Grand passionné du septième art, Laurent Villeret s'inscrit à l'atelier-cinéma de son lycée picard. Par manque de moyens, il n'y a pas de caméra vidéo : seule une initiation au labo photo noir et blanc est possible. Et là, c'est la révélation pour Laurent Villeret ! Ce n'est pas la prise de photo qui l'intéresse, mais il reste des heures, des nuits entières à tirer les photos de ses amis, de sa famille : le papier, l'odeur, … il ne peut s'en passer. Rapidement, son père lui offre un Reflex, il se met aussi à la prise de vue, se perfectionnant au fil du temps.
Pourtant, au moment du bac et de la question cruciale « qu'est ce que tu veux faire plus tard », il se refuse à dire photographe : il ne voulait pas de rapport de subsistance avec sa passion, souhaitant préserver son jardin secret. Il se dirige alors vers des études scientifiques, où il se rend très vite compte qu'il n'est pas à sa place. Et puis un jour, il se lance : il se présente à l'Ecole Lumière et est accepté. Diplômé au bout de trois ans, il s'oriente vers la photographie aérienne, puis le reportage.
Mais sa passion pour les tirages, pour le papier photo est toujours présente : lors d'un voyage en Inde, il tient un carnet de bord. L'idée est lancée, le concept de ses « Héliotropes » est né : il se rend aux quatre coins du monde avec son polaroid pour créer des albums de chacune de ses destinations. Dans le cadre du mois de la Photo-OFF 2012, il propose ses clichés « héliotropiques » de Moscou dans son exposition « Mosgorod » à la librairie l'Imagigraphe.
On sent un vrai amour du voyage dans vos photos ...
J'adore le voyage, découvrir, parler … C'est vraiment mon truc ! J'aime bien être surpris et découvrir : être dans des certitudes, ça m'ennuie profondément.
A 18 ans, j'ai pris la voiture de mon père et je suis parti en Italie sur les traces de mon grand-père orphelin. Le premier voyage d'une longue série !
Quand je suis sorti de ma formation à l'école Louis Lumière, je n'avais pas de travail. J'ai donc décidé de continuer dans ma passion des voyages. Et là, j'ai rencontré mon premier amour, le Sahara. Je parlais de découvrir, d'être en décalage complet par rapport au monde dans lequel nous vivons, là j'ai été servi ! Ce qui m'a marqué, c'est le dénuement. Comme c'est le désert total, ce qui est beau, c'est que c'est l'homme qui prime. L'hospitalité du désert est sublime, chose que nous avons malheureusement perdue chez nous. J'ai eu la chance grâce à mes activités de beaucoup voyager par la suite, mais j'appréhende un nouveau pays toujours par rapport à ce premier amour.
A mon retour en France, je cherchais du travail. Un jour, le laboratoire noir et blanc, chargé de faire l'après Louis Lumière, m'a appelé en me parlant d'un projet à Charjah. Comme je ne connaissais pas, ça m'a tout de suite tenté. Ils avaient besoin de quelqu'un qui reste tout le temps dans l'avion et qui fait la photo aérienne pour la cartographie : parfait pour moi !
Je suis parti deux ans habiter à Charjah, à côté de Dubai, dans les Emirats. Enfin, c'est vite dit : en deux ans, j'ai du y rester 6 mois parce que j'ai énormément voyagé. On était deux, avec le pilote belge, en mission à travers l'Afrique, en faisant coucou avec les hélices ! Pour moi, c'était l'aventure comme je me l'imaginais. Je suis allé dans une île aux Seychelles où il y avait 5 habitants. Comme dans les films, on est arrivé à telle date car on savait qu'il y avait le bateau ravitailleur à ce moment, qui ne passe que tous les deux mois pour amener le kérosène. On l'a fait rouler sur la plage, comme les têtes brulées dans les films sur la seconde guerre mondiale. On était dans une maison coloniale, pas de téléphone, rien. Celui qui conduisait le bateau, un kenyan, se baladait depuis 3 semaines avec une cassette de Léon de Besson car il savait que dans l'île où on allait, il y avait un magnétoscope donc qu'il allait pouvoir voir le film. Pendant 3 jours, on l'a vu 5 fois ! Plein de trucs délirants comme ça, mais j'adore, ce sont des moments de vie extraordinaire.
