Série Klecks © Pascale V Marquis
La photographe originaire de Montréal à élu domicile à Paris il y a quelques années. Pascale V Marquis (de son vrai nom Pascale Vincent-Marquis) recherche avant tout la sensualité. Fan de mode et de Francis Bacon, elle confronte ces deux mondes dans sa dernière série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks.. Un beau « chaos organisé » qui allie photos de mode et art de la « klecksographie » (l'art de faire des images à partir de taches d'encre). Pascale V Marquis nous parle de ce qui compte dans son travail : la texture du papier à grain, la monochromie, l'architecture, la scénographie, le chiffre sept, mais aussi les femmes et l'instinct. Rencontre avec la « fine-artiste » canadienne.
Série Steel Sensuality © Pascale V Marquis
Pascale Marquis, vous avez fait une partie de vos études à l'Université de Montréal avant de continuer à Paris. Comment avez-vous évolué entre ces deux continents ?
À l'Université de Montréal j'étudiais le cinéma, je suis venue à Paris en Erasmus à la Sorbonne, et je ne suis jamais repartie ! Ensuite, j'ai voulu mieux comprendre l'esthétique de l'image de la photographie : j'ai fait l'école http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. pendant un an, il y a déjà un moment, c'était en 2007.
En ce qui concerne la langue, je suis bilingue : mes parents sont francophones, mais j'ai grandi dans un milieu anglophone. Mes amis en France et mon fiancé sont anglophones, mais mon travail est francophone. Je balance toujours entre le français et l'anglais, d'ailleurs, ne vous étonnez pas si vous entendez des mots anglais entre les phrases françaises (rires).
Série Steel Sensuality © Pascale V Marquis
Vous avez commencé à photographier l'architecture avec http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. et http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks., quels sont les bâtiments photographiés et comment les avez-vous choisis ?
http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. est une série qui date de 2011, c'est un bâtiment de l'architecte Franck Gehry qui m'a énormément intéressé : le Walt Disney Concert Hall à Los Angeles. Ce projet a été très personnel pour moi, ce n'était pas juste par curiosité : j'ai une vraie passion pour l'architecture ! Le matériau « steel » (« acier ») est un métal très froid qui n'est pas très sensuel à la base, j'ai voulu révéler une sensualité cachée dans les formes.
Série Skin © Pascale V Marquis
Vous ne photographiez pas que de l'architecture, mais aussi des femmes, notamment dans la série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks.. Quel lien voyez vous entre vos photos d'architecture et cette série
Je suis passée instinctivement de l'un à l'autre, ça n'a pas été réfléchi. C'est vraiment bizarre parce que ma démarche n'est pas bonne : je suis guidée par l'instinct, j'y vais « au pif », en testant, en essayant.
Série Skin © Pascale V Marquis
Vous collaborez également beaucoup avec des mannequins et travaillez en étroite liaison avec le monde de la mode. C'est cette passion pour la mode qui vous a amenée à créer votre récente série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. ?
Je suis issue du monde de la mode, j'ai travaillé assez longtemps dans ce milieu, j'ai photographié des collections, des modèles et des jeunes créateurs. Pour la série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks., j'ai voulu intégrer ce que je connaissais, c'est ma vision artistique de la mode. Ce sont des femmes que j'ai eu le privilège de photographier à Paris dans diverses situations. Je ne savais pas tout de suite quel serait le résultat, mais je savais dès le départ que je voulais faire une collision entre deux mondes qui sont à priori sans relation.
Série Klecks © Pascale V Marquis
Le monde de la mode et celui de la peinture : vous dites avoir « toujours été attirée par l'image de la tâche d'encre sur papier ». Est-ce pour l'esthétique, la manière de la réaliser, la référence au test de Rorschach... ?
Ça peut représenter un chaos ordonné : un mélange entre la photo et klecksographie (l'art de faire des images à partir de taches d'encre). La klecksographie est un art que je trouve beau : exécuté par la main de l'artiste, mais aussi par le hasard. Et c'est marrant car il n'y a pas deux personnes qui voient l'image de la même manière, ça m’intéresse beaucoup, ça m'en dit plus sur la personne qui regarde !
Série Klecks © Pascale V Marquis
Et techniquement parlant, comment alliez-vous cette technique de peinture à celle de la photographie ?
C'est aussi l'art du pliage. J'utilise de l'encre noire, la feuille est pliée en deux et je crée le motif en passant ma main dessus. Je ne sais jamais ce que ça va donner avant de voir le résultat. Ensuite, je me réapproprie la tache d'encre en y ajoutant mes images photographiques, de la couleur, puis en imprimant.
Je pense que c'est un mélange de discipline, de dead-line et de choix instinctif. Je m'identifie pas mal aux peintres expressionnistes abstraits. J'aime beaucoup Jackson Pollock, Mark Rothko ou la transfiguration de Francis Bacon... Tout cet art me parle beaucoup, je le comprends !
Une carrière de peintre vous ouvre peut-être les bras ?
