L'un s’appelle Reza. Il naît en 1952 à Tabriz, capitale de la province de l'Azerbaidjan oriental, au nord-ouest de l'Iran. En 1981, il est contraint à l'exil et quitte l'Iran pour New York, puis Paris. Il est l'un des plus grands photoreporters français.
Le second s’appelle Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul. A l'âge de 9 ans, il est envoyé par son père à l'école Nationale des Cadets de la Révolution, pour faire de lui un officier. Il le sera pendant 36 ans. En 2000, il quitte l'armée pour être écrivain. Il est désormais l'un des plus grands écrivains français, traduit dans 42 pays, avec 4 millions de lecteurs en France.
Alors, lorsque ces deux figures de la culture française se rencontrent pour réaliser un livre, nombreux sont les superlatifs pouvant le traduire. Un ouvrage sur l'Algérie, réalisé à l'initiative de l'éditeur Michel Lafon, à l'occasion du 50e anniversaire de son indépendance. Yasmina Khadra connaît bien ce pays, sa patrie, et a rédigé des textes troublants de beauté. Reza, quant à lui, en reporter, a découvert en profondeur un pays qui lui était jusqu'alors assez méconnu, et a réalisé des images prenantes de splendeur.
Dès les premières pages de l'ouvrage, Reza passionne le lecteur grâce à ses images, et Yasmina Khadra l'émeut par ses mots :
« L'Algérie est un paradis dont les rêves sont ailleurs. Une fois ailleurs, l'on s'aperçoit qu'aucun rêve ne mérite sa peine puisque le paradis, on l'a laissé derrière soit »
Quoi de mieux, pour chroniquer un ouvrage de cette ampleur, que de faire parler ses auteurs. Les deux artistes ont accepté de nous rencontrer, pour nous parler de cette expérience, avec tous deux des étoiles dans les yeux.
Une rencontre dont les mots manquent pour décrire leur humanité.
Yasmina Khadra © Reza / Webistan
Comment est né le projet de ce livre ?
Yasmina Khadra : C'est une initiative de Michel Lafon, qui m'a contacté. Il m'a proposé d'écrire quelque chose sur l'Algérie à l'occasion du 50e anniversaire. J'ai trouvé la proposition intéressante, et j'ai accepté.
Reza : C'était une initiative de Michel Lafon, l'éditeur, qui a eu l'idée de faire un livre sur l'Algérie avec deux noms, un écrivain et un photographe. L'écrivain Yasmina Khadra s'est imposé comme écrivain sur l'Algérie, vu son parcours, son histoire et sa plume, qui est une plume incroyable. Je considère qu'aujourd'hui Yasmina Khadra est peut-être- peut être – la meilleure plume de la langue française. Donc pour la photographie, ils ont fait leurs recherches et sont venus vers moi. Ils ont demandé également à Yasmina Khadra qui a dit qu'il voulait aussi que ce soit moi. Ensuite il y a eu plusieurs mois de discussion, de préparation sur l'angle du livre, pour voir si ça me convenait ou non. L'Algérie, ce n'est pas un pays facile pour les photographes, surtout quand on a le titre de journaliste : il faut des autorisations incroyables, il faut être accompagné, et moi je ne voulais pas cela.
Donc on a trouvé une formule avec le consul et l'ambassade algérien ici en France, où j'étais plutôt non pas un journaliste mais un photographe culturel. Ce qui m'a permis de pouvoir voyager, et d'être en contact avec la population, ce qui est mon travail.
Comment s'est-il organisé ? Vous connaissiez-vous auparavant ?
Yasmina Khadra : Je le connaissais de réputation quand même, c'est l'un des plus grands photographes du monde ! Humaniste, consacré partout dans le monde. J'étais ravi de le voir adjoint à ce projet. C'est Michel Lafon qui l'a choisi pour ce projet. Quand on m'a dit Reza j'ai dit « qui d'autre ? »
Reza : J'ai rencontré Yasmina Khadra dans le cadre du livre. Je le connaissais de nom, et à vrai dire je n'avais pas lu de livres de lui avant. Mais quand il y a eu ce projet, j'ai commencé à m'intéresser à son écriture, lire ses écrits, et c'est là que je me suis rendu compte de la grandeur de cet homme.
