©Se?rie Fragments - L'Amant Muse, 1997-2006 © Benoi?t Boucherot agence re?ve?lateur
Galerie La Ralentie 22-24 rue de la Fontaine au Roi 75011 Paris France
«OUI BODY !» est une exposition collective qui réunit 21 artistes choisis à travers les regards croisés de deux agents d’artistes, Lauriane Eugène et Olivier Bourgoin. Cette exposition met en relation divers artistes qui utilisent différents médiums pour traiter du même sujet : le corps.
Cet accrochage s’inscrit dans le cadre d’une programmation estivale indépendante de la ligne artistique de la Galerie La Ralentie, mais dans le même sens esthétique et la même exigence qualitative qui caractérisent les choix d’Isabelle Floc’h, créatrice de la galerie. Plus qu’une exposition, cet ensemble d’œuvres est une invitation à confronter et à faire dialoguer des univers artistiques variés dans un même espace, créant ainsi une dynamique originale.
Les sept semaines d’exposition seront également l’occasion d’évènements festifs et d’improvisations artistiques et conviviales, principalement tout au long du mois d’aout. Plus de 40 œuvres pour les jeunes collectionneurs, les collectionneurs confirmés et les amateurs d’art.
Quelques uns des exposants :
Sabrina Biancuzzi aime mélanger les techniques, jouer des caractéristiques de chaque médium qu’elle emploie. Son travail photographique s’organise sous forme de thématiques sur lesquelles elle peut travailler de six mois à deux ans. Pendant ce temps, son sujet la hante. Pour la série «Dermento», elle s’est jouée du corps pour en faire un écritoire, le réceptacle des ses émotions, de ses blessures. Fictives, les griffures et marques qu’elle lui inflige sont au cœur d’un roman sensuel, dont le grain et la matière constituent les mots.
Sabrina Biancuzzi est née en Belgique. Elle vit et travaille à Paris. Elle a fait l’objet de plusieurs expositons personnelles à Paris, dont «Limbes» présentée récemment à la Galerie La Ralentie, à Paris.
Sabrina Biancuzzi, série «Dermento» © Sabrina Biancuzzi / agence révélateur
Rassemblés dans différents recueils photographiques, le travail de Benoît Boucherot est littéraire et plastique. On pense parfois à Hervé Guibert, tant l’introspection est sans concession et violente. Dans la série « Fragments - Journal de l’Amant-Muse » , il explore au scalpel, durant près de 10 ans, un voyage amoureux. Au premier abord conceptuelle et intellectuelle, la photographie de Benoît Boucherot est peut-être avant tout sensible et libre. Elle s’offre à l’aléatoire et à l’inattendu, et colore de gravité et de légèreté un périple dans la poésie du réel.
A l’occasion de l’exposition «Oui Body !», Benoît Boucherot réalisera tout spécialement une œuvre in situ, alliant photographie et dessin.
Série «Fragments- L’Amant-Muse», 1997-2006 © Benoît Boucherot
Damien Guillaume isole et colorie les corps dans des univers clos, des appartements où fiction et sensualité, solitude et intimité se croisent, tout en questionnant aussi le genre et la sexualité. Ses «Mythes décisifs» représentent l’expression d’un univers personnel et fantasmé. Au- delà d’un travail d’exploration de son univers, c’est une réflexion sur la notion de réel en photographie. Un voyage au cœur du corps et de son expression sexuée et asexuée, des représentations de celui-ci, des désirs et répulsions qu’il inspire.
Né en 1978, Damien Guillaume vit et travaille à Paris.
Série «Mythes décisifs», 2008-2010 © Damien Guillaume
Dans «Les Femmes 100 têtes», Franck Landron joue avec le corps et la matière photographique. En se concentrant uniquement sur le corps, il donne à voir sa propre réalité de la chair. Entre hommage et fantasme, il déstructure le corps en un étonnant jeu d’anamorphoses et d’étirements. Un trouble et une fascination s’exercent alors. Sans têtes, l’apprehension du corps est décalée, dérangeante, fascinante. La limite entre peinture et photographie ajoute une vibration qui donne une vérité brute aux corps représentés.
