Manhattan's Water Tanks 2012 - © Philippe Lévy-Stab
Chroniques du 22/5/2015 au 24/9/2015 Terminé
La Maison des Etats-Unis 3, rue Cassette 75006 Paris France
Le jazz serait-il le style musical le plus esthétique qui soit ? C'est en tout cas ce qu'aiment à penser certains photographes, passionnés par ce milieu artistique et qui oeuvrent depuis des années dans l'ombre des musiciens pour collecter des souvenirs de leurs apparitions en concert. L'exposition « Jazz, the sound of New York » de Philippe Lévy-Stab, visible à la Maison des États-Unis jusqu'au 24 septembre, capte l'essence du jazz dans les entrailles de New York, avec des clichés esthétiquement chiadés, sur tirage argentique en noir et blanc et papier baryté. Musique et image ne font plus qu'un. La Maison des Etats-Unis 3, rue Cassette 75006 Paris France
Du confinement des caves de concert fumantes et transpirantes, aux visages des jazzmen transportés par la musique jusqu'au petit matin, tout dans le jazz fascine. Une fascination d'autant plus réelle que les clichés en noir et blanc de Philippe Lévy-Stab donnent l'image d'une musique élégante et sophistiquée. On est rapidement transporté dans l'univers que le photographe a voulu rendre grâce à ce style visuel très esthétisé et maîtrisé. Rien n'est en trop, rien ne jure.
Tyler Mitchell, 2012 © Philippe Lévy-Stab
Pour Philippe Lévy-Stab, cette maîtrise technique est absolument nécessaire pour représenter ce qu'est le jazz. « En photographie, j'applique les mêmes codes que les musiciens en musique : des codes d'élégance, de simplicité et de sophistication. » L'univers du jazz spontané se mêle presque instinctivement à l'art de la photographie. De là naît une contradiction : malgré une technique impeccable et sobre, les clichés n'en sont pas moins chargés en émotions.
Le Jazz, un art complexe
Ricky Ford, Bill Saxton, Wallace Roney, Bobby Watson...Les visages des jazzmen expriment des émotions très complexes à déchiffrer, entre la concentration et l'attente avant les concerts et le bonheur procuré par la scène. Observer le visage des musiciens est assez fascinant, car ces derniers semblent si concentrés sur leur musique, que l'appareil photo leur est complètement étranger. Aucun d'eux ne regarde l'objectif de Philippe Lévy-Stab. Ce qui laisse la possibilité au photographe de s'adonner à loisir à l'exercice du portrait. « Il y a une concentration quasi permanente, souligne le photographe, car pour les jazzmen, il est hors de question d'être moins bon à 4h du mat' que la veille. »
Wynton Marsalis 2011 NYC © Philippe Lévy-Stab
Le jazz est une musique complexe aussi bien rythmiquement que mélodiquement, pourtant l'exposition donne une impression de simplicité étonnante. Philippe Lévy-Stab l'explique : « On photographie bien ce que l'on connaît ». Peut-être que le secret réside là. En effet, on ressent vite dans la série la passion très forte du photographe pour ses sujets. Depuis trente ans, Philippe Lévy-Stab côtoie le monde du jazz. Beaucoup des photographes qui gravitent autour de cet univers musical exaltant sont d'ailleurs eux-même musiciens, ce qui peut expliquer leur connaissance pointue du milieu.
Downtown Manhattan 2010 © Philippe Lévy-Stab
New York, capitale mondiale des jazzmen
Entre tous ces passionnés, un point divise : quelle ville représente le mieux le jazz exactement ? Philippe Lévy-Stab a tranché. Pour lui, New York est le ciment de la communauté des musiciens. D'ailleurs, l'exposition relie la ville à la musique de manière fusionnelle. Des clichés de l'Empire State Building, du Chrysler Building ou encore du Queensboro Bridge sont affichés. De Manhattan à Harlem, le jazz semble être partout.
Manahattan Lights 2010 © Philippe Lévy-Stab
New York constitue, selon Philippe Lévy-Stab, un point de rencontre culminant entre tous les jazzmen, qu'ils viennent d'Europe, de Russie ou du fin fond de la Louisiane. C'est sur les scènes new-yorkaises que naît le degré d'excellence. « À New York, la musique se sélectionne tous les soirs d'elle-même. Les artistes viennent jouer pour se mesurer les uns aux autres », s'exalte le photographe, que la cadence infernale de la ville inspire. Et cette vie urbaine qui palpite ressort avec beaucoup de force des clichés. On aperçoit le trafic des voitures, les rooftops, les rues désertes en pleine nuit. Les jeux de lumières et les clairs-obscurs sont exacerbés. Avec cette ambiance du New York by night, l'exposition est une très bonne entrée en matière pour plonger dans l'univers du jazz.