© Reza / Webistan
Yasmina Khadra, que pensez-vous des photographies de Reza ?
Magnifiques. Vraiment ce sont des photos magnifiques. Je pense que Reza, c'est un magicien. Il sait exactement quand appuyer sur le petit bouton, il a une facilité déconcertante à surprendre et à intercepter l'instantané, et derrière son appareil, il y a un regard sain, beau, généreux, et c'est pour ça que la photo essaie de traduire l'âme du photographe.
Comment le projet s'est-il organisé ?
Yasmina Khadra : On s'est rencontré ici, d'abord, chez lui, il nous a invité avec Lelouch, des personnalités assez intéressantes, et on s'est rencontrés à Oran, il est venu. Moi je l'avais devancé, pour essayer de l'aider au maximum, mais il n'avait pas besoin de mon aide, c'est quelqu'un qui connaît parfaitement son métier, et il a le souci de personne pour ne pas le perturber dans son inspiration. Toutefois, nous avons quand même visité Oran, Rio Salado, Tlemcen, à l'école où j'ai grandi, nous étions avec mon épouse et mes deux filles, déjeuner du côté de Tlemcen, dans un endroit assez prisé des tlemcenniens. Par la suite, il est rentré, et nous sommes rentrés aussi. Lui il est reparti plusieurs fois en Algérie, il a fait plusieurs voyages, et c'était bien, parce qu'il s'est ressourcé, et est allé au contact de l'image. Il a fait le sud, le sahara, l'Algerois, la Kabylie, enfin il a été partout.
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Reza : Oui, l'idée était que l'on se rencontre, on s'est donc rencontrés plusieurs fois à Paris, il a vu mes livres, il a compris un peu l'atmosphère un peu de mon travail, ce que je fait.
Ensuite, on s'est donné rendez-vous en Algérie, dans la ville d'Oran, car c'est là où il a presque grandi, sa famille vivait là-bas. Il m'a emmené sur les lieux de son enfance, raconter toutes les histoires, car il faut connaître son enfance, ce qu'il a vécu, pour comprendre l'homme. Il décrit bien dans son livre L'Ecrivain, ce qui est arrivé, ce fameux petit appartement de deux pièces, au deuxième étage. On est allés ensemble, retrouver cet appartement, ce lieu où il vivait, les gens du quartier, qu'il avait connu, c'était très émouvant. Après, on a fait des voyages en Algérie, dans des régions qu'il connaissait.
Une fois qu'on a fini cette première étape avec lui, j'ai repris mon bâton de pèlerin et je suis retourné 4 fois en Algérie, dans différents endroits et différentes régions, continuer mon travail de photographe.
Yasmina Khadra, vous avez emmené Reza, comme il me l'a dit, dans les endroits où vous aviez grandi, les endroits de votre enfance ?
Absolument. C'était surtout pour lui raconter un peu mon parcours. C'était important pour lui. Il avait besoin de savoir avec qui il était, et ça a forgé nos certitudes. D'un seul coup, il y a eu une complicité, j'avais totalement confiance en lui.
© Reza / Webistan
Reza, vous avez réussi à vous mettre d'accord tout de suite ? Vous étiez vraiment sur la même longueur d'onde ?
C'était très clair dès le début : toi tu vas raconter ton Algérie, ce qu'est l'Algérie pour toi, moi je ne vais pas lire tout ce que tu écris sur le livre, je ne veux pas être influencé par ce que tu écris, je veux faire ma promenade algérienne, à ma façon. Maintenant que je t'ai connu, en discutant et en regardant tes autres livres, j'ai compris ton ambiance mais je veux faire mon Algérie.
Une fois que j'eus fini mon travail, je lui ai envoyé les photos, et il m'a envoyé son texte.
Nous avons été très satisfaits du résultat. C'est comme si nous avions fait tout le voyage ensemble.
Comme vous le savez, dans le métier de photographe on participe aux étapes de production, le choix, la maquette- j'ai beaucoup travaillé sur la maquette, sur la juxtaposition des photographies, des thèmes ect -.Ensuite il y a tout le travail technique, de colorimétrie. C'est ce que je fais pour tous mes livres, je participe jusqu'au dernier moment parce que entre ce que le photographe voit sur le terrain et ce qui va sortir dans le livre à la parution, il y a un fossé.
