Graf est un label japonais comme il n'en existe pas en France. Six photographes japonais scindent un groupe qui va au-delà de l'idée du collectif, mais qui travaillent ensemble telle une famille photographique forte et inspirée. Depuis 2012, une revue éponyme diffuse 3 fois par an des travaux de photographes japonais émergents, en devenir.
Jusqu'au 10 mai prochain, la prometteuse galerie parisienne in)(between gallery présente le travail de quatre des six membres du label, ceux-là même qui l'ont créé, Shuhei Motoyama, Hiroki Matsui, Toshiyasu Nishikido et Ryo Katayama.
Rencontre avec le leader du label, Hiroki Matsui.
© Hiroki Matsui
Quelles sont les figures de l'art ou de la photographie qui vous ont inspiré ?
La photographie, en général, cependant l'influence la plus importante provient de ce que je vois dans les paysages et la nature... Je prends toujours des photographies de paysages ; la nature m'inspire et me tient éloigné de mon existence. J'aime les endroits dotés de nature, où je peux sentir la présence d'une vie cachée, comme des champs de neige, des plages désertes...
Pouvez-vous expliquer le concept Graf ?
L'autonomie en est la clé. J'ai voulu créer moi-même un média pour montrer mes images, car les magazines de photographie japonaise se focalisent toujours sur les mêmes photographes. Je veux également garder les images du jour comme un souvenir.
© Kikuchi
© Ryo Katayama
© Shuhei Motoyama
Quel est, pour vous, la différence la plus importante entre un collectif et un label ?
Généralement la plupart des artistes essaient d'exposer leurs photographies dans des galeries. Beaucoup de photographes japonais appartiennent à un groupe et à leur propre galerie privée. Notre différence, c'est nous exposons les nôtres en imprimant les publications comme une partie de notre processus d'impression photographique. A la fin du XXeme siècle, beaucoup de photographes montraient leurs images dans des publications comme « le coterie magazine », et de nos jours, cela est plutôt rare.
Comment avez-vous décidé de créer Graf ?
Après avoir terminé mes études, j'ai voulu avoir un endroit pour exposer mes images. Une fois que j'ai essayé d'ouvrir une galerie privée avec d'autres artistes pendant mon planning, j'ai consulté M.Motoyama (maintenant membre de Graf) qui avait dirigé une galerie privée, et avait finalement une meilleure compréhension des choses. J'ai décidé de créer mon propre label, pour être distingué des autres artistes.
Le mérite de produire des publication imprimées est que nous pouvons être distingués, par conséquent facilement identifiés, et nos publications sont gardées comme un souvenir de notre photographie et processus d'impression.
© Hiroki Matsui
© Shuhei Motoyama
© Ryo Katayama
Quel est son but et son fonctionnement ?
Je suis le leader du groupe et l'éditeur en chef ; cependant, l'apport de Shuhei Motoyama, ses pensées, opinions et directives sont fortement reflétées par notre fonctionnement en tant que label, tout comme nos publications imprimées. Shuhei Motoyama est le plus âgé et est celui qui a la carrière la plus longue en tant que photographe et auto-éditeur, il est davantage le leader de foyer.
En tant que membre de Graf, nous nous rencontrons relativement souvent, normalement une fois par semaine dans un bar à Shinjuku, pour passer en revue notre planning et besoins pour le magazine Graf et parfois d'autres publications sur lesquelles nous pourrions travailler, sur nos propres livres. En tant que Graf, nous publions 3 volumes/magazines par an. Sinon, chacun de nous maintenons nos propres autres activités artistiques.
En utilisant Graf en tant que plateforme, j'espère que chacun des artistes développera son activité indépendante et sera plus actif. (Je ne suis pas intéressé de recevoir des prix pour des publications ou de gagner quelque chose comme le Prix Pulitzer).
Graf invite régulièrement d'autres artistes autour du Japon pour être publié dans chaque nouveau volume ; nous nous focalisons sur des photographes indépendants, pas encore connus, plutôt des artistes émergents. Nous pourrions demander à des artistes bien connus comme Daido Moriyama, ils accepteraient peut-être d'apparaître dans notre magazine, pourtant, nous coopérons avec des artistes émergents, parfois des artistes inconnus.
© Kikuchi
© Ryo Katayama
© Hiroki Matsui
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre dernier projet ?
Pour Graf : Graf magazine 7, et en tant qu'éditeur indépendant : Brut photography avec in)(between gallery. J'ai réalisé la mise en page entière du livre, les corrections graphiques des plus ou moins 420 photographies et organisé l'impression au Japon. Cela fut un projet inspirant : dans le livre, nous avons respecté l'ordre dans lequel toutes les photographies ont été prises par les 6 artistes handicapés mentaux, c'est un ouvrage photographique très inspirant.
Et le prochain ?
Pour Graf, le numéro 8 de Graf magazine est notre projet à venir. Personnellement, un catalogue d'artiste avec in)(between gallery, et un livre photo pour l'un des membres de Graf.
Propos recueillis par Claire Mayer