Ce livre présente le travail de cinq photographes mondialement reconnus. Ils nous parlent de l'Italie qu'ils connaissent et qu'ils ont découvert. Claude Nori nous fait découvrir l'Italie des années soixante. Les images de Bernard Plossu nous font participer à ses voyages sur les îles Eoliennes. Marco Delogu dresse le portrait des travailleurs immigrés. Dan Dubowitz recense les colonies de vacances de l'ère fasciste, aujourd'hui à l'abandon tandis que Gilles Verneret nous invite sur les traces de Pasolini, écrivain, scénariste et metteur en scène italien, assassiné dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975 sur la plage d'Ostie, à Rome. Gilles Verneret a photographié les lieux où Pasolini a vécu, travaillé où qui l'ont inspiré.
Edité dans le cadre de la biennale Lyon Septembre de la photographie, à l'occasion de la célébration du 150e anniversaire de l'unité italienne, Dopo la Dolce Vita nous dresse toutes les facettes de l'Italie post-fasciste. Ce livre est le second de la collection « Sans titre » initiée par le Bleu du ciel et les Editions deux-cent-cinq (lien des éditions: http://www.editions205.fr)
« A l'orée d'un travail plus complet sur la photographie italienne, Lyon septembre de la photographie a voulu montrer un aperçu, tel un souffle documentaire et poétique d'images, afin d'initier une réflexion sur les chemins de la photographie contemporaine et sur l'Italie éternelle du 150e anniversaire de son unité ».(Gilles Verneret)
La Dolce Vita, devenue aujourd'hui un simple concept commercial, exprimait à l’époque une joie de vivre retrouvée après les années de guerre et de fascisme. Une douceur de vie ici traduit par les photographies de Claude Nori et Bernard Plossu.
© Claude Nori
« Eté après été, Nori a photographié les bords de mer d’Italie, de la riviera ligure à la costiera amalfitaine, sans oublier l'immanquable côte adriatique. Les lungmare, les plages, les terrasses et les dancings en plein air, les établissements balnéaires avec les rangées de cabine, les parasols et les chaises longues sur les plages passées au râteau par les maîtres nageurs au petit matin, les pédalos, les bikinis espiègles ou le maillots noirs une pièce, les glaces à l’italienne....
Rien ne semble manquer à cet inventaire de clichés estivaux. Des photos de Nori se libèrent même l'odeur de l'ambra solaire, indice olfactif des étés au bord de la méditerranée, et la musique des tubes, diffusés en boucle de bar en bar par les juke-box, aussi importante que le beau temps pour la réussite des vacances et pour en raviver l'illusion bien après l'été». (Laura Serani)
Dans un autre registre, Bernard Plossu présente des images plus épurées : la présence humaine y est quasi inexistante, à tel point qu'on ressent la solitude et l'isolement des îles. « Le temps des touristes et des baignades est loin, les rares habitants restés s'affairent autour des bateaux de pêche ou des cargos en provenance du continent. (…) Ces images, sensibles, silencieuses, parfois graves, souvent d'une profonde sérénité, s'étendent d'un temps dilaté et libèrent un sentiment d'attente qui laisse planer des récits imaginaires. Avec une alternance de visions solaires, où l'on ressent la tiédeur de la fin de l'été et de nocturnes à la mélancolie et l'inquiétude diffuses, Plossu nous introduit dans l'univers hypnotique des îles, objet et lieu de fascination et de craintes, où tous les éléments et les forces se concentrent et peuvent se déchaîner ». (Laura Serani)
© Bernard Plossu
Dopo la Dolce Vita permet aux lecteurs de s'évader mais aussi d'apprendre et comprendre, c'est le cas avec le travail de Dan Dubowitz, et Marco Delogu. Le régime fasciste est ici montrer sous l'angle des colonies de vacances. On y apprend que le premier camp pour enfants a été établi à la fin du XIXe siècle et qu'il avait pour objectif de soigner les jeunes grâce à des cures de soleil, de bon air, d'une bonne alimentation et d'exercices physiques. Dans les années 1920, ce programme des colonies a été récupéré par le nouvel état fasciste qui l'a ensuite développé. Ces colonies pensées à la base comme des camps de vacances se sont transformés en camp militaire pour enfant, un atout majeur pour le régime fasciste qui pouvait ainsi former les nouvelles troupes et une nouvelle élite. Dan Dubowitz est retourné sur les traces de ces colonies, maintenant à l'abandon et « il semble évident que le vocabulaire de l'aménagement moderne manipule parfois la société en étant volontairement opaque. L'architecture de la modernité, prétendument débarrassée de référence historiques, est trop facilement le véhicule du totalitarisme. Les bâtiments qui en ont résulté ont glorifié la guerre et la violence ».( Arne Winkelmann)
© Dan Dubowitz
Autre regard c'est celui de Marco Delogu qui à été marqué par ces voyages dans l'Argo Pontino et ces rencontres avec des paysans originaires du nord-est italien qui ont parcouru l'Italie en train jusqu’au sud de Rome pour être ensuite transportés sur des terrains sujets au drainage.
Huit portraits noir et blanc et de toute beauté sont ici présentés. Ils dégagent une force inexplicable mais authentique. L'histoire de ces travailleurs immigrés est gravée sur leur visage à la fois dure et doux, on est littéralement transporté par leur regard.
© Marco Delogu
Et enfin, plus de trente ans après la mort de Pier Paolo Pasolini, le photographe Gilles Verneret retourne sur les traces de cet homme qui a marqué l'Italie. « Figure unique et irremplaçable, non seulement sur la scène du cinéma ou de la littérature mais aussi de la pensée, pour la puissance de sa réflexion et ce pouvoir dérangeant de provoquer des débats sur des questions taboues d'un point de vue politique, social ou éthique ». Gilles Verneret à voulu revisiter les lieux de Pasolini pour rompre contre l'oubli et lui rendre hommage.
© Gilles Verneret
A travers le travail de cinq photographes talentueux, les différentes caractéristiques de l'Italie sont ici présentées. On est à la fois transporté en plein mois d'août sur les plages de la côte adriatique, on s'imagine roulant sur une vespa l'air chaud et le soleil fouettant notre peau. On se voit en hiver sur les îles Eoliennes, seul et en harmonie avec la nature. On découvre le destin tragique de Pasolini, les portraits de travailleurs immigrés et le destin de ces colonies de vacances réquisitionnées par le régime fasciste. Dans un format très agréable et avec une couverture originale, ce beau livre est un agréable voyage à travers le pays de « la dolce vita ».
Alexandra Lambrechts, le 23 décembre 2011
Un aperçu vidéo du livre est disponible, cliquez sur le lien: http://www.editions205.fr/index.php?/catalogue/-dopo-la-dolce-vita/
Format 22 x 16 cm / 72 pages Dos carré collé / “Fausse” couverture Tirage 750 ex. / Imprimé en France...
Livre disponible dans les librairies partenaires (rubrique "point de vente") et peut être aussi commandé sur le site.
Prix : 17,50 €