Si le photographe n'intervient pas dans chaque étape, il peut y avoir des photos qui ne correspondent pas du tout à ce qu'il a vu. Or, moi j'ai une mémoire visuelle, que j'ai acquis après des années de travail, et qui, avec n'importe quel appareil, n'importe quel film avec lequel je travaille, je me rappelle les couleurs de la scène, les moments de la scène. Donc je corrige étape par étape pour ne pas perdre ce que j'avais vu sur place.
C'est pour ça que lorsque l'on voit le livre sur l'Algérie, c'est comme si vous voyiez le pays avec vos propres yeux ce que j'ai vu là-bas.
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Que représente l'Algérie pour vous ?
Yasmina Khadra : C'est très difficile à dire ! Vous avez lu dans le texte, d'abord c'est ma patrie, je n'en aurai pas d'autres, je ne souhaite pas en avoir d'autres, j'ai eu une chance inouïe de vivre dans ce pays, où le soleil est maître de tous les jours. J'aime la poésie de l'Algérie, j'aime la longanimité des algériens, c'est une longanimité, une patience cosmique. Rares sont les peuples qui ont connu ce qu'a traversé l'Algérie, en restant quand même très accrochés aux rêves et à l'émerveillement.
J'ai voulu rendre hommage à ce pays, mais les mots deviennent dérisoires, vraiment, je pense que je n'ai pas réussi à dire tout ce que j'ai à dire à ce pays. Parce que en comparaison avec ce que lui m'a enseigné, c'est rien du tout.
Reza : La première chose que j'ai appris, compris, c'est que j'avais une connaissance de l'Algérie, je n'y étais allé qu'une fois en 1985, pour quelques jours seulement, dans le cadre d'un travail géopolitique, avec les palestiniens, avec Arafat, donc ce n'était pas une connaissance de l'Algérie. Je connaissais les algériens de France, donc j'avais une connaissance d'un peuple, d'une culture qui était algérienne. Sauf que quand je suis arrivé sur place, j'ai trouvé quelque chose de complètement différent, qui ne correspondait pas du tout à ce que j'avais vu ici en France avec les algériens vivants ici.
Ca a donc été ma première impression.
Avant de me rendre en Algérie pour le livre, je me suis documenté, j'ai regardé le travail des autres sur l'Algérie. J'ai découvert quelque chose de complètement différent, un pays différent de ce qui était présenté dans les ouvrages. Les photographes et les éditeurs français jusqu'à maintenant ont volontairement fermé les yeux sur tout ce qui est l'Algérie moderne, l'Algérie des côtes, et ce sont concentrés sur plusieurs choses : les dunes, les chameaux, les ombres des chameaux avec le coucher de soleil sur les dunes, et les touaregs.
Visuellement, c'est donc ce que les photographes avaient montré auparavant de l'Algérie. Il y a très peu de photographes qui ont travaillé sur les villes, les côtes. En voyant des montagnes en pleine forêts, dans le brouillard, épais genre de brouillard et de forêts qu'on ne voit même pas en France, je me suis demandé si j'étais vraiment en Algérie !
Alors je me suis pas concentré sur un travail sur les côtes. Oran, Constantine, une profondeur d'une centaine de kilomètres. Ensuite, une fois que j'avais fini ce travail, que j'avais eu une compréhension du peuple, du pays, je suis descendu vers le sud. J'ai découvert ces fameux visuels des photographes, les chameaux, les dunes, et les ombres des chameaux sur les dunes (rires).
Est-ce que vous pourriez faire un autre livre de ce genre sur un autre pays ?
Yasmina Khadra : Je ne pense pas. Je peux écrire des livres de voyages, c'est normal, mais ce serait des livres de découvertes assez aléatoire, parce qu'on a jamais le temps de bien connaître un peuple ou un pays. Ce qui m'intéresse moi, ce sont surtout les gens. Ce n'est pas le monument, ce n'est pas les paysages qui importent. Ils sont intéressants, mais pas autant que les personnes qui gravitent autour.
