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Osborne Macharia et ses flamboyants gardiens maasaï

Vendredi 26 Décembre 2014 16:19:52 par Emilie Lemoine dans Carte Blanche

Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) © Osborne Macharia
Le rouge et le noir. Pas celui de Stendhal. Au diable le romantisme franc-comtois et les passions bourgeoises ! Nous sommes ici entre le Kenya et la Tanzanie, chez les gardiens Maasaï que le photographe Osborne Macharia a su saisir d'une manière toute personnelle et relativement inédite. D'ailleurs le noir n'est pas tout à fait noir. Car s'il est par définition la couleur de l'absence de lumière, il n'est presque nulle part dans les clichés de Macharia où les peaux et la nuit n'ont jamais été aussi lumineuses. Sa série "Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat)" est notre Carte Blanche de janvier et elle va vous réchauffer !

Osborne Macharia, photographe par hasard


Osborne Macharia se décrit lui-même comme artiste et photographe publicitaire. Basé à Nairobi au Kenya, cet autodidacte est tombé sur la photographie un peu par hasard alors qu'il étudiait l'architecture. Ayant raté une unité, il a dû refaire toute une année universitaire juste pour la rattraper. Autant dire qu'il a eu beaucoup de temps libre ! C'est à ce moment précisément qu'il découvre http://www.joeyl.com/", un Canadien et photographe de pub lui-aussi :

« J'ai été époustouflé. Je n'avais jamais vu la photographie sous cet angle, en particulier sa série en Ethiopie. J'ai commencé à faire des recherches jour et nuit. Comme je n'avais pas d'argent et que je ne pouvais pas m'acheter un appareil, j'ai commencé à faire des maquettes architecturales et j'ai investi l'argent gagné en achetant du matériel. J'ai fait ça pendant trois ans avant que ma photographie ne me suffise pour vivre. Je n'ai jamais regretté depuis. Je ne pense pas que je serais arrivé si loin si je m'étais contenté de l'architecture. »

En 2014, Macharia veut faire en sorte que ses sujets soient plus personnels. Le choix de photographier les Maasaï s'inscrit précisément dans cette volonté d'avoir un vrai regard photographique, personnel et original : « Je voulais vraiment faire quelque chose qui n'avait jamais été fait avant sur les Maasaï. Il y avait déjà eu tant de documentaires ou de photos que ça en devenait un peu monotone et ennuyeux. »

Le photographe ne pensait pas que son travail attirerait autant l'attention. Et pourtant cette courte série de cinq photographies, "Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat)", a séduit par l'originalité de ses clichés et leur postproduction assumée. Cette reconnaissance lui a donné plus d'espace, de liberté pour développer son style.


Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) © Osborne Macharia


« Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) », un regard différent sur les Maasaï


Comment parvenir à montrer les Maasaï autrement, alors même qu'ils sont l'une des tribus les plus connues et les plus photographiées/filmées dans le monde ?

Il s'agit presque d'un défi pour Osborne Macharia. Il souhaite aussi montrer à quel point leur culture et leurs valeurs témoignent d'une constance et d'une cohérence à l'heure d'une course mondiale effrénée vers la modernité.

La rencontre avec ces gardiens d'Isarrat fut brève mais nécessita d'âpres négociations. C'est le jeu. Il en vaut la peine :

« Je voulais simplement les saisir d'une manière différente. On a dû voyager près de la frontière entre le Kenya et la Tanzanie et passer une journée entière avec eux. Il y a eu des négociations, j'ai dû acheter des cadeaux et passer près de deux heures pour négocier et expliquer nos intentions aux anciens de Manyatta. Quand on a eu l'autorisation, j'ai shooté jusqu'à avoir ce que je voulais. »

La post-production des images a été plus longue :  l'artiste a passé une semaine à retravailler ces clichés.


Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) © Osborne Macharia



Il y a dans les photos de Macharia le calme et la plénitude que la nuit porte en elle parfois. Tout devient silencieux ou presque. Les tresses, la peau, les veines se nimbent d'une lumière surréelle, magique. Les quatres hommes debout ont la fierté des guerriers sans en avoir la violence. Ils sont gardiens plus que combattants, leur puissance vient d'une sérénité millénaire, d'un horizon lointain qu'ils ne perdent jamais de vue, surtout pas le plus ancien.

Et puis soudain la couleur fut. Le drapé rouge flamboyant éblouit l'oeil. Portés différemment selon chaque homme, ces habits, comme les bracelets et leurs colliers multicolores, viennent troubler la tranquillité nocturne. Les mouches, qui aiment voler autour des nombreux troupeaux, ont d'ailleurs elles-aussi joué les trouble-fête et compliqué le travail du photographe.



Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) © Osborne Macharia

Les années passant, Osborne Macharia a appris à apprécier le processus de pré-production. Il aime faire des esquisses et prendre des notes, rechercher et planifier son travail : « Je retouche mes propres images donc il faut que ce soit pris en compte au moment où je conçois mon projet. Je classifierais mon travail en trois étapes : pré-production, prise de photo et post-production. » Côté matériel, il utilise le Hasselblad H5D pour la majorité des publicités et des projets personnels : « Je ne serais pas capable d'atteindre l'intensité et la richesse des couleurs et de la texture avec du 35 mm. J'utilise encore mon Canon 5dMkII pour des projets qui vont vite. »

L'art avant tout, l'Afrique aussi


Avec un festival photographique comme celui de Lagos ou le développement du web (http://www.joeyl.com/"), le continent africain a su montrer qu'il n'était pas en reste côté photo. Macharia en est bien conscient et revendique une conscience artistique doublée d'une revendication de l'identité africaine : « De mes échanges avec des photographes passionnés, je peux dire qu'il y a un sens profond de l'identité. Chacun veut dire son histoire comme il la voit, ce qu'ils connaissent comme réalité. »


Illarripok Loosarrat (Guardians of Isarrat) © Osborne Macharia


« Ma vision est de faire un travail artistique global à partir d'un contexte local, de voir l'art africain, mais aussi la musique, la mode et les créations africaines, se compléter sur une plateforme mondiale et être reconnus. » précise-t-il de son côté. Quand on évoque une éventuelle portée sociale et politique, Osborne déclare pourtant sans ambiguité qu'il n'y en a aucune, il s'agit juste de création, d'art.

Comment voit-il demain ? Comme une promesse. Grâce au web, il a la possibilité d'avoir plus d'opportunités de collaborer avec d'autres artistes, tout autour du globe :

« Des collaborations s'annoncent, tout comme des voyages dans d'autres pays africains afin de montrer leurs tribus et leur culture d'un point de vue africain. Je sais que nous avons nos problèmes comme continent mais la passion de promouvoir le côté positif et prometteur l'emportent sur les remises en question. »


Emilie Lemoine



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© Actuphoto.com Actualité photographique

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