Franck Landron vit et travaille à Paris. Son exposition «Tree» sera présentée à la Galerie La Ralentie du 17 octobre au 15 novembre 2012.
Série «Les femmes 100 têtes» © Franck Landron
La série «Voigtland» de Christophe Mauberret est née en récupérant un vieil appareil photo obsolète dans sa famille (un Voigtländer Bessa 66). Au fil des images, l’appareil à soufflet compile des vues relevant de la zoologie, de la botanique, du genre, de la consommation, de la misère, de la mort, du religieux, de l’utilitaire... Spontanément les photographies tendent à se lier entre elles et ébauchent les bribes d’une possible narration. Unies par leur aberration et leur distorsion, elles mettent au même niveau les diverses manifestations du réel, notamment autour du corps.
À ces photographies, Christophe Mauberret décide d’adjoindre un titre obligatoirement composé de deux syllabes, et formant liste homophonique. Commentaire, tautologie ou simple définition, cette contrainte qui s’applique à l’image peut faire ressembler l’ensemble à un dictionnaire illustré. Mais l’application stricte de la règle est à même d’exclure toute image qui ne trouverait son mot. Le scoop le plus rare, sans titre adéquat, ne saurait figurer dans Voigtland.
série «Voigtland», 2006-2009 © Christophe Mauberret
Si la photographie reste le moyen d’expression privilégié de Karine Pelgrims, la vidéo concourt largement à ses recherches. Pour capter la réalité, le sensible, l’humour et le conceptuel traversent ensemble et simultanément sa production.
Le travail de Karine Pelgrims scanne avec bienveillance, mais sans concession, le quotidien, le désuet. Au plus près de ses sujets, elle compose une écriture à la fois poétique et subtilement engagée. « J’aime aller à la rencontre de mes contemporains par envie, par curiosité. Les photographier. Des photos posées ou prises au vol. Marcher, s’arrêter devant les choses, les objets, particules de vie de notre société. Faire du quotidien une aventure unique. » K.Pelgrims
Dans la série «Pigalle», elle interroge le féminin et le genre, l’érotisme et le sensuel, thèsmes récurents dans son travail.
«Pigalle», 1982 © Karine Pelgrims
Dans la série «Costa Obscura», Gilles Picarel entame un dialogue intime, aborde les thèmes de l’emprise, du sexe, du cloisonnement, face à une renaissance, une libération. Ces images donnent à ressentir les émotions, non à les voir. Gilles Picarel recherche un contact quasiment physique avec la surface sensible du film, le parti pris de la nudité venant renforcer cette démarche. La part de l’accident dans le dénuement du processus photographique rend possible l’émergence de sensations et de postures troublantes.
Gilles Picarel vit et travaille à Paris. Il se consacre à la photographie après avoir exploré la peinture
Série «Costa Obscura», 2010 © Gilles Picarel
Torsion des silhouettes, plissement des regards, courbures de la pensée : le pli imprime sa marque sur la droiture de nos lignes. Des photographies de Claudia Vialaret, le pli seul est l’instigateur, ouvrant au cœur de nos visions et et mythes un revers d’inconnu. Avec la série «les Penseurs», l’hommage est évidemment nominatif. Claudia Vialaret détourne, tord et démultiplie l’une des figures emblèmatiques de la sculpture, l’une des plus célèbres de Rodin. Ce triptyque peut apparaître troublant, inquiétant ou teinté d’humour. Ici le froissé le dispute au kaléidoscopique, sur des tirages grands formats. Un dialogue naît entre ces penseurs mais également entre eux et le public qui les contemple. Le corps quant à lui devient aussi un puzzle, un terrain de jeu pour l’artiste.
«Les Penseurs», 2007 © Claudia Vialaret
Robin Goldring est né en 1963 à Paris où il vit et travaille.Il est diplômé de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (1986).
