© François Mouriès
© François Mouriès
Dans sa préface intitulée Géométrie du silence, Sergio Chejfec nous livre ses impressions :
« J'ai d'abord pensé qu'aucun langage ne saurait traduire cette solitude tenace par laquelle un regard cherche à absorber le vide d'un lieu que, pourtant, les circonstances ont déjà vidé. Un regard qui ne consigne pas ce qu'il veut documenter – ou ne se tient pas là – mais exalte, dans la réalité physique, les attributs qui s'accordent le mieux à sa propre sensibilité visuelle et spatiale. »
Il estime que le but de Mouriès n'est ni de trouver de la beauté ou de créer un contraste, devenant un simple « marcheur qui déambule ». Selon lui, rien que de regarder ces images nous donne « l'impression d'avoir marché dans ces lieux comme un étranger importun mais consenti. ».
© François Mouriès
Les 54 photographies couleur prises au sud de la Navarre espagnole résultent donc de ce moment particulier. Le soleil plombe, la lumière se fait crue, les couleurs pourtant, tournent au pastel et confèrent aux images un aspect vintage. Dedans, des villes, des lieux de vies déserts aux murs décrépis où règnent la désolation et l'abandon. Aucune âme qui vive, pas même d'animaux sauvages. La seule trace de vie qui perdure : la flore avec les friches et quelques fleurs par-ci par-là. Pourtant la trace de la civilisation est toujours là : au crépuscule, les lumières électriques continuent de remplir leur office dans les rues.
© François Mouriès
Pour conclure son livre, le photographe témoigne de son expérience :
« L'impatience de découvrir les grands espaces de ce désert spectaculaire attisait mon enthousiasme. […] Tout ce que je ressentais ici n'était pas traduisible en image et toute tentative était vouée à l'échec. […] Sans plus d'illusion, sans limite de temps ni d'espace, à part celui capturé par le déclenchement mécanique de l'obturateur, je m'appliquais seulement à saisir des cadres pour ces brides d'histoires sans fin. »
Ces clichés, pris entre 2013 et 2015 expriment le sentiment de frustration partagé par nombre de photographes quand un lieu impose ses règles et qu'aucune négociation n'est envisageable. Heureusement, le résultat n'en est pas moins impressionnant.
Pour ce voyage dans le désert, les textes sont bilingues espagnol/français. Quant à l'exposition, elle ouvre ses portes le 8 mars et restera jusqu'au 17 avril 2016. Le vernissage se déroulera pour sa part le jeudi 10 mars de 18h30 à 20h.
Pueblos sin retrato
François Mouriès (Auteur) - Sergio Chejfec (Préface)
Editions Dulac&Co
tirage limité à 500 exemplaires.
45 euros