Reza : Il y a plusieurs autres pays que j'aimerai traiter de cette façon. C'est ce que je fais depuis une 20aine d'années avec National Geographic, sur la Libye, l'Arabie Saoudite, la Turquie, une partie de la Chine, une partie de l'Egypte... J'ai une fascination de faire découvrir des pays des peuples. Un pays ce n'est pas uniquement une carte géographique, c'est une culture, un peuple, une histoire, une économie, l'éducation, tout cela doit être pris en compte. Moi je m'intéresse à tout cela. Je peux me trouver le matin au lever avec le petit mendiant ou le pêcheur, et le soir dîner avec le président du pays. Ca m'est arrivé en réalité, ce genre de sondage social. Et ça m'intéresse beaucoup.
© Reza / Webistan
Le travail est écrivains est très important. J'ai fait plusieurs livres avec des écrivains comme par exemple le livre que j'avais fait avec Jean-Claude Carrière, L'envol, celui avec Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008), ou encore avec Olivier Weber pour Sur la route de la soie. J'ai également travaillé avec Sebastien Junger qui est un des plus grand écrivain américain d'aujourd'hui. Ou encore Robert Kaplan.
Cette collaboration avec une plume, un écrivain, ça rajoute beaucoup, déjà dans la création, dans l'idée de concept, et aussi constamment, comme on est en contact avec un cerveau, un intellect, réfléchi, qui connaît le sujet, ça me stimule aussi.
Qu'est-ce qui a été le plus difficile à réaliser dans ce livre ?
Yasmina Khadra : D'abord, être à la hauteur de ce pays. Ma littérature ressemble un peu à cette vaguelette qui vient mourir sur le rivage. Elle n'apportait pas l'orage, elle n'apportait pas l'ouragan, elle apportait que quelques lamentations peut être. Elle se couchait sur le rivage, elle se prosternait, je crois que je me suis prosterné devant ce pays.
Reza : Le plus difficile en réalité, ça a été sur le terrain, de pouvoir passer inaperçu. L'Algérie est un pays qui est quand même très fliqué, ils n'aiment pas beaucoup les journalistes. Moi j'essayais de faire profil bas, monsieur tout le monde, de faire le petit touriste. En même temps j'allais dans les endroits où les touristes ne vont pas... Mon travail était constamment d'être là au bon moment, de trouver les bonnes situations, de faire le système du « hit and run », photographier et vite partir !
Quel est votre meilleur souvenir dans la réalisation de ce livre ?
Yasmina Khadra : Le retour à Tlemcen, à l'école Nationale des Cadets de la Révolution, où j'ai été enfant, enfant-soldat. Ca a été très émouvant, et en même temps ce souvenir-là, a fusionné avec une espèce de colère parce que Reza était interpellé par des espèces de casqués, parce qu'il photographiait des mosquées, des choses importantes pour moi, il fallait des autorisations. Je n'en revenais pas, je me suis dit quand même, à Paris, il y a la tour effeil où tout le monde prend des photos sans que personne ne vienne le bousculer, et là le plus grand photographe du monde vient pour vous, et vous osez l'interrompre ? J'étais très en colère contre ces gens-là.
Reza : Tous les moments étaient très bon, ce que je vous ai expliqué était juste le sel du travail. Mon meilleur souvenir est cet accueil incroyable de ce peuple qui est méconnu ici. Le problème c'est que les français ont leurs préjugés, par ce qui s'est passé dans l'histoire, ils n'ont pas encore reglé ce problème. Ici vous avez une vision de l'Algérie algérienne qui est complètement fausse. J'ai trouvé un peuple magnifique, très accueillant, un peuple qui a un grand cœur. Tous les jours étaient pour moi un bon souvenir.
Yasmina Khadra, pour Reza, ce qui a été le plus difficile à réaliser c'était de passer inaperçu en tant que photographe journaliste, de pouvoir prendre des photos car il n'allait pas dans les lieux touristiques mais plutôt dans les lieux où personne ne va, qu'est-ce que vous en pensez ?
