants.
Une exposition nécessaire.
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