Non, étant peintre, je pense que j'aurais eu ce même résultat, sauf qu'à la place d'avoir des pigments sur papier, ça aurait été de la peinture sur papier... Et puis en plus je ne sais absolument pas dessiner (rires).
Série Klecks © Pascale V Marquis
Quand on regarde de façon générale vos séries, on voit que vous travaillez beaucoup sur la texture et les matériaux. Pour http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks., c'est carrément le papier à grain qui est mis à l'honneur. Quelle importance donnez-vous à cette texture ?
C'est un papier qui m'attire énormément, j'aime beaucoup travailler avec ce matériau, je ne sais pas pourquoi... Peut-être que ce blanc me rappelle les hivers canadiens, les grands espaces ! C'est un support que je me suis approprié et que j'aime travailler. Pour moi, ça devient de plus en plus naturel de travailler avec cette texture. Je suis tellement fan de ce papier que j'ai dû passer six semaines à en tester les différents types ! C'est finalement celui là qui me convient le mieux, je suis absolument maniaque des détails.
Série Klecks © Pascale V Marquis
Concernant le format de vos oeuvres et le tirage au nombre de sept, comment se sont fait vos choix ?
Je crois que sept est un chiffre chanceux (rires). Non, sérieusement, pour toute œuvre d'art comme celles-ci, il faut limiter le nombre de tirages. Et pas que pour la série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. d'ailleurs : c'est pareil pour mes précédents travaux, toujours sept !
Le format, c'est un format A3, je suis à l'aise avec et je peux les réaliser moi-même. Mais j'imagine aussi des choses plus grandes, j'aime voir les choses en grand (rires) ! Si je choisis éventuellement un format plus important, il faut que je délègue... C'est aussi une question de logistique.
Combien de temps pour faire une planche de la série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. ?
C'est dur à dire, certains travaux on été faits en une journée, alors que d'autres ont été faits en une heure ! En fait ça dépend, je fais plusieurs essais avant. Il y en a pour lesquels je suis satisfaite au bout de trois essais, mais pour d'autres, ça peut aller jusqu'à douze essais !
Série Klecks © Pascale V Marquis
Vous avez l'habitude d'utiliser le noir et blanc dans vos précédentes séries (noir dans http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks., blanc dans http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks.). http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. est votre premier passage en couleur, et quel passage radical !
J'ai eu une envie d'explorer, et puis j'ai été satisfaite du résultat. De toutes façons, si je ne suis pas satisfaite d'un travail, je ne le montre pas ! Au départ, les premières images étaient très monochromes, j'ai testé car j'étais curieuse de voir avec de la couleur, et puis je me suis mise à aimer.
Vous considérez-vous comme une photographe de « fine-art » (art visuel considéré pour ses fins esthétiques) ? Le processus de création est-il important ?
Oui, totalement ! Je me considère comme une « fine-artiste ». Mais je ne sais jamais ce que va rendre l'image finale, j'ai à peu près une idée en tête de ce que je veux faire. Du coup, je fais énormément d'essais, j'ai des piles et des piles de planches d'essais. J'essaye de les garder mais c'est impossible de toutes les mettre de côté dans mon appartement... C'est aussi extrêmement difficile de savoir quand s’arrêter, à quel moment on arrive à la planche finale, celle qu'on va présenter.
Série Klecks © Pascale V Marquis
L'exposition à la http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. du 1er décembre au 8 janvier était votre première exposition solo. Qu'est-ce que ça fait ? Avez-vous fait partie d'autres expositions collectives auparavant ?
Oui, j'ai été exposée auparavant au http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. à Paris. Mais cette exposition à la http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. a été formidable ! Je me suis dit « Tiens Pascale, il est temps que tu sortes tes images de ton appartement, et que tu exposes ! », et puis on m'a beaucoup encouragée. J'ai tout adoré, du début à la fin : que ce soit élaborer la série, proposer le projet au jury de Spéos, tester, imprimer, finaliser le projet...
D'ailleurs j'ai décidé de ne pas encadrer les images ! Derrière un cadre, on perd la sensualité du papier. Donc j'ai aussi réfléchi à la manière de montrer mes travaux. L'équipe a été très sympa sur ce point, j'avais carte blanche ! J'ai aussi beaucoup travaillé dans des galeries, et j'adore la scénographie d'exposition. Parfois, quand je vais dans des expos, je suis plus intéressée par la manière dont les œuvres sont montrées, plutôt que par les œuvres en elles-même ! Je veux aller plus loin que de simplement mettre des cadres sur un mur blanc. J'essaye de créer un univers qui va avec mes travaux. D'ailleurs je me vois bien évoluer vers une autre forme d'exposition, pourquoi pas l'installation... À voir !
Votre évolution justement, vous la voyez dans la même lignée que la série http://www.thevgallery.net/#!klecks/vkyoh">Klecks. ?
Dans le même ordre d'idée visuellement, oui ! Peut-être pas avec des taches, mais avec le même matériau, pour faire ressortir l'image à partir du blanc... J'ai trois prochaines expositions prévues, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment !