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Lartigue : la vie en couleurs !

Jeudi 04 Juin 2015 16:52:08 par Emilie Lemoine dans Livres Chroniques

Lartigue, la vie en couleurs - Martine d'Astier, Martine Ravache - Editions du Seuil
Ce pourrait être la couverture de Martine à la montagne. Entre kitsch et couleurs vives. « Du kitsch voulu et du bon kitsch » précise l'éditeur George Hersher lors d'un entretien avec Lartigue en 1980. Assumé dans tous les cas, voire sublimé. L'ouvrage Lartigue la vie en couleurs est comme un bonbon acidulé de nostalgie, mais beaucoup plus digeste que l'écoeurante série d'albums pour enfants susnommée. Car de l'enfance, le peintre-photographe n'a gardé que le meilleur : l'émerveillement constant face à a beauté du monde et à la vie en couleurs.

La preuve est irréfutable. Elle s'appelle « Giscard ». Nous sommes en 1974 et Jacques Henri Lartigue fait le portrait du nouveau président, officialisant par la même occasion sa liaison passionnée avec la couleur. « Mes photos n'ont rien à voir avec le genre "photo officielle" », avait-il répondu à la sollicitation de l'homme d'état : « Justement » avait rétorqué ce dernier.

Couleur et noir et blanc. L'originale et le classique. Des débats sans fin commencent avec l'apparition de la première, et la résistance noire et blanche s'organise autour de figures tutélaires. Pourtant, beaucoup d'entre elles se prêteront au jeu des clichés colorés. Il y aura les Polaroids de Walker Evans et d'André Kertesz, les kodachromes de Robert Doisneau, de Robert Capa ou de Bruce Davidson.


Bibi, Paris, janvier 1921. positif sur verre stéréo (6 × 13)
Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL



Lartigue n'a jamais caché son amour pour la couleur, que ce soit au travers des autochromes de sa jeunesse (1912-1927) ou des séries en Ektachrome qu'il adopte dès les années 50 et ce, jusqu'à sa mort en 1986. Mais paradoxalement, elle a été un pan délaissé de son œuvre, comme le rappelle la commissaire d'exposition Martine d'Astier, alors même que ce travail représente plus d'un tiers des 117 577 négatifs conservés à la Donation Jacques Henri Lartigue.

La vérité, pour Lartigue, c'est la couleur. Le fait qu'il soit aussi peintre explique aussi ce penchant : « Mais comme pour faire un tableau il me faut plusieurs heures, que je voyage beaucoup et que des milliers de paysages tentants défilent devant moi, j'ai essayé de consoler mon œil de peintre en faisant des photos en couleurs pour lesquelles deux minutes me suffisaient. »

La vingtaine d'autochromes de l'ouvrage montre un grain épais et la patine du temps sur ces images fragiles. On y voit le chapeau mauve de Bibi, son épouse, sous les roses au Cap d'Antibes en 1920. Du rose par ici, du rose par là, celui des fleurs éponymes, mais aussi des chapeaux, des bouches, des joues, des ongles... Le monde de Lartigue s'amuse, avec une insouciance et une légèreté toute bourgeoise. On l'y voit déguisé en femme, on distingue aussi les premiers maillots de bain collants : on est en 1927 et Nana, Bibi et les autres prennent la pause en bord de mer.

Bond dans le temps. Les années 50/60 et Kodak qui vient simplifier la photo couleur. Les clichés de Lartigue donnent l'impression d'être des tableaux de peinture, comme celui des inondations aux environs de Nantes, avec ce cheval qui se détache sur la rive opposée.


Florette, Vence, Mai 1954
Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL



Le photographe vient nous rappeler que le blanc peut aussi être une couleur. Il multiplie les photos de neige, tantôt lourde sur les branches d'arbres du bois de Boulogne, tantôt propice au surréalisme avec cette araignée sur sa toile entre les grands pins. Et puis il y a aussi Martine... euh Florette pardon, qui organise le pique-nique, son pull rouge au milieu du paysage tout blanc.

Et voilà qu'arrive « L'averse de printemps ». Florette dans les champs, les pruniers en fleurs, Florette rouge et Florette jaune comme les épis de blé qu'elle aide à faire sécher. Florette aussi obsessionnelle que le coquelicot chez Lartigue, c'est peut-être le nom qui veut ça.


Sylvana Empain, Juan-les-Pins, Août 1961
Photographie Jacques Henri Lartigue © Ministère de la Culture - France / AAJHL


L'artiste passe des bonnes sœurs de Lourdes aux seins de Marie Bailey à travers l'eau chlorée de la piscine d'Eden Roc, de JFK à Fanny Ardant en passant par Picasso, Cocteau, etc. Tout l'intéresse et tout l'émerveille. Pourquoi choisir et renoncer ? De son premier appareil photo reçu à l'âge de huit ans à sa mort à 92 ans, Jacques Henri Lartigue a pris plaisir à tout sans renoncer à rien : « Une chose que je ne comprends pas, c'est qu'il n'est pas trop permis d'adorer à la fois les radis et le gâteau au chocolat, la Côte d'Azur et les pays du Nord »*.

Lartigue, la vie en couleurs
Martine d'Astier, Martine Ravache
168 pages - 29.90 €

Editions du Seuil



Emilie Lemoine


*Hervé Guibert, Le Monde, 24 janvier 1985

Emilie Lemoine

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