Les cowboys et les indiens, Madagascar © Nicolas Henry
Le parcours de Nicolas Henry est pluriel, comme sa photographie. Peinture, éclairage, théâtre, danse, film, installations, etc. il y a un peu de tout ça dans ses clichés : « Ce qui m’intéresse dans la photo, c’est de créer une sorte de théâtre itinérant à travers le monde, mes images font participer les gens que je rencontre. On peut créer chaque jour une nouvelle mise en scène et la partager tout de suite avec les autres. C’est une manière de découvrir le monde et les préoccupations de chacun. »
Moussa et les livres de lois, Turquie © Nicolas Henry
La série Les contes émerge alors. Suivra Trait d’union, une série de portraits de communautés, pour laquelle le nombre de modèles s'agrandit : « Comme dans l’apprentissage des peintres anciens, on démarre du portrait individuel pour construire des fresques comportant de plus en plus de décors et de personnages. »
Yukari et les Sakuras, Ehime, Japon © Nicolas Henry
Prison pour jeunes filles, La Paz, Bolivie © Nicolas Henry
Nicolas Henry joue avec l'équilibre entre mise en scène et réalité jusqu'à parvenir à ce « spectacle spontané », clé de voûte de son projet artistique. Et comme dans toute représentation, il y a les acteurs, mais il y a aussi les spectateurs qui restent souvent ébahis devant les décors construits pour l'occasion.
Du Brésil au Népal en passant par l’Afrique du Sud, voilà bientôt dix ans que le photographe tourne autour du monde. Un mode de vie nomade qui multiplie les possibilités de rencontres. La plus marquante ? « Le moment présent est souvent le plus fort, en ce moment je suis à Istanbul, avec les réfugiés syriens, cela me plonge dans le tourbillon de l’existence qui transforme les vies. »
Réfugiés syriens, Turquie © Nicolas Henry
Un bus pour que les enfants aillent à l’école, Village Omor, Ethiopie © Nicolas Henry
Communauté Rasta, Shashemen, Ethiopie © Nicolas Henry
De la couleur de la couleur rien que de la couleur. Le rouge et le jaune tout particulièrement viennent pimenter les photographies et éclater la monotonie du quotidien. Le noir et blanc serait-il proscrit dans les clichés de Nicolas Henry ?
« Le noir et blanc a un pouvoir extraordinaire pour poétiser le réel, et dégager les structures formelles dans l’image. Mais je n’en ai jamais fait, car les couleurs que je rencontre dans le monde entier font partie du témoignage que je mets en scène. La couleur m’émeut et est un message dans la vie des gens, elle émerge souvent dans des contextes assez dramatiques et pour moi porte un message. »
Côté matériel, l'homme travaille avec un Hasselblad 503 cw, souvent avec un objectif 40 mm FI et phase one P45+ au dos, avec un studio 8 torches Bowens sur batterie, les boîtes à lumière pour les modèles, et les bols pour le décor en open flash. Côté routine, c'est au matin que tout commence : « Le matin, je cadre sur mon trépied et je vais passer la journée à créer les décors, les lumières et les idées pour la mise en scène des images. »
Mais Henry n'est pas seul. Derrière ses oeuvres se cache un vrai travail d'équipe. Le photographe mobilise entre 4 et 10 personnes avec qui il glane, collecte et construit : « Le soir à la tombée du jour, on nous rejoint et la représentation commence avec les lumières. »
Eglise-Mosqué, Ankobar, Ethiopie © Nicolas Henry
L'avenir de Nicolas est aussi pluriel que ses œuvres : un peu de Jules Vernes, une exposition tout l'été à Bonifacio avec sa compagne et photographe http://www.nicolashenry.com/index.php?page=1", une autre qui se termine en Corée, et un petit tour à Sedan au mois de juin, pour http://www.nicolashenry.com/index.php?page=1".
Son petit théâtre photographique ambulant n'a pas fini de tourner...
Emilie Lemoine