C'est de l'idiotie, c'est normal. Quand même n'importe quel pays paierait des sommes exorbitantes pour qu'un homme comme Reza puisse rendre une image assez prenante sur un pays. Mais chez nous, on n'arrive pas à grandir. Enfin je ne parle pas du peuple algérien, je parle des officiels. Ils n'arrivent pas à grandir, ils n'arrivent pas à voir que le monde change, que ce pays ne leur appartient pas. Ce pays appartient aux algériens et à tous ceux qui s'intéressent à lui. Ils sont dans une sorte d'espionnite, c'est une attitude morbide, ils n'arrivent pas à s'en défaire, et je crois qu'il serait complètement désincarnés s'ils venaient à renoncer à ces attitudes stupides et absurdes.
Reza, quel livre de Yasmina Khadra avez-vous préféré ?
L'Ecrivain, parce qu'il raconte son histoire. C'est sa vie, son enfance, sa naissance, jusqu'à ce qu'il est devenu. J'ai rarement vu une telle autobiographie sincère, déjà, qui raconte ses points faibles, ses points forts, tout ce qu'il a vécu, avec une plume magnifique, et c'était important pour moi de connaître un peu le personnage. Tout ce que nous sommes devenus, tout ce que nous devenons, c'est le récit de notre enfance. Je dirai presque que nous devenons ce que nous sommes avant l'âge de 14 ans. En lisant ce livre vous comprenez donc qui est-il aujourd'hui, pourquoi il fait ce qu'il fait,
pourquoi il dit ce qu'il dit, et c'était passionnant pour moi.
Yasmina Khadra, avez-vous un passage préféré ou une anecdote à raconter ?
Oui, nous étions en train de déjeuner à Lorite, c'est un site assez visité par les tlemceniens, et dont les tlemceniens sont fiers, avec Reza, mon épouse, et mes deux filles quand arrive une délégation mixte, il y avait des algériens. Ils se sont attablés en face de nous, et tous me regardaient, se chuchotaient des choses, « c'est lui ? C'est pas lui ? ». Finalement, quelqu'un s'est approché de nous pour me demander si j'étais bien Yasmina Khadra. J'ai dit oui, et le chef de la délégation, enfin la personnalité de cette délégation, est venue me voir pour me dire « écoutez, je suis venu en mission à Oran, mais comme j'ai lu Ce que le jour doit à la nuit, j'ai tenu absolument à voir Rio Salado, donc je suis allé en pèlerinage jusqu'à Rio Salado, et j'ai poussé la randonnée jusqu'à Tlemcen, où vous avez vécu. Ca m'a beaucoup touché.
Yasmina Khadra, quel est votre rêve d'écrivain ?
Continuer de mériter l'intérêt que mes lecteurs me portent. Parce que sans eux, je ne serai rien. Ce que je dis traditionnellement, c'est qu'un écrivain sans lecteur c'est une lettre morte. Je ne voulais pas mourir, donc c'est à moi de prouver que je suis toujours là, il faut que j'apporte des textes assez forts, transcendants, il faut que j'ai une constance dans la générosité littéraire. J'essaie de proposer aux autres.
Reza, quel est votre rêve de photographe ?
C'est que tous les gens du monde deviennent photographes, que tout le monde ai un appareil photo. C'est ce que j'essaie de faire depuis longtemps, de répandre la photographie, que ça devienne l'outil suprême de l'expression. C'est parce que c'est en s'exprimant que les gens se comprennent, et une fois que les gens ont compris beaucoup de problèmes se règlent. Il n'y a qu’aujourd’hui, puisque les êtres humains dans le monde entier ne peuvent pas tous communiquer dans la même langue, l'image est quand même le meilleur langage universel. Mais il faut apprendre l'alphabet !
Le jour où mon rêve se réalisera et que tous les habitants s'exprimeront, il y aura beaucoup moins de problèmes qu'il en existe aujourd'hui.
Même si ça n'arrive pas tout de suite, je fais tout pour que ça arrive un jour. Je finirai avec une phrase que j'aime beaucoup, « l'avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves ».
Algérie, par Reza et Yasmina Khadra
208 pages, format 28 x 33
Editions Michel Lafon, rayon Beaux Livres
42 euros
Propos recueillis par Claire Mayer