Après, habiter aux Emirats, ça ne me plaisait pas car les valeurs du pays ne me parlent pas. J'ai donc démissionné, mais je leur ai dit : si vous avez juste besoin de moi pour des missions, n'hésitez pas à m'appeler, mais rester au bureau ne m'intéressait pas, surtout dans un pays comme ça. Du coup, dès que le photographe qui m'avait remplacé partait en vacances, je le remplaçais : donc, je faisais un mois par an pendant 7-8 ans.
A Paje (Zanzibar), un village de pêcheurs sur la côte est de l'île d'Ugunja © Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank .
Rien ne vous manque lorsque vous êtes en voyage ?
La seule chose qui me manquait de la France, ce sont les relations.
D'ailleurs, à mon retour en France, je me suis mis à mon propre compte. Tout mon réseau professionnel ne me connaissait plus, j'avais l'impression de repartir de zéro. Ce n'était quand même pas tout à fait le cas car j'avais fait une école. Je l'ai recontactée : une collègue me dit qu'il y a un poste de professeur en lycée professionnel qui se libère. J’ai accepté, mais j'étais mort de trouille : je n'avais que 25 ans et eux déjà 18 ans ! En fait, j'ai vraiment adoré. Ca m'a suivi pendant pas mal de temps. L'idée, c'était de développer mon activité de photographe indépendant en parallèle. Enseigner, ça m'a vraiment permis de recoller à l'actualité des expositions, voir ce qui se faisait actuellement dans le milieu de la photo. Et puis, ça permet aussi de se poser des questions sur soi-même et son métier.
Ensuite, j'ai donné des cours pour des adultes en reconversion professionnelle, c'était beaucoup plus intéressant pour moi car il n'y avait pas la discipline, les gens sont là et sont motivés : ils ont payé leur formation, ce n'est pas l’éducation nationale qui subventionne ! Je suis resté 3 ans dans cette école. A l'issue de ça, on a crée un collectif de photographes Dolce Vita avec 4 de mes étudiants. Ca m'a plutôt parachuté dans le milieu du photo-reportage. Très vite, ça a bien marché, on a été les premiers surpris. On fait maintenant parti de Picturetank.
Comment vous est venue l'idée des Héliotropes ? Comment sont-ils organisés ?
Parallèlement à tout ça, même si j'aime bien faire des reportages et des portraits (j'en ai fait pas mal pour la presse notamment), j'aimais bien mes carnets de voyage. Ils me permettaient de regrouper tous mes premiers amours : le voyage, le papier, la photo. Je suis donc parti avec mon polaroid que j'avais trouvé à Emmaüs pour 3 euros ! Je suis allé en Inde, à titre de « vacances ». J'ai fait mon carnet de voyage avec mon polaroid, avec transfert sur du papier aquarelle, car j'aimais beaucoup ce côté gravure J'en avais moi-même fait un peu, et j'aimais bien ce mélange avec la photo.
Les héliotropes sont donc nés comme ça. C'était un vrai carnet de voyage, je collais mes polaroids sur le terrain. Je suis après retourné en Mauritanie, j'ai photographié le désert, puis la Chine.
Une idée m'est venue assez vite : je fais peut être des paysages, mais il y a toujours l'homme qui est là, ou du moins une trace de l'homme (un habitat par exemple), dans un but de réflexion sur la place de l'homme dans l'espace. J'y tiens, un paysage seul m'ennuie. Enfin, j'en ai quand même car le but de mes carnets de voyage, c'est d'emmener en voyage le visiteur. J'ai décliné donc comme ça des séries, que je continue toujours car j'estime ne pas avoir fini.
Mosgorod © Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank.
Pourquoi ce titre, « Les Héliotropes » ?
J'aimais bien l'idée qu'il y ait une certaine autonomie. Quelque part, les héliotropes, ils existent sans moi. C'est rendre la part belle à l'objet, au tirage photo : plutôt qu'une idée, ce sont les objets qui sont vraiment mis en avant.
Après, pourquoi « héliotrope » en particulier ? Parce que j''aimais bien l'idée d'avoir un nom qui rappelle les procédés alternatifs, comme l'héliographie. Qu'il y ait « hélio » dedans, ça tombait bien.
