Affiche de l'Exposition "Doisneau,un photographe au Muséum"
Chroniques du 7/10/15 au 18/01/16 Terminé
Grande Galerie de l'Évolution 36 Rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris France
« Dites-moi quelle autre profession m'aurait permis d'entrer dans la cage aux lions du zoo de Vincennes... » Robert DoisneauGrande Galerie de l'Évolution 36 Rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris France
En ce moment, à la Grande galerie de l'Évolution, sont exposées des photographies de Robert Doisneau, jusqu'au 18 janvier. La citation du photographe prend tout son sens lorsque l'on regarde les tirages exposés. Ces magnifiques captures permettent de visiter les recoins secrets du jardin des plantes, le temps d'une exposition.
Une commande scientifique... et politique
Les photographies sont extraites de deux reportages, effectués en 1942 et en 1943. Elles ont été réalisées pour une commande de l'éditeur et typographe Maximilien Vox. A la demande du régime de Vichy, celui-ci préparait son ouvrage Nouveaux destins de l'intelligence française, consacré aux personnalités hexagonales du monde de l'art et de la science. L'objectif étant de faire célébrer le rayonnement scientifique et culturel de la France. Cette exposition « Robert Doisneau, un photographe au Museum », présente donc des photographies de personnalités importantes, pour répondre aux désirs des autorités de Vichy et de Monsieur Vox : le professeur Humbert, devant les casiers de l'herbier, François Pellegrin, dans son laboratoire de Phanérogamie, Camille Arambourg, au Laboratoire de paléontologie.
Au-delà de la visée propagandiste, le travail de Doisneau est une belle façon de présenter différents endroits du jardin des plantes, ainsi que les personnes qui y travaillent. Du Muséum à la Ménagerie, en passant par les Serres, notre œil est invité à découvrir ces endroits intrigants. Doisneau parvient à nous captiver avec les moindres recoins du jardin, même la galerie des minéraux, qu'il trouvait si ennuyeuse au départ : « Entre tous, le laboratoire de minéralogie m'a paru, au premier coup d'oeil, assez ennuyeux. Tous ces cailloux dans leurs casiers n'avaient rien d'aguichant. Ce classement minéral me donnait le malaise des cimetières. Bref, un de ces endroits où l'on n'éprouve aucune impatience à s'éterniser. »
Toutes les photographies sont regroupées au deuxième et troisième étage du Museum, ce qui permet de ne pas se disperser dans tout le musée. La scénographe Laurence Fontaine est parvenue à bien l'intégrer dans le décor : « Il fallait que l'exposition soit visible, mais qu'elle reste discrète », a-t-elle expliqué pendant la visite de presse.
Robert Doisneau, Un gorille dans l'ascenseur, Zoothèque. Laboratoire des mammifères et oiseaux, 1990
Un témoignage de l'époque avec des photographies touchantes
Au total, 128 photographies et 35 planches contact sont exposées dans des box. Elles sont mises en valeur par une lumière douce qui donne une dimension quelque peu surréaliste à certaines photographies. Le cliché « La surprenante Légèreté d'une momie péruvienne » est étrange, de par la représentation du couple femme-momie. Elle est encore plus énigmatique avec la lumière du box. Cette disposition rend certaines photographies encore plus touchantes qu'elles ne l'étaient au départ. Le public ne peut qu'être ému devant « L'auscultation d'un chimpanzé fiévreux ». Ce cliché présente un singe, entouré de deux médecins, très attentifs à son égard. L'un d'eux est penché et semble écouter son cœur avec inquiétude. Certaines photographies sont aussi drôles que touchantes, comme « L'éléphant et son pédicure » ou encore « La girafe et son coiffeur ».
En plus d'être vraiment agréables à regarder, ces clichés constituent un bon témoignage des pratiques de l'époque. Certaines d'entre elles ont beaucoup changé, notamment celles qui concernent les soins des animaux à la ménagerie. La plupart s'avéraient trop dangereuses pour les soigneurs. Dans le cliché « Un lion soumis au régime lacté », le soigneur entre directement dans la cage du lion, sans protection. Cette méthode ne serait plus applicable de nos jours.
Il est également très appréciable de retrouver le personnel du jardin alpin de l'époque, ainsi que le visage impressionné du public des années 1940. Les enfants (et les parents aussi) seront ravis par cette exposition, qui se mêle parfaitement au décor grandiose du Muséum. Ils pourront s'arrêter devant une collection de très beaux papillons multicolores, entre deux clichés de Doisneau. Seul inconvénient à cette exposition : certaines photographies, très cinématographiques, sont vraiment captivantes et retarderont un peu l'avancée de votre visite...
Robert Doisneau, La surprenante légèreté d'une momie péruvienne, Musée de l'Homme, 1943