© Marcos Betanzos
Carreteros : stories of urban migration est un projet longuement mûri par Marcos Betanzos « Je l'ai documenté pendant plus de 18 mois, vivant dans l'une des plus grande décharge d'ordures de la zone métropolitaine de la Vallée de Mexico. Plutôt que de réaliser des scènes très inhabituelles en un jour, j'ai décidé d'aller le plus près possible de la réalité d'un endroit où vivent des gens, j'ai senti que je devais observer ma réalité de manière très concrète, m'éloigner des titres académiques. » Le constat que Marcos Betanzos a fait de cet endroit est déconcertant, et son regard a oscillé entre l'horreur et l'étonnement « Chaque semaine, j'entrais dans la décharge sans savoir à quoi m'attendre. J'ai pensé que je trouverai juste le pire parmi les débris d'une société qui idolâtre la consommation dont je fais partie, mais que je trouverai beaucoup de choses qui auraient une beauté inhabituelle. Donc, ne sachant pas où me placer, cette confusion m'a poussé à faire des photographies et j'ai conclu le projet. »
Foulant cette inimaginable déchetterie, le dessein du photographe prend forme et se construit sous ses yeux « L'exigence de proximité et de respect m'ont permis d'avoir une plus grande compréhension de l'essence du projet et m'a également sensibilisé à cette autre beauté qui paraît invisible et peu importante. » Le but de ce projet a été pour Marcos Betanzos « de donner de la visibilité aux gens qui travaillent là dans la dignité et sont constamment oubliés dans un pays comme le mien ».
© Marcos Betanzos
© Marcos Betanzos
Né à Mexico City en 1983, Marcos Betanzos se forme au départ à l'architecture, à l'Escuela Superior de Ingeniería y Arquitectura del Instituto Politécnico Nacional de Mexico. « Une fois que j'ai fini mes études professionnelles, j'ai voulu fouiller plus profond dans la photographie (…) En 2008, j'ai décidé que la photographie serait professionnelle pour développer différents intérêts personnels, et de là réaliser de la photographie documentaire, d'architecture et de l'enregistrement urbain. Je photographie ce que je vois, mais aussi l'indication d'une certaine tension, qui semble parfois sans appel ». Les inspirations du jeune photographe sont diverses, ont comblé son désir de photographie et aiguisé un œil averti « J'ai commencé à regarder les images d'Álvarez Bravo, Yuji Saiga, Jeff Wall, Hiromi Tsuchida, Graciela Iturbide, Hector Garcia, Alberto García-Alix, Federico Gama, Gerardo Suter, Henri Cartier-Bresson et beaucoup d'autres. Maintenant, je suis envoûté par l'analyse du travail réalisé par Dulce Pinzón, Maurizio Buscarino, Magnus Neideman et des photographes d'architecture comme Roland Halbe, Iwaan Baan, Julius Shulman, Yukio Futagawa. Une grande partie du travail de contemporains suscite mon admiration comme Patrick Jaimes, Julio M. Romero, Onnis Luque, Germán Alexandra, Aglaia Cortés, tous de talentueux photographes mexicains. » Une inspiration complète et multiple, qui a contribué à son talent de photographe.
© Marcos Betanzos
© Marcos Betanzos
Ses images de la déchetterie de Neza sont non seulement fortes de sens, mais parviennent également à toucher la sensibilité de son public. Esthétiquement réussies, elles montrent une réalité difficile, et le tour de force du photographe est de réaliser des images où les couleurs éclatent, et où la vie semble se pérenniser.
© Marcos Betanzos
© Marcos Betanzos
Ce projet passionnant et essentiel est né il y a quelques années dans l'esprit de Marcos Betanzos « J'ai décidé de réaliser ce boulot lorsqu'un centre commercial appartenant à un businessman, Carlos Slim, a ouvert. Avec la présence du centre commercial, les investisseurs et les membres du gouvernement ont fièrement acclamé que ce progrès s'était étendu à Ciudad Nezahualcoyotl. Honnêtement, cela fut un challenge pour moi et j'ai décidé de prouver que cette déclaration était fausse, que derrière le centre commercial il y avait toujours les mêmes personnes avec les mêmes problèmes sans bénéfices directs. Du pur maquillage et un énorme problème social lié à la gestion des déchets avec jusqu'à aujourd'hui aucune solution trouvée à moyen terme et viable.
Notre président actuel, Enrique Peña Nieto, a dit en 2009 en tant que gouverneur de l'Etat de Mexico, quand le centre commercial s'est ouvert « le centre commercial est devenu un centre économique, sportif, culturel de développement et services, qui facilitera la vie de famille et augmentera la qualité de vie des citoyens... »
Et cela n'est pas arrivé, c'est uniquement un business particulier consolidé sous l'apparence d'avantages collectifs. La réalité n'a pas changé »
Ainsi, dans Carreteros : stories of urban migration, Marcos Betanzos livre à son public la réalité d'une vie, bien éloignée de celle mirobolante présentée par les politiciens.
© Marcos Betanzos
Contact : @MBetanzos / http://vimeo.com/78023105"
Claire Mayer