Hold - 05, 2011 Yi Xiuying © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Song Chao fait partie de ces personnages hors du commun, humbles et humanistes, qui voient la photo comme l'art de représenter la vie sous toutes ses coutures.
Il y a plus de 10 ans maintenant, Song Chao était un jeune mineur de la petite région chinoise du Shandong. Il faisait des photos de mariage, ou d'identité pour les gens du village. Son oncle était le professeur d'art de la mine, et Song Chao a très vite été touché par la sensibilité artistique. Pourtant, son quotidien est celui de ces travailleurs, qui oeuvrent douze heures par jour dans des conditions difficiles. Il raconte que tout a changé le jour où un visiteur inattendu vient sur son lieu de travail : "Un jour, le photographe Hei Ming vient à la mine pour la visiter et faire un reportage. Par la suite je décide de me mettre à la photographie d'art, et vais voir Hei Ming à Pekin pour lui montrer mes clichés. Mais ils étaient flous ! Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, que d'ici un an je serai prêt. Alors j'ai acheté une petite chambre 4X5 et j'ai commencé, avec les moyens du bord, à prendre en photo les hommes et les femmes de la mine. Quelques temps après, je faisais ma première exposition à Pekin avec Hei Ming ! C'était comme dans un rêve".
Ses portraits, Song Chao les veut réalistes, et reflètent avec force l'univers minier dans lequel il a lui-même baigné pendant de nombreuses années. Ces travaileurs, ce sont des amis, des gens qu'il côtoie depuis longtemps et qui ont toute sa confiance : "Je réalisais les photos d'identité ou de mariage pour les habitants du village. Alors quand je leur ai proposé de faire leur portraits, cela s'est fait très naturellement. Je leur remettais par la suite un exemplaire de leur cliché, et ils étaient ravis". Aucun calcul, aucune mise en scène, aucun artifice. Song Chao, lorsqu'il avait un - court - moment de pause, improvisait un studio photo en posant un drap blanc avec l'aide de son frère, et prenait ses amis, ses collègues, naturellement. Cette spontaneité est très présente dans ses photos, qui dégagent une véritable sensibilité. Pour chaque portrait, il a un souvenir marquant de la séance photo: "Avec chacun d'entre eux, c'était un moment exceptionnel. Un véritable instant d'échanges, où l'on discutait. Chaque photo a une histoire à raconter".
Le fond blanc, qui a également été rendu célèbre par les portraits de Richard Avedon, représente pour Song Chao un espace de liberté, où chacun peut exprimer ce qu'il désire.
Migrant Workers - 04, 2011, Song Changling © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Miners II - 17, 2002, Shi Qinian © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Migrant Workers - 07, 2011, Cao Xiuyi © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Désormais, Song Chao parcourt le monde avec ses clichés. Il est venu pour la première fois en France en 2003, lorsqu'il a été exposé aux Rencontres d'Arles en 2003 : "J'ai pris une claque ! C'était très impressionnant, et j'ai découvert beaucoup d'artistes". Depuis, ses expositions sont nombreuses en Chine mais aussi en France, où il expose actuellement ses portraits à la galerie Paris-Beijing jusqu'au 9 juin prochain.
Migrant Workers - 06, 2011, Guo Pingsheng © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Miners II - 20, 2002, Liu Chuanzhen © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing
Lorsqu'on lui demande quel est son photographe chinois de prédilection, Song Chao n'hésite pas une seconde : " Wang Qing Song, car il a sa propre façon de représenter la Chine". L'humaniste a parlé, et il n'a pas fini de nous éblouir.
Claire Mayer
Vignette et photos : © Courtesy Song Chao et Galerie Paris-Beijing