"Live at the high place 2"?2008.04.03.Beijing © Li Wei
Li Wei fait partie de ces artistes dont on se souvient. Ses photos ne passent pas inaperçues, et leur originalité surprend autant qu'elles touchent. Son nom lui-même semble avoir été fait pour son art, il reste en mémoire et s'allie avec douceur à ses images souvent fortes en émotion.
Né en 1970 en Chine dans la province de Hu Bei, il se rend à 23 ans à Pékin pour découvrir la vie, la vraie, comme de nombreux autres chinois. Il y enseigne la photographie et la vidéo, puis se met à la performance artistique, qui lui permet de faire partager sa passion au public et d'expliquer ce qu'il essaie d'exprimer à travers ses clichés : « J'ai étudié la peinture à l'huile quand j'étais à l'école. Puis je suis venu à Pekin en 1993 et je suis devenu un artiste performeur (la performance est un art éphémère dont le corps, le temps et l'espace sont les matériaux de base. L'artiste est mis en scène dans ses performances, et les traces qui en résultent sont vidéos, cinématographiques et photographiques NDRL), influencé par des villages d'artistes de l'est, comme Zhang Huan. J'ai fait des performances artistiques au départ, et je me suis tourné ensuite vers la photographie ».
“Liwei falls to Hong Kong”,2006.03.14, Hong Kong
Il montre ses premières performances en 2000 à « l'open art Platform », festival d'art de Pekin. Puis il multiplie les expositions à Pékin, et le monde va lui ouvrir ses bras : biennale de Prague en 2003, expositions en Italie, au Japon, en France, en Australie … La carrière de Li Wei est alors lancée, et il est désormais l'un des artistes contemporains les plus connus de Chine, sa renommée est internationale.
Li Wei se met en scène dans toutes ses images, dans des conditions toujours plus caucases les unes que les autres. Des câbles, des grues parfois, l'aident à se mouvoir dans les airs ou sur la terre, mais il prend continuellement des risques et a une forme physique particulière pour réaliser ses clichés. Il utilise une fois la série terminée, Photoshop, qui lui permet de gommer ces câbles et ces grues, mais l'intensité de la photo reste la même : « J'ai une équipe technique, qui s'occupe de louer la grue et de toute la partie technique. Je porte des costumes sur lesquels on peut fixer les câbles et les fils. Puis je me mets en scène et la photographie est prise. Après une vraie séance de shooting (souvent plus de deux heures), j'utilise photoshop pour gommer les fils et les câbles qui sont accrochés dans mon dos. »
Il commence ses images avec une série en 2002, où, contrairement aux images actuellement exposées à la Villette, ce n'est pas dans les airs qu'il se met en scène, mais au sol.
“Liwei falls to the Earth",2002.08.20, Beijing © Li Wei
“Liwei falls to the Ice hole”,2004,01.31, Beijing © Li Wei
Très vite, Li Wei tient à exprimer la liberté du corps et de l'esprit qu'il revendique, dans un pays où la liberté n'est qu'apparence. Il traduit l'image qu'il a de son pays dans ses clichés, grâce à l'humour parfois, ou à l'illusion. La modernisation très rapide qu'a vécu Pékin le dérange, l'interroge, et il est sceptique quant à l'évolution de la Chine.
« Mon langage artistique est universel et traite de sujets comme la politique et la société en utilisant des symboles qui peuvent être compris par n'importe qui dans le monde ».
Les séries qu'il va réaliser par la suite plongeront le public dans les airs, lui permettant de réinventer une façon de mouvoir le corps dans une sphère particulière. Les mises en scènes sont inattendues et et nous questionnent sur notre propre condition. Il aime traiter « La rupture par la gravité et faire de l'impossible du possible. Ces images reflètent l'instabilité et la condition dangereuse de nos vies humaines ».
"Boxing",2009.03.31, 北京Beijing © Li Wei
“XuanXuan 13”, 2009,10,03, 北京 Beijing © Li Wei
Une chose est sûre, Li Wei ne manque pas d'inventivité, et il n'est pas prêt de s'arrêter là.
Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir ses clichés, vous avez jusqu'au 19 août pour vous plonger dans son univers, dans le parc de la Villette. Mais ne tardez pas !
Claire Mayer
Photos et vignette © Li Wei