DÉSORDRE
C’est un regard posé sur l’individu dans l’espace urbain.
Un questionnement sur l’état des corps dans la ville.
J’ai longtemps photographié les paysages urbains (« Paysages Contemporains »), les espaces transitoires (« Portraits d’Autoroutes »), les abords des villes à l’identité incertaine, j’ai cherché la trace de l’humain dans des endroits délaissés par l’homme, la beauté des endroits déconsidérés.
Pour cette nouvelle série, j’ai choisi de mettre en scène des individus dans ces espaces quotidiens. Des hommes à terre, des hommes qui glissent sur la matière urbaine.
J’ai travaillé sur l’instant immobile de cette chute. Sur les forces et sur les résistances. Un corps à corps entre l’homme et la matière urbaine Dans ces images, les paysages urbains, imposants de modernité, envahissent l’espace de la photographie. Vidés des gens qui les peuplent tous les jours, ils se transforment en un décor graphique dont la régularité est perturbée par un élément humain. Comme une tache sur cette surface lisse et organisée.
Un homme vêtu d’un costume est couché à même le bitume, un autre plaqué sur les marches d’un escalator.
La forme humaine paraît échouée sur le sol, le corps a perdu toute résistance. Sa souplesse contraste violemment avec la rigueur géométrique des édifices alentour. On pense à ces sacs plastiques accrochés aux branches des arbres, sur les bords des routes. Corps étranger à son environnement, corps qui flotte dans la ville, corps naufragé.
Comme les arbres ou les morceaux d’espaces verts sont contenus par l’architecture de la ville, l’homme est encadré par la matière urbaine.
Les personnages sont anonymes, corps fragiles d’une grande banalité. Cependant par leur solitude et la singularité de leur pose, ils s’extraient de l’ordre habituel des choses (désordre).
Le corps banal se transfigure en un corps tragique.
L’individu devient puissant. Il altère la régularité de l’environnement. Il perturbe la perception de l’image.
Une inquiétude naît de ce trouble. Les personnages expriment une grâce, une douleur qui évoquent la résistance de l’individu dans la matière urbaine.
DÉSORDRE photographies de Corinne Mariaud Tirages format 50X70 et encadré 60 X 90 cm 06 07 74 74 47 corinne@corinnemariaud.com