L'héliotropisme, c'est la faculté des plantes à se diriger et de tourner vers le soleil. C'est assez marrant parce que la nuit, les tournesols ont la tête en bas, dès que le soleil se lève à l'est, ils relèvent la tête vers l'orient et toute la journée ils suivent le soleil. Dirigé vers le soleil, quand on est photographe, ça peut coller assez bien.
Ca m'a fait extrêmement plaisir car, à l'issue de la dernière exposition, j'ai eu comme question : « héliotrope, c'est le nom de votre procédé ? » On se demande ce que c'est. Et du coup, héliotrope devient le nom pourquoi pas d'un procédé tel l'héliogravure. En plus de brouiller les pistes du temps et les frontières géographiques (un jour, je pense que je vais même mélanger tous mes clichés pour perdre encore plus le visiteur), je brouille aussi les pistes du procédé.
Pourquoi ce choix de procédés d'ailleurs ?
J'ai cherché un procédé qui me permettait de rendre au mieux l'émotion ressentie lors de mes voyages, sans pour autant trahir mon propos. Le transfert Polaroid, qui consiste à séparer l'image de son support pour l'appliquer sur du papier, s'est imposé à moi.
En sachant que les polaroids, il n'y en a plus beaucoup dans le monde, et que je n'en ai plus beaucoup non plus ! J'utilise les stocks que j'avais fais dans mon frigo en 2005 comme on présentait que ça allait s'arrêter. En Russie, je me suis rendu compte que j'ai utilisé une quinzaine de boites pour m'en servie que de 2 au final parce que la plupart était foutue. C'est la limite de ma technique et de mon projet. Ca fait 4 ans que la production de polaroids est finie. Au festival Pola (qui s'est déroulé du 6 au 16 septembre dernier à l'espace Confluences ndlr), on s'est tous regroupés, on était tous démoralisés !
Par contre, on peut encore faire cette technique avec un résultat assez similaire, même si ça n'a pas exactement la même poésie : avec les polaroids Fuji qui existent toujours … du moins pour l'instant, car on se rend compte que Fuji est en train de fermer des usines. L'argentique est en train de mourir, d'où le débat pendant le festival Pola, animé entre autres par le responsable de Polaroid France, d'Impossible Projet. C'est juste parce qu'il y a une volonté des fêlées comme nous que les polaroids peuvent encore se développer un peu !
Je trouve que c'est de la poésie la photo argentique par rapport au numérique, même s'il est en train de disparaître car c'est plus couteux. On y arrive, il faut juste trouver les budgets, ou alors que le photographe rogne sur sa marge pour dire : moi, je préfère le faire en argentique. Pour la plupart, on est obligé quand même d'avoir un boitier numérique.
En ce qui concerne le format, que préférez-vous ?
Je veux garder un petit format.
Déjà, c'est logique par rapport au choix du procédé de garder la forme du polaroid.
Et surtout, j'aime bien cet esprit miniature, même si ce n'est pas la mode du tout : aujourd'hui, on pense grand format car c'est plus rentable. J'aime bien le petit format car le rapport avec le lecteur de l'image n'est pas le même : il est obligé de s'approcher de la photographie. On crée une intimité avec le support, qu'on n'a plus du tout en grand format.
Shanghai, le bund © Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank.
Comment en êtes-vous venu à exposer dans le cadre du mois de la Photo-OFF et comment cette exposition s'organise ?
Je travaille avec la Galerie l'Oeil Ouvert, qui est en partenariat avec la libraire L'Imagigraphe où j'expose.
Je vais exposer essentiellement mes clichés de Moscou. Mais la galerie veut également que j'expose quelques clichés de la Chine et de Zanzibar. J'ai déjà exposé il y a deux ans dans le cadre du mois de la photo-OFF à l'oeil ouvert, c'est la première fois que je faisais une exposition monographie avec mes polaroids, ceux du Mexique. C'est d'ailleurs à l'issue de ça que j'ai pu exposé pas mal un peu partout. J'en suis même arrivé à exposer mes cinq séries au festival Vendôme.
