Noroc ©Cedric Van Turtelboom
De la banque à la photographie, il n'y a qu'un pas. Celui que Cedric Van Turtelboom a osé faire. Un peu à cause de Depardon. Un peu à cause de la banque aussi. « Vers mes 23 ans, alors que je travaillais dans une banque, tard un soir, j’ouvre un livre qui m’avait été offert un an auparavant : La solitude heureuse du voyageur précédé de Notes de Raymond Depardon. J'ai tout lu d'une traite », raconte le photographe. Les clichés, les mots, les ailleurs, les errances. Il est fasciné. « J'ai découvert un métier dont je ne soupçonnais même pas l’existence ». Et presque du jour au lendemain, il décide de quitter le milieu bancaire et de s'inscrire dans une école de photographie, le « 75 » à Bruxelles.
Noroc ©Cedric Van Turtelboom
La série Noroc s'est imposée parce que Van Turtelboom aime l'imagerie hivernale et post-soviétique de l'Europe orientale. « Durant mes études de photographie j’étais très attiré par les images faites dans des pays de l’Europe de l’Est du photographe belge de Magnum : http://www.cedricvanturtelboom.com/" (Homo Sovieticus, East of Eden, Zona), de http://www.cedricvanturtelboom.com/", mais aussi de http://www.cedricvanturtelboom.com/" et de son travail en hiver en Suède (Vinter). » Ce dernier, plus que les autres, semble influencer le Belge dans sa pratique photographique : mêmes flocons flashés la nuit, mêmes personnages coincés entre normalité, drôlerie et psychopathie. Même hiver qui n'en finit pas d'enrober tout ça d'un froid qui fige. Comme sur une photo (!).
Direction la Roumanie. Un peu par hasard et par amis d'amis. Nous sommes en 2009 et Cedric débarque chez une famille, dans un petit village rural de la province moldave : « La seule condition que je m’étais fixée était d’être accueilli et logé chez un habitant pour être immédiatement immergé. » Depuis ce premier séjour, il y est retourné chaque année, souvent pour un mois d'hiver, profitant de ce point de chute pour parcourir le pays. Il s'est même lié d'amitié avec le récupérateur de fer du village, à qui il a envoyé régulièrement des photos que l'homme distribuait ensuite à tout le village.
Noroc ©Cedric Van Turtelboom
Noroc ©Cedric Van Turtelboom
En roumain, « noroc » veut dire « bonne chance » et « santé ». On se le dit quand on se quitte ou quand on trinque. Pourquoi avoir donné ce nom à cette série de photographies ? « J’aime sa sonorité et la manière dont il s’écrit, explique Cedric Van Turtelboom. J’apprécie également que peu de personnes pensent à la Roumanie en découvrant le titre. Il reste quelque chose de mystérieux pour la plupart d’entre eux. »
Noroc ©Cedric Van Turtelboom
Côté matériel. La routine photographique de Cedric est placée sous le signe de l’habitant, chez qui il loge la plupart du temps, et de la légèreté : un Nikon D700, deux focales fixes (24 et 28 mm) et un flash cobra d’appoint.
Côté projet. Noroc sera bientôt un livre. « Publier ce livre me permet de clore un long et important chapitre de ma vie de photographe. Le livre est pour moi la forme la plus aboutie et libre de présentation. Elle permet à un projet photographique de s’exprimer pleinement », confie-t-il. Un autre projet est déjà en cours. Sur les loisirs d’hiver en Chine. Mais c'est une autre histoire... de neige.
Noroc, c’est aussi un livre à paraître le 10 novembre.
Avec la collaboration du designer néerlandais -SYB-.
Le livre sera présenté pour la première fois par le Tipi Bookshop à Polycopies durant Paris Photo.
http://www.cedricvanturtelboom.com/"