J’ai tenté, par cette série d’images, de montrer les prostituées travesties et transsexuelles sur leur lieu de travail, en l’occurrence ici le bois de Boulogne de Paris, sans artifices, en toute sincérité en les photographiant de nuit sans flash. Je me suis intéressé au bois lui-même et ses aspects sexués ambigus, aux prostituées et leur recherche d’identité mais également aux rapports qu’ils entretiennent entre eux. Ce grand bois, lieux de prostitution principalement masculine et transsexuelle, est très connu de la mythologie parisienne du sexe illicite et tarifé; sa réputation mondiale lui assure une attractivité touristique internationale. Il apparaît comme un monde spectaculaire, sexuel et consommable, fascinant parce qu’aux limites de la légalité et sécurisant du fait de la représentation de tous les milieux sociaux. La prostitution visible, en France, étant considérée comme un désordre urbain condamnable (les rapports sexuels ne peuvent faire l’objet de commerce et de services tarifés) c’est dans la masse végétale du bois de Boulogne, ses chemins sauvages et ombragés qu’elle a trouvé refuge, loin du visible, du conscient et de l’éclairé, déportant ainsi hors de la ville le désir brut des hommes. Les prostituées transsexuelles et transgenres, homme comme femme, y poursuivent leur quête d’identité avec courage refusant la conformité et préférant se transformer. J’ai voulu capter, par mes images, cette co-présence de l’identité homme et de l’identité femme chez ces personnes ni femmes et plus hommes, quelque chose de vaguement secret