Ce qui est bien pour cette exposition sur Moscou, c'est que c'est seulement la deuxième fois que je travaille sur commande. Une galerie à Moscou m'a dit qu'elle aimerait bien exposer ce que j'avais déjà fait, mais qu'elle souhaiterait que je produise une série sur Moscou avec mon regard, en me donnant totalement carte blanche. C'était pour la biennale de photographie à Moscou, donc une petite pression quand même !
Vous exposez dans une librairie, mais vous n'avez pas édité de livre de votre exposition. Pourtant, votre visée de carnet de bord pourrait en appeler un ...
Ce qui est un peu dommage pour moi, c'est que je suis assez lent comme photographe ! On me le réclame tout le temps, mais pour l'instant je n'ai pas de livre.
En même temps, il ne faut pas se louper : ça mérite un livre objet avec du beau papier, et non du papier glacé. Ce n'est pas évident à gérer aujourd'hui en terme de projet éditorial, surtout quand tout le monde dit que le livre photo est mort. Tous les photographes s'auto-éditent car, quand tu vas voir un éditeur, il dit c'est très intéressant mais il te demande si tu as de quoi financer … C'est fou, si on va le voir, c'est forcément qu'on a besoin de financement ! Il n'y a jamais eu autant de bouquins photos édités par an, mais en même temps on n'en a jamais vendu aussi peu, en tout cas par bouquin, individuellement.
Je suis parti du principe que je vais surement m'autofinancer car je sais ce que je veux, personne ne me dira ce que je dois faire. En même temps je n'ai pas envie de le faire tout seul, j'ai envie que l'imprimeur, le maquettiste, … me proposent des choses. Forcément, c'est plus long … On est parti sur l'idée de faire des petits carnets de voyage par destination, comme un carnet Moleskine, avec le crayon à papier. Ce sera un petit coffret, un peu comme les sept livres avec des petits polaroids carrés de Robert Frank dans Seven Stories.
© Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank.
Avez-vous des modèles qui vous ont inspirés ?
Je n'ai pas de mentor. J'aime plein de photographes, qu'ils soient connus ou non, il y a même des collègues à moi qui m'inspirent beaucoup.
Il y a autant d'histoire de la photographie qu'il y a de photographe. J'ai fait ma propre histoire, j'ai commencé par le tirage noir et blanc. Je pourrais tout à fait faire un parallèle entre mon parcours photographique qui est passé du noir et blanc à la couleur, et l’histoire de la photographie. Pour faire son histoire, il faut être ouvert sur ce qui se fait ailleurs. Je n'ai pas une seule personne en particulier qui m'a inspiré, c'est plus un mélange.
Je fais de nombreux festivals, et en tant que festivalier, je trouve que certains veulent à tout prix faire du nouveau pour ne rien dire, et ça, ça m'ennuie. Mais ces festivals restent une source d'inspiration énorme : cela permet d'être au courant de l'actualité du moment avec ce que font les petits jeunes, mais en même temps il y a souvent les vieux, les rétrospectifs ce qui permet de les faire connaître à la jeune photographie. (Ok, moi je les connais, mais c'est bien car ça permet à d'autres de les connaître). Un festival, ça doit avoir cette fonction là d'avoir à la fois une mémoire de ce qui s'est fait et puis de faire de la découverte de ce qui va se faire, ou ce qui est en train de se faire. J'ai été un peu déçu du retour de presse sur le festival d'Arles, où beaucoup ont dit qu'ils étaient ratés : si vous ne voulez pas de nouveau, allez à la MEP ! Moi, je serai encore plus sévère : il n'est pas plus raté que les autres années.
Il y a un courant par contre qui m'a énormément inspiré, c'est le pictorialisme en photographie. Je vois des photos d'Edouard Station aujourd'hui, je suis béat d'admiration alors qu'elles datent de 1910-20. Il y a une poésie monstre dans l'image.
La magie et le brouillage qui se dégagent de vos photos les rendent presque intemporelles, non ? Est-ce voulu ?
