Autoportrait [Self-portrait], 1928 gelatin silver print, vintage 39,3 x 25,5 cm Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
Miroir, miroir ne me dis pas qui est la plus belle car je m'en fous. Voilà ce que semble dire son autoportrait de 1928, l'une de ses œuvres les plus connues car résolument moderne et décalée. Bras croisés, cheveux courts, yeux et bouches maquillés au cœur d'un visage pâle, carré et concentré sur le miroir et les deux boules métalliques qui lui font face. Trouble dans le genre, féminin et photographique. Sur un autre portrait d'elle, Florence Henri se met en scène et joue avec le reflet d'une carrure imposante, tout droit sortie d'une jolie robe, s'affairant autour de son appareil (1927-1928).
Elle aime les portraits, ceux de ses amis bien sûr, et ceux des grand-e-s aussi comme Delaunay, Léger ou Kandinsky. Ses gros plans et ses noir et blanc détaillent tous les traits du visage. La plupart du temps, leurs yeux n'osent d'ailleurs pas regarder l'objectif. Ceux des anonymes ou des modèles sont encore meilleurs, notamment ce portrait vers 1930 qui montre une femme, mélange de Louise Brooks et de Josephine Baker, au visage grumeleux, grêlé.
Fernand Léger, 1934
Florence Henri
© Galleria Martini & Ronchetti
Portrait Composition, Tulia Kaiser, ca 1930
gelatin silver print, vintage
23 x 29,2 cm
Achat grâce au mécénat de Yves Rocher, 2011.
Ancienne collection Christian Bouqueret
Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle
Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
Photo ©Centre Pompidou, Mnam-Cci, Dist. Rmn-Grand Palais / Georges Meguerditchian
Femme aux cartes [Woman with cards], 1930 gelatin silver print, vintage
39 x 28,5 cm
Private collection, courtesy Florence Henri Archive, Genoa Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
A la recherche de la nouvelle photographie
Notre photographe en herbe participe à l'émergence de la nouvelle photographie de la fin des années 1920. Empreintes de surréalisme, façonnées par le cubisme et tous les néo-mouvements artistiques de l'époque, certaines œuvre aujourd'hui pourraient ennuyer alors même qu'elles étaient faites pour bousculer les codes en vigueur et tendre vers la modernité. Des clichés montrent ainsi les structures du palais de l'air ou le pont transbordeur de Marseille, symbole de ces temps modernes, qui domine de toute sa structure métallique les petits bateaux sur l'eau irisée.
Miroirs, fenêtres, cadres, grilles, boules, bobines. Les objets sont pris en dehors de leur contexte, elle joue avec leurs formes, leurs reflets, leurs géométries. La poésie des choses rejoint parfois l'expérimentation, avec le carrousel cygne du bord de mer par exemple.
Il y a la proposition oblique des images, cette diagonale caractéristique de la nouvelle photographie. Il y a cette recherche picturale permanente, que ce soit dans ces photos de coquillettes La Lune et de sel Selcroix, prises pendant son passage par la publicité, ou bien dans ses natures mortes de roses, de poires ou de cactus. Il y a Rome enfin, qui convainc beaucoup plus, avec ses collages et photomontages qui rendent grâce à une antiquité désarticulée, à un empire grec amputé, décapité. Tête de statue échouée sur une couverture, l'océan derrière.
Structure (intérieur du Palais de l'Air, Paris, Exposition Universelle) [Structure (Interior of the Palais de l’Air, Paris, World’s Fair)], 1937
gelatin silver print dated 1976
17,5 x 17,5 cm
Private collection, courtesy Florence Henri Archive, Genoa Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
Composition, 1928 gelatin silver print, vintage 27 x 37,1 cm
Museum Folkwang, Essen
Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
Composition Nature morte [Still-life composition], 1931 gelatin silver print, vintage
45,9 x 37,7 cm
Private collection, courtesy Florence Henri Archive, Genoa
Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
Composition, The Glory that was Greece, ca 1933 photomontage, gelatin silver print dated 1975
23,5 x 29,5 cm
Private collection, courtesy Florence Henri Archive, Genoa Florence Henri ©Galleria Martini & Ronchetti
« Avec la photo, ce que je veux surtout c'est composer l'image comme je le fais avec la peinture » : Florence Henri a été une compositrice, en perpétuelle quête de nouvelles mélodies graphiques, au risque quelquefois de se (nous) perdre.
Emilie Lemoine
Taryn Simon est aussi au Jeu de Paume : notre chronique est à lire http://actuphoto.com/31171-taryn-simon-s-expose-au-jeu-de-paume.html