© Lionel Pralus
Issu du grec, "epectase" désigne un terme théologique. « Epectase » est une tension intérieure vers Dieu ou la mort pendant l'orgasme. Les deux artistes se sont emparés de ce mot polysémique pour en créer un projet photographique. Entre réflexion et spontanéité, le duo se complète. Corentin Fohlen, cartésien et Jérôme von Zilw, croyant, collaborent ensemble pour la série « Le Philosophe ». Ils proposent ensemble un travail bondissant et fantaisiste. L’un sera derrière l’objectif, l’autre devant. Et vice-versa.
Ils choisissent pour décor, une architecture sinistre, des zones pavillonnaires, des forêts alignées, un univers banal qu'ils reconstruisent. Grâce à leur créativité et leur imaginaire absurde, EPECTASE transforme les lieux où l’homme semble à la fois absent et omniprésent.
« En traction, en suspension, en imminence de chute, un corps que nul artifice ou trucage ne vient seconder. Au cœur de ces rencontres la poésie s’installe, la vie surgit, l’imaginaire se déploie. »
Amours mièvres (31 mars 2012. Pont-de-Courbon, D613-Route de Paris. France.) © EPECTASE
L’impact (13 décembre 2013. Aubepierre-Ozouer-le-Repos, Rue du Pourtours. France.) © EPECTASE
Le lecteur peut se demander ce que le duo cherche à partager. La réponse est simple : « être libre ». Le collectif part des lieux pour imaginer ensuite des mises en scènes. Avec leur camion, les artistes errent et prennent leurs photos.
En réel professionnel d'improvisation, EPECTASE trouve ses idées en partant du décor. Quelques heures passées à errer en Normandie, à Marseille, parfois des semaines entières pour entamer une série de photos. Moteur de leur travail, la série « Le Philosophe » magnifie la pauvreté de certains lieux de vie.
Dans une totale liberté, Corentin Fohlen et Jérôme von Zilw s'amusent à inventer des mises en scènes originales et burlesques. Il en émane tour à tour un humour absurde.
« Absurde dans un monde absurde. Geste de liberté dans des paysages étriqués. Danse anarchique au sein de l’architecture mineure. Nos photos sont le fruit d’événements improvisés. Nous partons au hasard, à l’instinct, et cherchons des endroits que l’on peut perturber ou réinventer. Nous ne demandons jamais d’autorisation et ne truquons jamais nos images. Le sentiment de réalité doit donc transpirer de nos clichés, tout autant qu’une une certaine universalité magique. »
Cadillac (12 mai 2013, Vélizy, Centre Commercial Vélizy 2. France.) © EPECTASE
Le mambo du caniche (19 mai 2012. Sussy-en-Brie. France.) © EPECTASE
Nées de la recherche, au gré de voyages, de lieux propices à la perturbation, les images permettent de prendre avec humour, certaines questions existentielles. EPECTASE invite le lecteur à rester ouvert.
EPECTASE réussit à redonner vie à des lieux étriqués et apporter de la poésie dans le sinistre.
Ah bon ? (18 juillet 2013. Biéville-en-Auge, D613-Route de Paris. France.) © EPECTASE
Nathalie Keosouvanh