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Les Hoboes de Tamina et Claudius : voyage avec les vagabonds américains

Mardi 30 Juin 2015 15:32:36 par Emilie Lemoine dans Carte Blanche

Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze
Ils ont passé un mois aux côtés de ceux que l'on nomme les « hoboes ». Ces vagabonds sans domicile fixe qui sautent de train en train au coeur de la grande Amérique. Difficiles à suivre donc. Et pourtant, de Chicago à Savannah, de Iowa City à Portland, en passant par Tockville ou San Francisco, http://tamina-florentine.com/" et http://tamina-florentine.com/" ont photographié ces hommes et ces femmes de la route. Entre liberté totale et misère absolue, leurs photographies nous embarquent pour une Carte Blanche on the road.

« Pour chacun de nous, c'est la curiosité qui nous a rendus photographes ! Sortir tous les jours et apprendre quelque chose sur le monde, voir comment les choses fonctionnent, ce que font les gens et pourquoi » : nos deux photographes allemands ont en commun la soif de l'autre, mais se distinguent pourtant dans le traitement photographique qu'ils en font. Claudius s'intéressera à la sphère politique tandis que Tamina se concentrera plus particulièrement sur les gens, leurs émotions et leurs valeurs. L'idée, commune elle aussi, c'est de sortir de leur zone de confort, et d'expérimenter, grâce à la photographie, ce qui serait inaccessible en tant normal.



Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze


Voilà longtemps qu'ils y pensaient à ce projet commun sur les « hoboes » américains. Claudius est le premier à les avoir photographiés. Il y a quelques années déjà. Son travail avait d'ailleurs été publié par le magazine GQ. Mais l'impression du travail inachevé, ou de l'histoire qu'on n'a pas fini de raconter, demeurait. Il manquait quelque chose à ce travail photographique. Il lui fallait y retourner. Et ce serait avec Tamina. Deux visions, deux appareils et un récit commun.

Mais dans ce sujet commun, il y a des histoires différentes. Il y a d'abord celle de la longue tradition populaire du voyage à travers les États-Unis. Il y a aussi, bien sûr, celle de la pauvreté.






Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze


 

« La pauvreté aux États-Unis est très différente de la pauvreté en Europe. Elle est beaucoup plus dispersée et il n'y a pratiquement pas de soutien public. Mais surtout, il y a beaucoup plus de travailleurs pauvres, des gens avec des jobs en usine qui travaillent énormément et qui ne parviennent pourtant pas à joindre les deux bouts » : le constat est accablant. Il se devine à travers les visages marqués, les peaux brunes et tannées par le soleil ou l'alcool. Le cliché d'une marginalité qui n'aurait pas été choisie ? On est tenté de le croire parfois. Jamais rien pourtant n'est aussi simple, comme le rappellent Claudius et Tamina :  « Etre hobo signifie être en opposition avec cette forme de capitalisme. Etre hobo signifie être pauvre, mais s'amuser quand même ». Et vous le sentez là, le vent de liberté qui chatouille les cheveux quand la tête dépasse d'un train ou d'une voiture ? Il est d'autant plus fort, d'autant plus vif qu'il a une histoire, celle de la course vers l'Ouest des premiers pionniers. Celle de la Dépression et du Dust Bowl où beaucoup d'Américains voyageaient en « hoboes » pour trouver du travail et survivre. Celle de Kerouac, de la Beat Generation. Celle d'Easy Rider et des combis Volkswagen.








Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze



Le projet Hoboes traite d'une vraie aventure, d'une envie de voyager qui colle au corps comme des chaussettes de trois jours. Car il y a de la grâce chez ces gens qui vivent la vie qu'ils veulent vivre. Dehors. En ne prêtant attention qu'à leur rêve. Et c'est là justement que les visions deviennent plus personnelles. Tamina saisit cette course à l'idéal, ce chemin emprunté qui dévie de tous les autres, ce souci de rester vrai. Claudius de son côté est plus intéressé par la politique : « L'une des choses les plus horribles du capitalisme, c'est la façon dont il va jusqu'à absorber dans le marché ceux qui le critiquent. Achetez un sous-vêtement Che Guevara ! Mais ce n'est pas vrai au sujet des hoboes – ils décident de sortir de la chaîne de valeur ajoutée capitaliste, ils fonctionnent en dehors du système d'une certaine manière. »





Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze


Les deux photographes ont travaillé pour ce projet avec un M Type 240 que Leica leur a donné. Normalement, avouent-ils, ils sont plus chargés côté matériel, et Claudius adore son appareil en bois grand format. C'est dire. Pour la méthode, là encore les styles diffèrent. Claudius est très analytique et rapide dans son travail. Il a l'idée avant même de prendre la photo. Tamina elle, travaille plus lentement, prend le temps d'observer avant de photographier. Son travail a un rendu plus émotionnel, presque plus intime. Leurs différences se ressentent à travers leurs influences réciproques : Joakim Eskildsen et Sally Mann pour Tamina, et Luc Delahaye et Simon Roberts pour Claudius.



Hoboes © Tamina Zuch et Claudius Schulze


Sur ce projet, les conditions de travail étaient un peu particulières : « Le travail n'est pas toujours facile, en particulier quand l'espace est si limité. On est tous entassés dans un wagon, il y a très peu d'espace et on doit s'assurer de ne pas être sur la photographie de l'autre. » Et c'est encore plus compliqué quand un journaliste les rejoint afin de faire un sujet pour un magazine. On imagine ! « En fait nous étions hoboes nous-mêmes pendant un mois et nous étions « chiens de route » l'un pour l'autre, comme les hoboes le disent – c'est à dire voyager ensemble à un niveau très intense », ajoutent-ils, en précisant qu'ils sont devenus amis avec quasiment tous les gens qu'ils ont photographiés pour le projet. C'est ce qui arrive sur la route. Le partage de tout, du bien comme du mauvais. La solitude rendue impossible, même dans la situation la plus intime : ça crée un lien sacrément fort.

Pensent-ils les revoir un jour ? « On espère, mais tu ne sais jamais si ce sera possible. Cela fait partie du fait d'être un hobo. Aujourd’hui ici, demain là-bas... »





Emilie Lemoine



*Cf. Larousse : Nom d'une région des Grandes Plaines aux États-Unis où sévissaient, dans les années 30, de redoutables tempêtes de poussière provoquées par la sécheresse et l'érosion. Le changement de climat, ajouté à la dépression des années trente, poussa des milliers de paysans à émigrer vers la Californie. C'est ce thème qu'on retrouve dans le roman de J. Steinbeck « les Raisins de la colère ».



Emilie Lemoine

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