« […] À la différence de certains peintres contemporains, Robin Goldring ne semble pas devoir dissocier l’énergie de représentation qui donne lieu à la configuration d’un objet visible, ici celle du corps vu de dos et de devant ou de parties du corps, de l’énergie d’investissement, d’investigation aussi, qui pourrait venir s’accrocher à eux de façon disjointe et disjonctive. Dans ce cas, elle serait exprimée sans les rencontrer, en les parasitant, en venant les recouvrir. Un tel geste n’a pas lieu d’être ici, sans, pour autant que le peintre fasse retour vers l’idéal d’un corps essentiellement harmonieux, posé dans l’équilibre de ses formes. C’est pourquoi son travail quant au corps procède d’une vision convergente, d’une tentative de conjoindre l’intensité picturale et concrète du désir avec l’élucidation représentative et formelle de l’objet corps, qui n’est d’ailleurs pas qu’un objet, qu’une chose. Disons qu’il est posé très exactement à l’intersection de son apparence naturelle vivante et de sa nature d’objet figé, de figure déjà morte d’être devenue représentation. Posé entre-deux.»
Extrait de Soutenir le corps, Emmanuel Brassat (2002).
«Sans titre», techniques mixtes, 2012 © Robin Goldring
Entre la photographie et l’utilisation de la peinture, Hugo Haeffner offre un travail porté sur l’évocation. Evoquer quelque chose, c’est rappeler à la mémoire, remettre sous les yeux l’image de ce qui a disparu. Rien n’est plus volatile qu’un moment. Rien ne s’oublie plus vite que l’instant. La réalité figurée dans les photographies d’Hugo Haeffner, n’est pas celle de l’objectif et ne dois rien à la lumière. Elle est celle d’une interprétation du réel. La peinture sur les sujets, pétrifie l’action et la fait basculer dans un temps-accident, un temps véritablement en suspens. La réalité qui a été se mue en réalité interprétée. Il faut entendre par ce biais, qu’il n’y a plus rien d’objectif dans le traitement du sujet. Tout y a été pensé et orchestré en couleur et en stature dans chacune des compositions. La peinture annihile donc d’emblée, par son omniprésence et son prisme d’entendement de l’œuvre, le contrat tacite qu’il existe entre le médium photographique et son spectateur.
«Dyptique», 2012 ©Hugo Haeffner
Stevan Lebras ne se contente pas de nous regarder passer ou de nous entendre parler. L’artiste nous observe, nous écoute et nous fige. Et même si vous ne vous êtes pas vraiment livré, il vous a cerné. Car Stevan Lebras, à travers l’œil de son objectif redessine le monde. Elaborées comme des tableaux, des photographies sont des peintures réalistes qui effleurent toute la complexité de l’Humanité. Elles nous permettent de toucher du doigt, le temps de quelques secondes, nos différences pour mieux nous rapprocher. Inspiré par les hommes, son travail nous transporte sur une planète que nous pensions familière mais que nous découvrons avec un regard nouveau. Celui d’un artiste humaniste et engagé que la passion de l’Autre ne cesse d’animer. Ses clichés révèlent le mouvement, l’action et l’émotion.
«Form», 2010 © Stevan Lebras
Raoul Pahin est né en 1962. Formé par Bernard Dreyfuss, co-fondateur du groupe Objectal, il décide en 1985 de se consacrer à la peinture après ses études à Camondo. Entre 1990 et 1995, il séjourne au Japon où il est invité à réaliser des portraits d’âmes « in situ » lors de voyages itinérants. Son parcours artistique est jalonné par des incursions dans le
monde du théâtre et celui de la musique. Invité à réaliser dessins ou affiches, il collabore aussi à la scénographie et la mise en scène de pièces et de concerts : projet Woyzeck avec les élèves de l’école du Théâtre des Amandiers, « Etoiles » de Pierre Laville pour le théâtre de la Madeleine, « Orchampt » de Harold David à Avignon, « La voix Humaine » de Cocteau au festival « Eclats ».
Raoul Pahin vit et travaille à Paris.
