© Claude et Marie-José Carret
Claude et Marie-José Carret sont des voyageurs nomades. En 1984, à bord de leur combi Wolswagen, ils décident de partir pour l'Europe de l'est, direction la Tchécoslovaquie. « Pendant 10 ans, nous sillonnerons la Tchécoslovaquie. Cette démarche, tout en douceur, par touches successives, nous permet d’approcher et de découvrir des modes de vies, des manières de penser avec plus d’authenticité. En fait, nous ne voyageons pas, nous errons, nous vagabondons, nous flânons, nous nous arrêtons quelques heures, quelques jours, sortant l’appareil photo que quand nous nous sentons en harmonie avec la nature et les hommes. Notre démarche n’est pas exhaustive, nous nous intéressons aux paysages, mais surtout à l’humain. » La photographie est, pour eux, « le meilleur passeport pour voyager. »
© Claude et Marie-José Carret
© Claude et Marie-José Carret
Pourtant, au départ, ce n'est pas la photographique qu'ils avaient choisis. Marie-José a fait une carrière administrative dans l'Education Nationale. Claude, quant à lui, a un parcours professionnel des plus atypiques : « Mon premier emploi est ouvrier dans une usine automobile. Après une formation pour adultes, j’exerce le métier d’électromécanicien dans une fonderie, puis installateur en électroménager. Après quelques années, je deviens spécialiste en machine à coudre et en machine à tricoter, avant de devenir technicien en bloc opératoire. Je termine ma carrière comme laborantin en physique-chimie dans l’Education Nationale. ».
Pourtant, la vie les a menés ailleurs : « Ni Marie-Jo, ni moi-même n'étions prédestinés à donner tant d’importance à la photographie.
Avec le temps, le regard est devenu l’essence même notre existence. »
La photographie est donc devenue leur raison d'être. « Dès mon adolescence, je suis attiré par la photographie, aimant les gens, la différence et le contact, j’y trouve un moyen d’expression. Je commence à proposer des sujets de fond au Musée de Bretagne.
Marie-José, atteinte du virus, me rejoint dans cette passion. Pendant 17 ans, nous nous intéressons aux communautés laotiennes et cambodgiennes, rescapées des boat-people, installées dans la région rennaise. »
© Claude et Marie-José Carret
La Roumanie les a toujours attiré. Mais au départ, c'était un voyage difficile à réaliser... « Dès 1984 nous souhaitions partir en Roumanie, mais la situation politique était difficile, les risques étaient trop importants pour circuler et vivre dans son véhicule, nous avons préféré dans un premier temps choisir la Tchécoslovaquie. »
Mais depuis 1994, Claude et Marie-José Carret côtoient les Roms avec assiduité. Désormais, cette culture fait partie d'eux et ils ne cessent de vouloir la connaître, encore et encore : « Notre plus beau souvenir est la rencontre avec Olga Hruskova, qui nous accueillera à chaque déplacement. Dans ce petit village de Klénovec, avant le communisme son mari ‘’ Baron’’ est propriétaire de nombreuses terres employant un grand nombre de Tsiganes. Au moment où le régime s’installe, dépossédés de tous leurs biens, ils se retrouvent à la rue…amenés à être hébergés quelques temps par les Roms. Cette situation conduit Olga à travailler à l’Usine de chaussures comme interprète Allemande…ce qui a permis d’ailleurs notre rencontre !
Proche des Tsiganes, c’est aussi grâce à elle que nous nous sommes intéressés, que nous nous intéressons à leurs conditions et leurs situations désastreuses, (particulièrement en Slovaquie) et malheureusement les médias n’en font pas état !
Après le démantèlement des blocs de l’Est, les Roms ont subi les frais de ces changements (chômage, exclusion, brimades, manifestations de haine). »
© Claude et Marie-José Carret
© Claude et Marie-José Carret
© Claude et Marie-José Carret
Leurs images reflètent un peuple uni, communautaire et vivant. Alors que la France vit actuellement une véritable « crise » des Roms, Claude et Marie-José Carret nous livrent leur propre vision des choses, d'un peuple qu'ils ont abordé de l'intérieur : « Riches de la langue latine, ils espèrent une meilleure vie en se rendant France. Il faut savoir qu’ils ont une autre culture, un autre fonctionnement, à nous de nous adapter si nous voulons leur donner une chance. Commençons par des conditions de vie décentes avec une scolarisation des enfants, l’autorisation aux adultes de travailler. Le reste suivra si nous le voulons ? »
Claude et Marie-José immortalisent avec douceur un peuple dont ils témoignent un profond respect. « Ces gens là nous apportent autre chose, une vraie chaleur. Mais leurs conditions de vie nous affligent. Notre travail n’a pas d’autres prétentions que de témoigner des relations établies, basées sur des relations de confiance. »
Une belle leçon de vie.
Claire Mayer