© Cristina de Middel
Après un parcours aux Beaux-Arts, Cristina de Middel étudie la photographie aux Etats-Unis, pour arriver enfin au photojournalisme, qu'elle apprend à Barcelone. Photojournaliste pendant presque 10 ans, elle décide, en janvier 2011, de faire des images selon ses propres désirs, de suivre ses envies photographiques. C'est alors qu'a débuté son projet « The Afronauts », un reportage singulier et détonnant qui, inévitablement, marque les esprits. « Lorsque j'ai quitté le journal pour lequel je travaillais, j'ai commencé des recherches sur des histoires étranges, qui sortaient de l'ordinaire. J'ai découvert cette histoire en Zambie. Je me suis alors demandée si c'était vrai ou non, ça ne semblait pas possible ». En effet, en 1964, année de l'indépendance de la Zambie est mené, pour célébrer cette victoire, un projet spatial destiné à envoyer le premier Africain sur la lune. Ce projet, à l'initiative d'Edward Makuka, chercheur, ne voit finalement pas le jour, faute de moyens financiers. Dans la lignée des Etats-Unis et de l'URSS, l'Afrique veut aussi sa place sur la lune, mais sans y parvenir. Cristina de Middel décide donc de se documenter sur le sujet, d'enquêter, de comprendre.
© Cristina de Middel
© Cristina de Middel
« C'était pour moi une chance de parler de l'Afrique différemment, en général on ne connaît qu'une vision partielle de la réalité. » Ce projet a débuté fin 2010, pour s'achever début 2012. « Je menais d'autres projets à côté, et j'ai utilisé des images déjà existantes, tout en réalisant moi-même d'autres photographies. »
Lorsque l'on découvre les clichés des « Afronauts », effectivement la surprise est de mise, et c'est sur cette ambiguité que joue la photographe « J'ai voulu construire une histoire de l'Afrique en documentant le cliché. C'est difficile de parler de l'Afrique sans réduire l'Afrique à des clichés. J'ai voulu, par le biais de cette série, pousser les gens à se questionner si tout cela était vrai ou non, pourquoi devrait-on croire que ce projet est si incroyable, pourquoi ne pourrait-on pas se dire tout de suite que c'est vrai ? ».
© Cristina de Middel
© Cristina de Middel
En effet, au-delà d'un projet photographique intrigant et esthétiquement intéressant, la photographe s'est penchée sur la question du poids de l'image, sur l'importance dont on regarde une image et l'utilise : « Il y a un véritable danger dans la façon dont on consomme les images, il est important de garder son esprit critique. »
Ainsi, Cristina de Middel a voulu mettre en avant un projet hors du commun car très peu connu, un projet que l'on ne s'attend pas à découvrir, et qui pourtant a bel et bien existé. Elle pousse le public à s'interroger sur la prédominance des clichés, en particulier ceux déjà existants sur l'Afrique, et à tenter de s'en défaire.
© Cristina de Middel
© Cristina de Middel
Quant au titre, il est venu naturellement s'intégrer dans le projet « J'ai commencé à utiliser ce titre d'Afronauts instinctivement lorsque j'expliquais le projet aux gens. J'ai découvert par la suite que c'était le nom d'un groupe, pas très connu, mais au final ce titre est très efficace ! ».
Invitée du Festival Circulation (s) cette année dans la catégorie « projets spéciaux », Cristina de Middel ne s'arrête pas pour autant en si bon chemin. Alors qu'elle vient de présenter un nouvel ouvrage photographique sur la Streetphotography qu'elle met en scène, en utilisant l'image pour raconter une histoire, elle travaille également actuellement sur un nouvel ouvrage, un objet documentaire qu'elle réalise sur la Chine.
A seulement 38 ans, Cristina de Middel n'a pas fini de surprendre et de surtout de conquérir.
© Cristina de Middel
© Cristina de Middel
Claire Mayer