De fait, c'est ce qui se passe. Ca me plait bien cette idée là. Et en même temps, ce n'est pas de le rendre intemporel, c'est plus de brouiller les lignes du temps. Par exemple, il y a une photo sur Moscou pendant les manifestations du 24 décembre anti-Poutine, juste avant les élections présidentielles où tout le monde savait déjà les résultats. De par le transfert en polaroid, cela donne un côté assez ancien, ça a l'air d'être une vieille photo car le procédé dégrade l'image. Mais du coup, on regarde cette photo d'un vieux monsieur dans cette manifestation, avec un grand bâtiment stalinien derrière, et une pancarte où l'on voit la tête de Poutine en tête de dictateur. Cette image est perturbante car on a l'impression qu'elle date de l'époque de Lénine ou Staline, sauf que c'est Poutine dessus.
Mosgorod © Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank.
C'est ça qui me plait : c'est intemporel dans le sens que l'histoire se répète. C'est important de connaître l'histoire (je suis effaré parfois de voir lors de mes interventions dans les lycées que certains ne connaissent rien à l'histoire, c'est bien de savoir ce qui se passe pour apprendre ensuite de tout ça). De par le mode photographique utilisé, je trouve ça intéressant d'avoir ce raccourci temps, où une manifestation de Poutine en 2011 ressemble à une manifestation contre Staline ou Lénine en 1910-20. Mais, la galerie russe ne voulait pas exposer cette image là...
D'ailleurs, je n'ai pas eu beaucoup de parutions en Russie car je suis très sincère avec les journalistes : quand on me demandait si j'aimais Moscou, je disais non ! J'aime les russes, la population, mais pas la ville en soi. La ville exprime beaucoup de ce qui se passe là bas en ce moment, mais on ne peut pas dire fondamentalement que j'ai aimé cette ville.
Quelles sont les réactions qui reviennent le plus souvent face à vos photos ?
On me parle souvent d'un certain onirisme, d'une certaine poésie.
Souvent, justement à propos du temps, on me dit que le temps est suspendu. On me dit être parti dans un ailleurs, même si on ne sait pas vraiement où puisque le temps est brouillé.
Ce qui me plait, c'est de suggérer plutôt de marquer. Ca passe par mon choix de cadrage : ce qui est important, c'est ce qui est en dehors du cadre. La photo, c'est une espèce d'étincelle qui doit permettre d'imaginer où a été prise la photo et ce qu'il y avait autour d'elle. En tout cas, c'est comme ça que je le vois.
Les gens s'approprient plus l'image quand elle n'est pas totalement définie : ils voient même des choses que je ne vois pas ! Mes photos ne sont qu'une trace qui invite à faire ce qu'on veut avec. J'aime bien cette appropriation de l'image.
© Laurent Villeret / Dolce Vita / Picturetank.
Quels sont vos projets ?
Continuer cette série. Ma série des Héliotropes est composée de plusieurs volets : le désert, les villes, les forêts équatoriales, vivre au bord de la mer, vivre sur une île, vivre sur l'eau (maisons sur pilotis). Pour finaliser cette série, j'ai fait les photos mais pas encore les tirages pour les maisons sur pilotis au Cambodge. Il me reste deux séries et j'estimerai avoir fait le tour, même si je ne veux pas être présomptueux, on ne peut jamais dire qu'on a fait totalement le tour de quelque chose, encore moins de la terre. Il faut donc que je fasse les forêts équatoriales (là, j'ai un plan pour aller en Guyane), et les pays arctiques, polaires. Je sais que je vais morfler, mais j'ai envie de voir ce que ça fait de vivre à -40 (j'avais pensé à la Suède et la Norvège, mais ce sera surement le Canada car j'ai rencontré des contacts pour là-bas). Ce sera toujours dans le même système de transfert polaroid sur papier.
Et après : le néant total ! Enfin, quand même, faire quelque toujours dans cette idée de mise en avant du papier. C'est plus le procédé photo qui m'amène à faire des projets car je trouve que le résultat final est important. Je sais que je vais m'orienter vers les procédés anciens, ou alternatifs, les tirages collodion humide, la calotypie. C'est une autre façon de faire la photographie : il y a un côté art plastique. Quand j'étais petit, je faisais du dessin, de la gravure, voire même de la sculpture, j'ai toujours fait des trucs manuels. J'aimerai bien retourner vers la gravure, mais je ne suis pas excellent en dessin. Du coup, j'aimerais bien mixer la photo que je connais avec la gravure, et donc on en arrive aux tirages anciens comme l'héliogravure romain.
Propos recueillis par Claire Barbuti.