Raoul Pahin, «Mue», 2012 © Raoul Pahin
Philippe Paumier, à partir de matériaux de récupération explore l’univers du métal. Son travail s’inscrit au croisement du temps, de la lumière et du mouvement. Les mots quittent sa pensée pour s’imprimer froidement sur le métal conducteur. Les mémoires se confondent pour révéler un autre instant. Parallèlement, l’artiste réalise un travail à l’encre, inspiré des mouvements et de la gestuelle : « Plums »
« L’intime relation est muette…Au premier toucher, c’est la première parole inédite. Notre peau s’érode, flétrit, se détend, le corps s’assèche et se fossilise. La rouille se superpose au fil du temps par couches, elle devient un matelas parfumé, protège le corps matière, marque les cicatrices. Elle rattrape l’épaisseur du temps, recrée une enveloppe protectrice autour de sa carcasse. » Philippe Paumier
2012, © Philippe Paumier
Dans un monde en perpétuelle mutation, Pascal Pilate s’inscrit parmi les artistes novateurs. Il ne cherche pas simplement à donner à voir, mais souhaite immerger le spectateur dans son œuvre. Ainsi, l’artiste transgresse l’espace prédéfini du tableau. Pascal Pilate joint habilement son savoir-faire pictural et corporel pour proposer, de l’écriture au spectacle vivant, de véritables performances. La pluralité des médiums utilisés rend compte d’une singularité de l’artiste, qui unit ses études chromatiques à sa science de la matière et de la lumière, qui révèle le corps suggéré.
«Sans titre» 2011, caisson lumineux ©Pascal Pilate
Clara Scherrer est née en 1972, elle vit et travaille dans le sud de la France. Elle a étudié le chant et le théâtre. Depuis une dizaine d’année, elle poursuit un travail de plasticienne, sans avoir choisi de discipline particulière puisqu’elle explore différents matériaux et médias tels que la photographie, la peinture, la vidéo, les installations, la performance. Le questionnement sur la déchirure, la reconstruction, la transmission est chez elle un thème fort et récurrent, sans pour autant participer d’une démarche volontaire et consciente.
«L'effraction», film, 2012 © Clara Scherrer
Après ses études aux Beaux-Arts, Laurence Thomas commence un travil sur l’autoportrait comme unequête d’identité. Ses photographies sont floues, les visages et les corps apparaissent, les corps se meuvent au gré des mouvements et de la lumière. Gommer les apparences et chercher l’émotion, comme une invitation à imaginer… Avant tout humaine sa recherche photographiques raconte une histoire s’intimité. Elle se risque à esquisser l’enfance et le sentiment amoureux dans sa force et sa fragilité.
Série «Corps», 2012 © Laurence Thomas
«Par les résultats obtenus dans mes installations, j’envisage la représentation d’un corps textile en train d’évoluer, d’un vêtement en expansion.
Ma manière d’appréhender l’espace ne vise pas seulement l’immersion du spectateur, je souhaite également qu’il se rend compte de ce que les fils lui montrent. Il ne s’agit simplement de ficelles qui flottent dans le vide, ce sont des dessins installés qui se succèdent, et se mélangent. On est face à un tableau de curvilignes et des torsions s’opèrent entre mes éléments graphiques. Une façon de rendre possible l’expansion des matériaux banales. Un simple fil qui impose des limites et qui installe une abstraction en perspective, un dynamisme des formes et un aplatissement des volumes.
Tout élément du quotidien est capable de produire des dessins, à partir du moment où il soit visible pour nos sens.» Todor
«La Ralentie accueille donc 21 artistes pour mettre en scène de façon absolument singulière ces corps « célébrés ». Corps troublé, prisonnier des images, corps sexuel, corps tenté par le monstre, quels qu’ils soient ces corps sont les nôtres, ils nous parlent, nous touchent, nous émeuvent, car ils sont vivants d’une vie violente, mystérieuse. Aussi d’une vie banale à pleurer. D’une vie menacée. D’une vie risquée. Mais ils vivent, ils sont habités par une subjectivité, animés par la vie du désir, la vie douloureuse, angoissée, violente qui les traverse, les tord, les casse, les sublime, les fait danser. Nudité troublante de Gilles Picarel, extrême sensibilité d’Isa Marcelli, corps sculptural et blessé de Raoul Pahin, étrange et inspiré de Robin Goldring, décidément OUI, l’émotion guide et inspire ces 21 artistes.»
Isabelle Floc’h/ Galériste de La Ralentie