Meret Oppenheim (1913-1985), Röntgenaufnahme des Schädels M. O., Radiographie, 1964, Reproduction Courtesy Peter Freeman, Inc. Meret Oppenheim / © ADAGP, Paris 2016
Chroniques du 25/3/2016 au 17/7/2016 Terminé
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris France
Ce n'est pas une exposition tout à fait comme les autres que nous propose le Musée d'Art Moderne de Paris. Loin des standards classiques, Jan Dibbets prend la casquette de commissaire d'exposition et ouvre la boîte de Pandore. Souvenez-vous, quand Pandore ouvre la fameuse boîte, tous les maux du monde en sortent. Seul l'espoir reste quand Pandore, effrayée, a refermé le couvercle. Ici, la photographie est présentée comme l'espoir parmi les autres arts.Musée d'Art moderne de la Ville de Paris 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris France
Anna Atkins (1799-1871), Padina Pavonia, 1843-1853, Cyanotype, 35 x 28 cm
Paris, bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle
© Muséum national d'histoire naturelle (Paris)
Direction des bibliothèques et de la documentation
Le Néerlandais de 74 ans, mondialement connu pour son approche conceptuelle de l'art, connaissait déjà le musée qui lui a consacré trois expositions. Pour cette rétrospective sur l'histoire d'un art souvent mal jugé, l'artiste a fait venir des œuvres originales de toutes les époques. Quoi de mieux pour se rendre compte de l'évolution des techniques, des formats et des différents buts donnés à ce médium ?
Alexandre Rodtchenko (1891-1956), Engrenages (Zahnräder)
1930, Cologne, Musée Ludwig Alexandre Rodtchenko © ADAGP, Paris 2016
© Rheinisches Bildarchiv, Köln
Si l'exposition n'a pas d'organisation spécifique, elle a tout de même une cohérence chronologique : partant de Niépce et du Daguerréotype en arrivant à des impressions 3D en passant par l'héliogravure et la photographie argentique. Ainsi, on nous livre par exemple un tableau perdu d'Ingres photographié par Désiré François Millet en 1852 découvert seulement en 1993. De même, l'observation des astres occupe un pan important de la photographie scientifique, avec notamment les études de surfaces solaires de Jansen ou les photographies lunaires de Paul et Prosper Henry.
Enfin, imaginez le portrait « Met at 2.29 pm » de la série Casual Passer by de Braco Dimitrijevic non seulement photographié sur petit format lors de son installation à Belgrade, mais aussi en taille réellement avec cette bâche gigantesque dominant le public. La 3D s'invite également. D'une part, le public a des lunettes spéciales à sa disposition pour faire ressortir les reliefs d'un tirage plat très grand format. D'autre part, Spirtos Hadjidjanos a expérimenté l'impression 3D en alumide monochrome, qui donne une nouvelle vision de la nature.
NASA, Viking Lander 1, First Colour Photo Taken on Mars
21 Juillet 1976, 61 x 69,9 x 0,5 cm
© NASA, Courtesy: Munich, Daniel Blau
Allant de la reproduction de peintures aux objets photographiques, en passant par une fonction scientifique, l'exposition s'organise autour de citations de photographes qui définissent le mieux cet art selon Dibbets.
On commence l'exposition avec une pointe humoristique sur la place laissée à la photographie dans les expositions des Beaux-Arts, avec l'illustration de Nadar : « Ingratitude de la peinture, qui refuse la plus petite place à la photographie, à qui elle doit tant » (Journal Amusant de 1857) La peinture, vire à coup de pied dans le derrière la photographie, respectivement symbolisées par une palette et un boîtier sur pattes. Car si la photographie demande une maîtrise technique, il n'a pas été aisé de faire reconnaître sa qualité artistique.
© Nadar - Journal Amusant - 1857
Alvin Langdon Coburn demandait par exemple en 1913 « […] pourquoi l'artiste photographique ne romprait-il pas avec les conventions éculées qui ont commencé à entraver et restreindre sa technique, alors même que son existence est relativement récente, et ne revendiquerait-il pas la liberté d'expression que se doit de posséder tout art s'il veut être vivant ? »
Ou encore ce dialogue datant de 1922 entre Stieglitz et Duchamp :
« Stieglitz : Une photographie peut-elle avoir un sens artistique ?
Duchamp : […] J'aimerais la voir mener les gens au mépris de la peinture jusqu'à ce que quelque chose d'autre rendre la photographie insupportable. »
Finissant sur la même pointe d'humour qu'au début, Nadar dessine finalement en 1859 la photographie et la peinture, bras-dessus, bras-dessous, signe de leur réconciliation : « La peinture offrant à la photographie une toute petite place à l'exposition des Beaux-arts. Enfin! ».
© Nadar - Journal Amusant - 1859
Enfin ! Mais pour combien de temps ?
Avant de quitter l'exposition, une salle a été aménagée, nous invitant à écouter un entretien avec Jan Dibbets, qui s'explique sa relation avec la photographie et la façon dont il a abordé ce projet. Une initiative qui devrait ravir les curieux n'ayant pas pu venir au vernissage.